AUXERRE TV - Mot-clé - pélageLa première Web Télé de l'Yonne2024-03-29T12:16:57+01:00urn:md5:e378ce404c0b8f51a27bd9bc32605d36DotclearSoisson et la hantise de la morturn:md5:1de3c6aa4b53b4af22e58d3c5c688c3c2010-12-18T21:42:00+01:002010-12-22T15:31:13+01:00Pierre-Jules GAYEARQUEBUSADEauxerreconférencehérosmortpouvoirpélagesaint-germainsoissonvideo<h2 style="font-weight: normal;">saint-Germain rôde à Auxerre et ailleurs, comme rôde la mort avec sa grande faux...</h2> <p>La mort est l'obsession de Jean-Pierre Soisson. Il y pense, comme tout être humain. Et même lorsqu'il n'y pense pas, elle rôde et est présente en pensées. Forcément. Intruse.</p>
<p>Face à la mort, il y a les épicuriens, les stoïciens, les fatalistes, les pragmatiques ...les angoissés, les malades du cerveau.</p>
<p>A la différence de saint-Germain, gouverneur d'une province romaine et évêque élu par le peuple*, Jean-Pierre Soisson, lui, n'a pas été touché par la grâce.</p>
<p>Les deux hommes - si tant est que l'on puisse comparer leur parcours à 16 siècles de distance - ont eu la même carrière de haut-fonctionnaire, ce que revendique le député de l'Yonne. A la différence près que saint-Germain fut choisi par saint-Amâtre, évêque d'Auxerre (il a laissé une place réservée à la guillotine) pour lui succéder en le faisant élire par le peuple presque contre son gré. Du coup il en faisait un élu de dieu et du peuple : qui dit mieux !</p>
<p>Valéry Giscard d'Estaing puis François Mitterrand choisirent JPS mais ne le firent pas élire (il l'était déjà dans sa circonscription d'amour partagé Auxerre-Puisaye).</p>
<p>La grâce sépare donc les deux hommes. Encore que. Une fois élu de dieu, saint-Germain s'y est collé. Pas de faux semblant. Car lorsqu’il obéit, il ne fait pas les choses à moitié : son épouse devient comme une soeur et il distribue sa fortune aux pauvres. Non pas le superflu comme nous faisons, aujourd'hui, mais l'essentiel. Qui peut en dire autant de nos jours ?</p>
<p>Jean-Pierre Soisson est croyant et a fait des miracles (pragmatiques) pour Auxerre. Alors pourquoi n'est-il pas touché par la grâce, ou ne semble-til pas touché par la grâce car sait-on jamais... ? Sans doute parce qu'il doute. Et parce que les miracles qu'il aurait voulu accomplir n'ont pas été à la mesure de ses espérances. Aveu ultime d'impuissance d'un politique au sens noble ? Que laisse Jean-Pierre Soisson, derrière lui, hors ses cheminements déconcertants pour d'aucuns ? Ses terrains de tennis friches de matérieux modernes dans nos belles campagnes ? Le lancement de la formation permanente en Bourgogne ? Ses livres sur des personnages historiques, des héros derrière lesquels il trouverait refuge et consolation ?</p>
<p>Il n'y a plus de héros, ni de grands hommes, dans l'imaginaire, aujourd'hui, au contraire. Ceux qui nous dirigent sont des hommes ordinaires comme les autres, avec leurs défauts et leurs faiblesses. Des politiques citoyens, des présidents citoyens... même si le chemin est encore long pour certains. Le pouvoir génère naturellement l'abus de pouvoir... Le mandatement, la représentation, par définition, sont déjà une forme d'aliénation... Que dire du pélaganisme ** ?</p>
<p>Jean-Pierre Soisson, petit homme par la taille qui n'en n'a jamais conçu de complexe, n'est sans doute pas l'homme qu'il aurait espéré être. Sa croix, aujourd'hui, comme pour beaucoup d'humains, est de savoir comment affronter la mort, au terme d'une vie bien remplie. Comment sortir de la scène avec dignité. Beaucoup n'ont pas eu le privilège de vieillir. Jeune sous-lieutenant en Algérie, le fougueux Jean-Pierre Soisson a failli rencontrer son destin, lui l'amateur de grand large. Elu avec des voix du Front national président de la Bourgogne, en1992 avec la gauche puis en 1998 avec la droite, il a pu mesurer la force des symboles et les limites de l'exercice, surtout lorsqu'il consiste à effacer une tache brune.</p>
<p>Quelque chose lui échappe, quelque chose a échappé à ce scorpion qui percute instantanément, au point d'avoir été contraint de devoir patienter trop longtemps, le temps que les mises à jour s'effectuent autour de lui, trop tard. Or rien n'a échappé à saint-Germain : ou plutôt si, il ne voulait pas devenir évêque d'Auxerre mais lorsqu'il a dû se rendre à l'évidence, il s'est mis dans le costume. A fond. Et la grâce lui est tombée dessus : il a naturellement accompli des miracles... Comme l'AJA, habitée par le grâce de l'abbé-Deschamps.</p>
<p>Alors, JP aurait-il quelques remords ? Sûrement, car telle est la condition humaine.</p>
<p>Il n'est pas un héros (même s'il aurait voulu être Kennedy, Batman, Harry Potter ou quelque astronaute) ... mais il ne faudrait pas qu'il sous-estime l'essentiel.</p>
<p>Il a répondu à cette question, en aparté, voilà dix ans : que resterait-il de ses mandats à Auxerre ( 1971-1998 ) ? Réponse : la restauration de l'abbaye saint-Germain. Oeuvre de longue haleine, pas toujours comprise, insignifiante pour certains mais essentielle. Son successeur Guy Férez, proche du personnage, et adepte consommé de l'art de la litote, a écrit que ce n'était pas rien.</p>
<p>Aujourd'hui, l'abbaye saint-Germain est restaurée (merci Le Goff) et elle est debout, abritant un musée, une crypte datée et les reliques du saint fameux. Un tas de pierres taillées certes avec une forme distinctive qui n'efface pas que c'est un vrai lieu.</p>
<p>Cela, la communauté le doit à JPS qui a contribué, de manière décisive, à maintenir et restaurer ce haut-lieu de la spiritualité en Europe ; et qui aujourd'hui, révèle l'hisotire de son "homme", saint-Germain, notre Germain, parfaitement inconnu de toutes et de tous. Or ce sont les hommes qui font l'histoire.</p>
<p>Jean-Pierre, vous pouvez mourir en paix. La boucle est bouclée. Mais il n'est pas certain que vous ayez gagné votre salut. Saint-Germain, lui, était touché par la grâce. Votre mérite est d'autant plus grand.</p>
<p><span style="font-size: 14px;"><strong> </strong></span></p>
<p><span style="font-size: 14px;"><strong> Pierre-Jules GAYE</strong></span></p>
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<p>* L’abbé Lebeuf, historien d’Auxerre, relate : <br />
« Saint Amâtre, Évêque d’Auxerre, fit couper un très beau et grand poirier au milieu de la ville d’Auxerre, sur lequel Germain avait l’habitude d’accrocher les nombreuses têtes des bêtes qu’il avait prises à la chasse afin de s’attirer l’admiration des citoyens. Germain l’ayant menacé de mort, Saint Amâtre se retira à Autun vers le préfet Agricole ». Heureusement les choses s’arrangent... <br />
Saint Germain exerçait sans doute une autorité ferme. La suite des événements montre qu’il a su être tout aussi rigoureux à son propre égard. Mais il ne devait manquer ni de bonté, ni de justice. Car à la mort de Saint Amâtre, « tout le clergé et la noblesse, le peuple de la ville et de la campagne se réunirent à le demander pour successeur de Saint Amâtre. On lui déclara une espèce de guerre avec tout le respect néanmoins qu’on devait à un homme de son rang ». Germain résiste comme il peut, c’est à dire de toutes ses forces. Mais il finit par se soumettre à une volonté aussi impérative qu’unanime.</p>
<p>** Le pélagianisme est le courant considéré comme hérétique par l'Église catholique, issu de la doctrine du moine Pélage (v. 350 - v. 420).<br />
Pélage minimisait le rôle de la grâce et exaltait la primauté et l'efficacité de l'effort personnel dans la pratique de la vertu.</p>http://www.auxerretv.com/content/index.php?post/2010/12/18/Soisson-et-la-mort#comment-formhttp://www.auxerretv.com/content/index.php?feed/atom/comments/960