Vendredi matin, session plénière du conseil départemental de l'Yonne avant celle vendredi prochain, décisive sur la fermeture ou non, du collège Bienvenu-Martin  (DR)

 

Le conseil départemental a voté une série de dossiers au pas de charge, vendredi matin, dans l'enceinte de l'assemblée départementale, dont le compte administratif 2015. Tout le monde, opposition comprise, affirme que le budget 2015 a été bien exécuté. Les élus de l'opposition se sont cependant abstenus car ils n'ont pas voté le budget.

Autre dossier, celui de l'association Yonne Arts vivants, office départemental de développement culturel, qui fut en très grosse difficulté avec un passif important mais qui a été repris en mains par Isabelle Froment-Meurice et Nicolas Soret, depuis plus d'un an déjà.

La reconstitution des fonds propres et l'apurement des fonds négatifs est la principale préoccupation dans un dossier qui comprend nombre d'aspects sombres mais qui peuvent trouver une issue. Le travail de défrichage de la juriste Poyaudine Isabelle Froment-Meurice fut salué par le président.

L'assemblée n'a pas dû se faire prier, dans ces conditions, pour allouer une somme vitale de 250 000 euros à l'association en mal de trésorerie, afin de permettre d'assurer les salaires des quelques 136 enseignants de l'association, mis à disposition des écoles de musique du département. André Villiers a invité les collectivités à s'emparer du sujet car elles sont directement concernées. Le président s'est par ailleurs engagé à maintenir l'effort du département à hauteur de 470 000 euros pour le réseau écoles. Nicolas Soret a posé le problème en termes de politique cutlurelle - laquelle ? - et sur la question de savoir comment rémunérer les professeurs au travers d'une structure mutualisée de droit public ?

 

Absences et omerta

 

Mais au-delà des dossiers, cette réunion des élus du département avait un parfum particulier. C'était la première réunion publique en séance plénière, après les incidents graves ayant opposé des élus de la majorité de droite, lors de la commission permanente du 20 mai dernier sous la Pyramide.

Insultes, menaces avaient fusé, laissant nombre de participants sidérés par tant de violences verbales. Et qui ont amené une des victimes à déposer une main courante se réservant le droit de déposer plainte au commissariat de police d'Auxerre.

Le chef de file LR Jean-Baptiste Lemoyne qui n'était pas présent lors des incidents, avait, dans une lettre rendue publique, demandé des excuses publiques pour ces comportements inadmissibles d'élus dans un temple de la République.

Or le sénateur J-B Lemoyne n'était pas présent, vendredi matin, pour faire aboutir sa demande, retenu au Sénat comme co-rapporteur de la loi sur le Travail examinée tout le mois par les sénateurs. Une des victimes, elle non plus, n'était pas présente, hospitalisée après une opération chirurgicale.

Personne n'a pris la suite sur le sujet. Ce fut l'omerta totale. En apparence.

Il n'empêche que si la séance fut plutôt bon enfant et sans aspérités en-dehors d'un Bonnefond bashing qui fait toujours recette et détend l'atmosphère, deux réalités pesaient en arrière-fond.

Les conséquences des insultes et menaces toujours présentes dans les esprits ainsi que l'échéance de la session programmée vendredi prochain, dont l'ordre du jour comportera le nouveau schéma départemental des collèges avec une question : les conseillers départementaux vont-ils oui ou non décider la fermeture du collège Bienvenu-Martin à Auxerre ? Dossier qui défraye la chronique depuis le mois de janvier.

 

Villiers écrit à Courtois

 

En fin de séance, André Villiers a lâché qu'il avait écrit à Xavier Courtois, conseiller départemental d'Avallon qu'il avait agressé et menacé en marge de cette fameuse séance à incidents du 20 mai. "On n'est pas obligé de le dire, on peut agir discrètement..", glissa le président à l'adresse de Valérie Leuger autre victime du 20 mai, qui, en fin de séance pallia l'oubli de Villiers d'évoquer l'hospitalisation de Courtois dans ses souhaits préliminaires de la séance du jour.

Et que penser, dans la foulée, de la saillie bienvenue et bienfaisante de Patrick Gendraud le premier vice-président du conseil départemental de l'Yonne, sortant de son rôle, pour rappeler à l'ordre deux élus qui s'adressaient directement l'un à l'autre ce qui est contraire au règlement intérieur. Toujours passer par le président qui distribue, et lui seul, la parole. La triangulation qui permet d'éviter les dérapages et adresses insultantes.

Exactement ce que André Villiers n'a pas fait le 20 mai où il aurait dû rappeler à l'ordre une de ses  vice-présidentes plutôt que lui emboîter le pas, juge et partie, et descendre dans l'arène plutôt que dominer les débats.

Le grand sourire arboré par le maire de Chablis Patrick Gendraud, laisse accroire que, en coulisses, des mots sinon d'excuses du moins d'humanité, ont été prononcés. À voir.

Entre lâcheté, omerta et repentance, ainsi va le conseil départemental qui plus que jamais, dans un contexte général difficile auquel vient s'ajouter le choc du Brexit, a besoin d'un exécutif qui rassemble, truelle, unifie et respecte, plutôt que diviser pour de vaines et piètres raisons politicardes dont plus personne ne veut. À preuve les Anglais, le ras le bol d'une Europe de financiers et technocrates formés en castes qui ne pensent qu'à leur pomme. À bon entendeur ...

 

Pierre-Jules GAYE