Paradoxalement, il ne faudrait surtout pas s'emballer.  Ce serait la pire des choses. L'AJA vient de loin et revient de loin. Sur le fond et sur la forme. Le fond, c'est son passé, son palmarès exceptionnel et les hommes qui l'ont contrruite. La forme c'est qu'après deux saisons calamiteuses l'AJA a frôlé la relégation en National, sauvant sa tête, en mai, lors de la dernière journée.

Un miracle non pas républicain mais bien concret au terme d'une saison de dingue.

L'arrivée surprise d'un entraîneur adjoint de l'équipe nationale de Roumanie qualifiée pour l'Euro, Moldovan, qui n'aura jamais amené des joueurs comme beaucoup le pensaient.

N'évoquons pas le psychodrame de l'épisode Papin décapité par Guy Roux qui a cru, et bien cru, devoir monter au créneau dans l'intérêt de l'AJA, Papin qu'il connait bien, son prédécesseur à Lens avec Francis Gillot.

C'est sur ce dossier qu'apparut au grand jour le divorce consommé entre le président de l'AJA Guy Cotret et l'actionnaire chinois James Zhou le boss d'Org Packaging qui emablle les canettes sur toute la surface du globe. James a géré d'un bout à l'autre l'affaire sans en informer Cotret qui en a souffert.

Cela n'a pas contribué à améliorer l'ambiance au club plongé dans l'incertitude du lendemain.

Enfin, dans ce contexte, la fin de saison s'avéra critique sur le plan sportif, l'AJA sauvant sa tête le dernier jour, managée par un homme seul à la barre, vent debout.

Cédric Daury a été l'homme clé et pont d'un sauvetage improbable. Grâce à une communication de fond, de celles qui font grandir les hommes. Cela s'est joué à pas grand chose certes, mais cela n'enlève rien à cette démarche en vérité fondatrice. L'intelligence de l'actionnaire principal et du nouveau président Francis Graille aura été de comprendre cela et de bâtir en posant la première pierre sur l'existant.

Certes avec des moyens, aucunement comparables à ceux de la saison dernière, c'est plus facile, beaucoup plus facile. Mais l'argent ne suffit pas à bâtir un club et une équipe performants.

Une osmose en forme d'alchimie est objectivement en voie de recherche et de création nourrie par un état d'esprit se voulant familial qui doit beaucoup à Cédric Daury et à Francis Graille, ancien président de Lille et du PSG au début des années 2 000. Un homme discret, rond, tactile qui ne veut pas apparaître.

  

Rassembler ce qui est épars

 

Intégrer et non exclure, construire pierre après pierre, patiemment, sans précipitation ni folie mais mesure, au contraire, et discernement, humilité. Voilà le plan de jeu de l'intersaison qui n'est pas terminée.

Petit à petit, une équipe se construit, se forme et s'assemble, tant bien que mal, sous la conduite de Francis Gillot, entraîneur d'expérience bonnes et mauvaises, qui a du recul et sait comment voir venir.

Le retour pour trois ans de contrat de deux prêts désespérés en janvier, conforte l'idée d'un réunion de forces éparses et de recentrage sur un savoir-faire Ajaïste séculaire.

Voici que par surcroît, partant de rien ou quasiment rien, l'AJA tire son épingle du jeu dans les matches de préparation où elle demeure invaincue en dépit d'une défense friable. Pire l'AJA est réaliste comme contre Metz équipe de Ligue 1 à qui elle a enfilé 4 buts et rien à redire la-dessus.

Alors on s'enflamme. Les commentaires demesurés d'idéalistes et de fervents supporters mis à la diète trop longtemps, prennent le pas sur la raison.

Voici l'AJA qui jouerait la montée en L1 dès cette année, alors que ni le président ni l'entraîneur n'ont jamais eu ces mots à la bouche. Au contraire.

Anciens dans la maison football, ils connaissent la musique et mesurent mieux que quiconque le chemin à parcourir. On ne bâtit pas une équipe en un an ni deux ni trois.  Mais quatre plus sûrement en amenant les deux ou trois joueurs complémentaires dans un ensemble huilé et complice. Et en espérant avoir ce brin de chance qui a fui Brest la saison dernière, menant ce championnat difficile de bout en bout pour s'écrouler sur deux matchs finaux décisifs. Mais qui a souri à Amiens de manière incroyable : un but venu d'ailleurs du capitaine, l'ex Ajaïste formé à Auxerre Thomas Monconduit, à Brest et le but de la victoire le dernier jour à Reims dans les arrêts de jeu. Yes this is football.

Il faut donc raison garder et se montrer patient, tout en profitant bien de la montée en puissance régulière de l'AJA, on veut dire du club qui commence à se régénérer de l'intérieur et où souffle à nouveau un esprit. Au-delà des résultats en tant que tels, c'est cela qui est le plus important et permettra, un jour, la performance.

Alors, ce vendredi soir, contre Troyes promu en Ligue 1, le public va découvrir pour la première fois, cette saison, la nouvelle phalange bleu et blanche et son nouveau staff dirigé par Francis Gillot, 57 ans, qui a notamment fait ses preuves à Lens, Sochaux et Bordeaux, et de quelle manière.

C'est un match de préparation où les coachs vont faire tourner. Il y en aura un autre, mardi, face au Paris FC au stade Abbé-Deschamps, avant le coup d'envoi de la saison de Ligue 2, lundi soir 31 juillet, à Auxerre contre Lens. Ce soir là, cela commencera à compter.

 

 

Pierre-Jules GAYE

 

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Le groupe Troyen

Voici la composition du groupe de l'Estac que Jean-Louis Garcia déplacera à Auxerre

Mamadou Samassa, Erwin Zélazny,

Jérémy Cordoval, Mathieu Deplagne, Jimmy Giraudon, Christophe Hérelle, Johann Obiang, Oswaldo Vizcarrondo,

Karim Azamoum, François Bellugou, Chaouki Ben Saada, Aloïs Confais, Stéphane Darbion, Tristan Dingomé, Benjamin Nivet, Bryan Pelé,

Raphaël Cacérès, Samuel Grandsir, Adama Niane, Jonathan Tinhan.

 

 

 

En plus des entraînements quotidiens au deuxième stage à Dinard sur la côte d'Émeraude en Bretagne, le groupe a participé à différentes activités, karting, tennis de table et déjeuner avec le président Graille et le directeur sportif Cédric Daury. Favorable à la cohésion après une série de matchs de préparation sans défaite malgré un jeu défensif friable, qui sont anecdotiques, mais générateurs de confiance  (Crédit photo AJA)

 

Après ce dernier stage de pré-saison, les hommes de Francis Gillot affronteront encore l'ESTAC, vendredi 21 juillet à 20 heures, et le Paris FC, mardi 25 juillet.

L'AJA débutera son championnat le lundi 31 juillet à 20h45 avec la réception du RC Lens au Stade Abbé Deschamps.

 

Arrivées : Adeoti (Caen, fin de contrat), Abd. Ba (Lens, fin de contrat), Barreto (Orléans, transfert définitif), Youssouf (Orléans, transfert définitif), P. Sané (Caen, prêt), Sakhi (Metz, prêt), Philippoteaux (Lorient, transfert définitif), Y. Sané (Bursaspor, prêt), B. Touré (Liège, transfert définitif), Yattara (Liège, transfert définitif).

Départs : Aguilar (Montpellier, fin de contrat), Mathis (fin de contrat), Sparagna (OM, retour de prêt), Kilic (fin de contrat), C. Mabiala (fin de contrat), Binguila (fin de contrat), B. Traoré (Le Havre, transfert définitif), R. Fournier (fin de contrat), Ad. Ba (Gaziantep, fin de contrat), Lenogue (Pau, prêt), Courtet (Lorient, transfert définitif).

 

Francis Gillot en bref

 

L'ancien défenseur de Lens, club dans lequel il a passé la majeure partie de sa carrière (1982-1988, 1989-1993), a une carrière d'entraîneur honorable. Débutant en janvier 2005 au RC Lens justement, il permet au club artésien de finir 7eme, puis 4eme en 2006 et 5eme en 2007. Il démissionne toutefois ensuite et prend en charge l'équipe de Sochaux pendant plus de trois saisons (2008-2011). Sauvant le club de la relégation, il l'amène à se classer 5eme en 2011. Puis cède aux sirènes des Girondins de Bordeaux, club avec lequel il remporte la Coupe de France en 2013, son seul trophée remporté en tant que coach. Parti de Gironde en 2014, il tente l'aventure en Chine au Shanghai Shenhua durant un an et finit par partir en raison de soucis de santé.

Il retrouve donc la France et l'AJA pour un nouveau challenge.