Si la vie d’un homme pouvait se résumer à sa plaque nécrologique, celle de la sépulture de Jean-Roch Coignet, au cimetière Saint-Amâtre, boulevard du 24-Août à Auxerre, dans la section E, contre l'allée montante nous dit :
CI-GÎT Jean-Roch Coignet, Capitaine en retraite.
Né le 16 Août 1776 à Druyes (Yonne), décédé à Auxerre le 10 Décembre 1865.
Soldat de la République et de l'Empire du 6 fructidor an 7 (23 Août 1799) au 16 Juin 1815.
Il assista sous les ordres de NAPOLÉON LE GRAND, tant en ITALIE qu'en AUTRICHE, PRUSSE, ESPAGNE, RUSSIE, FRANCE et BELGIQUE à 34 batailles, dont les principales sont MONTEBELLO, MARENGO, ULM, AUSTERLITZ, IENA, EYLAU, FRIEDLAND, SOMO-SIERRA, ECKMÜHL, ESLING, WAGRAM, SMOLENSK, MOSCOWA, LÜTZEN, DRESDE, BRIENNE, MONTMIRAIL, MONTEREAU, CRAONNE, CHARLEROI, LIGNY (WATERLOO), à 15 combats WITEPSK, KRASNOË, CHAMP-AUBERT, etc.
Il fut décoré le premier Chevalier de la Légion d'Honneur le 25 prairial an 12 (14 Juin 1804), nommé Officier le 3 Juillet 1812, Capitaine de l'État-Major général le 14 Septembre 1813.
Il rentra dans ses foyers le 1er Novembre 1815, après 16 années de service et 16 Campagnes. Et fut élevé au rang d'Officier de la Légion d'Honneur le 28 Novembre 1831.

Il commença à écrire ses souvenirs après le décès de son épouse, survenu en août 1848. Ceux-ci furent publiés à Auxerre entre 1851 et 1853 sous le titre Aux vieux de la vieille. Le premier tirage de 500 exemplaires fut directement vendu par Coignet à ses clients.

L'ouvrage, édité par Perriquet, portait en sous titre : "Par Jean-Roch Coignet, soldat de la 96e demi brigade, soldat et sous-officier au 1er régiment des grenadiers à pied de la Garde, vaguemestre du Petit et du Grand Quartier impérial, capitaine d'état-major en retraite, premier chevalier de la Légion d'honneur, officier du même ordre". En 1883, à l’initiative de Loredan Larchey, de larges extraits de Aux vieux de la vieille furent publiés sous le titre Les cahiers du capitaine Coignet. dont la rédaction fut remaniée car le Capitaine avait un français approximatif, n’ayant appris à lire et à écrire que sur le tard. Dans cette époque friande d’épopées diverses, le succès fut immédiat rejoignant celui d’Eugène Sue avec son roman : «  Les Mystères de Paris » publié dans Le Journal des Débats entre le 19 juin 1842 et le 15 octobre 1843. Une édition complète ne fut publiée qu'en 1968 chez Hachette par l'académicien Jean Mistler, qui l'assortit d'une importante préface.

Jean-Roch Coignet, dit le Capitaine Coignet commence ses carnets en disant : « Je suis né à Druyes –les-Belles-Fontaines, en 1776, le 16 août … » . Vous pouvez lire ces carnets (édition de Loredan Larchey) sur Gallica (BNF). Le talent de narrateur de Coignet est tel, que l'on reste captivé. Dans la vidéo ci-dessous, il  vous pourrez l’entendre se présenter lui-même, ou plus exactement par celui qui l’incarna dans le feuilleton télévisé français en 7 épisodes de 55 minutes, créé par Albert Vidalie d'après « Les Cahiers du Capitaine Coignet » et réalisé par Claude-Jean Bonnardot et diffusé du 23 décembre 1969 au 3 janvier 1970 sur la première chaîne de l'ORTF. Le rôle du capitaine est tenu par Henri Lambert.
>>Lire les Carnets du Capitaine Coignet : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k107258g.swf.f3

Mais sachez avant cela que Jean-Roch Coignet né le 16 août 1776 à Druyes-les-Belles-Fontaines, était le fils "naturel et légitime" de Pierre Coignet, aubergiste au bourg, et de Marie-Anne Pelé. Il a pour parrain son grand-père Jean Coignet, manoeuvre, et pour marraine Cécile Gentilhomme femme d'Edme Coignet. Seul le père signe l'acte de naissance. Les ancêtres de Jean-Roch Coignet étaient originaires de Colméry, village voisin de Menou (58).

Dans sa Préface aux CAHIERS DU CAPITAINE COIGNET, (édition Hachette, 1968) Jean Mistler de l'Académie Française écrivit :
Le Capitaine Coignet s'est engagé à 23 ans dans l'Armée et a d'abord fait la Campagne d'Italie comme simple soldat. Il est entré dans la Garde de l'Empereur en 1803. Il est à Austerlitz, Iéna et Friedland, puis passe Caporal en 1807. Il est nommé Sergent en 1809 à son retour d'Espagne. Il fait ensuite campagne en Autriche et, en 1812, il devient Lieutenant. Il prend part avec ce grade à la campagne de Russie et à la retraite, puis il est nommé Capitaine en 1813 et passe à l'Etat-Major général.
Après la première abdication, il se retire à Auxerre et rejoint à Napoléon quand celui-ci passe dans sa ville, en 1815. Il se bat à Fleurus et à Waterloo.
Il est renvoyé dans ses foyers le 31 Octobre 1815 où il vivra la vie difficile des demi-solde, surveillé par la Police en raison de son passé militaire et sa fidélité au souvenir de Napoléon. Il achèvera sa vie à Auxerre. Il est mort sans descendance.

 

 

                                                                                    JEAN