"Ancien site industriel de traitement des ocres de puysaye. Vestiges du lavage et de la cuisson. Construit sur le site de moulins médiévaux. Aujourd'hui négoce de matériaux anciens et taille de pierre. Vente d'ocres et de pigments." Voilà la fiche signalétique sur l'ocrerie de Brichoux.

C'est l'occasion de redécouvrir l'ocrerie qui existe depuis le douzième siècle : un seul site mais qui a façonné l'histoire industrielle auxerroise. Au 12ème siècle, le site a abrité des moulins puis une cimenterie au 19ème avant de devenir une ocrerie. La fabrication d'ocre débuta au milieu du 19ème siècle et se poursuivit jusqu'au lendemain de la grande guerre de 14-18. On vendit encore de l'ocre jusqu'à la fin des années soixante.

Claude Michel, figure d'Auxerre, racheta le site pour y installer son entrerprise de matériaux anciens, gérée, aujourd'hui, depuis la disparition de son père, par son fils Jean-François, frère de Didier Michel entrepreneur en travaux publics et adjoint au maire d'Auxerre pour le commerce.

L'ancienne ocrerie de Sauilly à Diges en Puisaye

L' ocrerie de Sauilly est une des derniers vestiges de l' activité ocrière de l' Auxerrois. Cette entreprise familiale, créée dans le deuxième quart du 19e siècle, est restée en activité jusqu'en 1961. Usine construite entre 1825 et 1838 (four) , modernisée en 1840 (meule à bras) . Installation d'une machine à vapeur en 1858. Installation de l' électricité (transformateur) en 1926. C'est l' illustration d'un patrimoine industriel, rural et technologique spécifique à la Puisaye, le seul conservé dans son état d' origine avec une lecture encore possible des circuits de fabrication des différentes qualités de l' ocre, de la production et de la diffusion (magasins de stockage, usine de traitement, séchoirs, bassin de décantation, fours de séchage, quais d' embarquement, ...) .

A voir : pièce de séchage, cheminée d'usine, machine à vapeur, aire de lavage, atelier de conditionnement, entrepôt industriel, poste de chargement

Un passionné d'art

Jean-François Michel est un passionné d'art brut et moderne. Au cous des ces dix journées de portes ouvertes, il exposera ses étonnantes réalisations faites parfois d'assemblages incroyables. Trois de ses amis artistes présenteront leur travail : Pascal Auger et ses panneaux géants, Thierry Villery et ses peintures, Jean-Claude Delagneau et ses sculptures, peintures.

Organisées par l'association de l'ocrerie créée en 2003, ces portes ouvertes de printemps annoncent d'autres manifestations sur ce site d'exception, avec vue unique sur St Germain et  la cathédrale St Etienne. Le 8 mai, le théâtre d'Auxerre y organisera (19 heures) une soirée qui promet.

Le Sourire de la Truelle

de et par la compagnie NBA Spectacles


Ce spectacle a lieu à l'Ocrerie (Auxerre)

Ces petites vies, ces personnages maladroits, ces caractères tranchés qui se côtoient nous renvoient à nos propres faiblesses. Pour autant notre regard reste tendre devant ce spectacle empli d’humilité, jamais moqueur. Ils sont comédiens, danseurs, techniciens, citoyens et engagés dans un spectacle à part.

En savoir plus sur l'ocre

L'ocre bourguignonne jlhuss

(Photo d'archives datant de l'activité de l'ocrerie jusqu'à la fin des années soixante) DR

L'ocrerie aujourd'hui DR

L’Ocre bourguignonne, vie et mort d’une richesse naturelle


Le XVIIIe:
Au XVIIIe siècle, la récolte de l'ocre est artisanale: les paysans creusent des trous dans les champs et montent des tas d’ocre que passent acheter, une à deux fois par an, des marchands hollandais. L’ocre était alors traitée en Hollande et revendue en France sous l’appellation «ocre rouge de Hollande».
Vers 1763, Nicolas Croiset (1715-1781), venant de Brienne-le-Château, arrive à Pourrain, situé à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest d’Auxerre, en Puisaye. Il remarque que les couches d'ocre se divisent en plusieurs lits: au-dessus, l’ocre dite “commune”, d’un jaune pâle, puis l’ocre fine, dite "la belle”. Les ouvriers travaillent essentiellement avec quelques pioches et bêches. Croiset pense à former de petits pains carrés, plus faciles à transporter. Ses ouvriers pétrissent l’ocre, l’humectent avec de l’eau, l’amollissent et la jettent sur une table. Le séchage et le stockage des pains se font en plein air.

Jusqu’à la fin des années 1770, l’activité ocrière reste un simple ramassage. De faible valeur marchande, l’ocre voyage mal. L’emploi de l’ocre jaune reste limité. Croiset construit alors un fourneau pour sa transformation en ocre rouge. Il réussit ainsi à s’imposer sur le marché. Il met au point différents types de rouges grâce à des mélanges dosés. Croiset mettra au point la valorisation et la commercialisation de produits de qualité, au point d'ouvrir une boutique à Paris.

A partir de 1804, la production s’accélère: 1000 tonnes en 1832 et 8000 tonnes en 1846. Elle atteindra jusqu'à 18000 tonnes. On retrouve cette activité partout en Puisaye, à Pourrain, à Diges, Parly, Toucy... Avec moins d’un demi-hectare de terre ocrée, on peut bâtir de belles petites fortunes. Les besoins en capitaux sont faibles. L’équipement est simple et bon marché. Commence alors l’Âge d’or de l'ocre...

Le XIXe:
Le lavage permet d’obtenir l’ocre le plus fin, débarrassé de presque toutes ses impuretés: le broyage est donc centralisé à Auxerre et réalisé avec l’énergie hydraulique de l'Yonne dans la grande ocrerie Brichoux. Cette amélioration technique rend possible la production de masse et à bon marché. Les débouchés s’élargissent: papiers peints, siccatifs, toiles cirées, maquillages, cirages, cires à cacheter, papiers colorés des cigarettes Gitane, plastiques, peintures industrielles et artistiques...
Auxerre devient le lieu de la concentration de la transformation de l’ocre en Bourgogne.
à partir de 1875, le minerai devient de plus en plus rare et plus cher. Il faut passer à l’extraction souterraine par puits et galeries. Les coûts d’exploitation augmentent. Après 30 ans de quasi-monopole, l’ocre bourguignon ressent durement la concurrence des ocres du Vaucluse, exploités à ciel ouvert à Apt.

Le XXe:
Les goûts changent et l'on préfère alors les tons pastel et les folles couleurs à la mode des années du même nom. Plus grave, l’oxyde de fer chimique (ou ocre artificielle), désormais parfaitement au point grâce à Bayer et très bon marché, donne le coup de grâce à l'ocre. Les marchés des États-Unis et d’Allemagne s’effondrent définitivement.
En 1956, le dernier puits ferme; l’épopée de l’ocre bourguignonne est terminée. Elle aura duré deux siècles. L'ocrerie Brichoux ferme définitivement ses portes en 1966. Le site est encore visible, sur les bords de l'Yonne, comme une grande carcasse vide...