A trois jours de la liste pour affronter la Biélorussie la 3 septembre, plusieurs personnalités du football français lancent un véritable pavé dans la mare en contestant les sanctions prises à l’encontre des meneurs de la grève de Knysna, en Afrique du Sud. Sur le plateau des «Spécialistes», l’émission de Canal+, Philippe Piat, président de l’UNFP, le syndicat des footballeurs professionnels, a expliqué cette démarche. «Nous sommes dans l’absurdité la plus complète. On se prive de joueurs à l’orée d’une compétition internationale. Nous appelons à la lucidité de la fédération».
 
Des propos relayés par deux anciens sélectionneurs des Bleus, Aimé Jacquet et Michel Hidalgo, signataires de cet «appel». «C’est surtout un mouvement pour aider Laurent Blanc, qui a une qualification à obtenir, résume Hidalgo. Le verdict des sanctions est un numéro d’équilibriste, la révolte était collective. Laurent Blanc aura besoin de tous ses atouts contre la Biélorussie et la Bosnie (7 septembre)».

Les ex-sélectionneurs Aimé Jacquet et Michel Hidalgo ont demandé lundi à la FFF, par le biais d'une lettre ouverte, de «lever les sanctions» prises contre Anelka, Evra, Ribéry et Toulalan, suite à la grève des joueurs lors du Mondial sud-africain.

«D'autres évènements nous forcent à demander que les dites sanctions soient levées ou transformées en travaux d'intérêts collectifs, d'ici à jeudi, date à laquelle Laurent Blanc donnera la liste des joueurs appelés à disputer les deux premières rencontres des éliminatoires de l'Euro 2012, explique la lettre. La Commission de discipline de la FFF a entravé la marche en avant de la nouvelle équipe de France», peut-on encore lire dans ce courrier. Les sanctions «remettent sans raison de l'huile sur le feu alors qu'il convient, aujourd'hui, d'arrêter définitivement l'incendie et de rebâtir

 «Pas clair» pour Blanc

Cette lettre ouverte s'avère être un soutien de poids pour Laurent Blanc. Dimanche, le sélectionneur national avouait sur le plateau de Stade 2 qu'il ne «comprenait pas» les décisions de la Commission de discipline.

«A ma connaissanxce, (la grève) a été une décision collective, avait argumenté le Cévénol. Ces gens-là, il faudrait qu'ils m'expliquent quels sont leurs critères (pour sanctionner) . Ce n'est pas clair. Je serais surpris que les gens qui ont mené l'enquête soient plus au courant que moi. A moins qu'on m'apporte la preuve que ces cinq joueurs ont joué un rôle plus important que les dix-sept autres...

«Aller voir les gens du foot amateur, c'est une bonne idée»

D’autant que, pour Philippe Piat, les joueurs ne sont pas les seuls responsables du fiasco sud-africain. «Il y avait un manque d’autorité. Le sélectionneur a été déstabilisé avant le Mondial par la presse et l’annonce de son remplacement…». Et d'ajouter: «Est-ce qu’une fois qu’on aura suspendu les joueurs, on aura résolu tout le problème de l’Afrique du Sud?»

Reste que les sanctions sont tombées et qu’elles empêchent – pour l’instant – Anelka, Ribéry, Evra et Toulalan de prétendre à une place dans la liste de Laurent Blanc, déjà ponctionnée de plusieurs blessés (Nasri, Cissokho) et d'un suspendu (Gourcuff). Pour Guy Roux et Philippe Piat, la solution à court terme serait que les joueurs fassent appel. «Il faut trouver une solution qui soit acceptable pour la Fédération et qui accable aussi les joueurs, explique le président de l’UNFP. Parlons des travaux d’intérêt général (en théorie, les joueurs sanctionnés, dont c'est la première sanction au niveau fédérale, à l'exception d'Anelka, pourraient voir leur suspension commuée en travaux d'intérêt général, selon les réglements de la ligue, ndlr). Aller voir les gens du foot amateur, c’est une bonne idée.»

Et Guy Roux de conclure : «Imaginez le retentissement si, à cause de match ratés contre la Biélorussie et la Bosnie, la France ne se qualifie pas pour l’euro 2012.» (Avec 20' .fr et France Football)