Face à la mondialisation, l’Europe n’a pas su s’imposer. Il n’y a pas d’unité de l’Europe. Il y a, à l’heure actuelle, une montée des nationalismes dans tous les pays. Le phénomène le plus grave, me semble-t-il, touche à la capitale de l’Europe, Bruxelles.  A quel Etat, demain, va-t-elle appartenir ? On a une incertitude sur l’avenir de l’Europe, sur les décisions qu’elle est, ou non, capable de prendre face aux nations émergentes, comme la Chine, le Brésil ou autre seigneur de ce monde.

Car l’Europe devient de plus en plus faible. Je crois à l’enchainement des cycles. Au XVIe siècle, L’Europe s’est affirmée et a dominé le monde. Ce cycle s’achève. La domination du monde par l’Europe est terminée. Il faut l’accepter. Ce qui veut dire que la France, comme d’autres pays européens, vont vivre et vivent déjà au-dessus de leurs moyens. L’histoire risque d’être cruelle pour nous.

En continuant de refuser la mondialisation, la France fait une erreur dramatique. Le monde est ce qu’il est. Nous devons l’accepter. Et dans ce monde tel qu’il est, il faut savoir jouer notre rôle.

Mais je crois aussi que ce rôle-là, nous ne pouvons le jouer qu’avec d’autres. Ce qui est dramatique à l’heure actuelle, c’est la discorde entre la France et l’Allemagne. Le vieux continent, dans la mesure où il s’affaiblit, ne sait même pas s’unir : on peut être grignoté les uns après les autres. Et qu’est-ce qu'il en restera ? La culture, les bâtiments, le patrimoine : cela ne fait pas bouillir la marmite !

L’Allemagne a su prendre un certain nombre de décisions courageuses sur les retraites, sur la fiscalité, sur la baisse des revenus. Les Français, dans leur majorité encore rurale, sont contents comme ça et ne veulent rien changer. Il y a en France un refus du changement. Le Président Sarkozy avait annoncé la rupture. Il n’y a pas eu de rupture. Il y a eu continuation de la situation que nous connaissions auparavant. Est-ce que la France peut vivre longtemps au-dessus de ses moyens ? Ma réponse est clairement non. Est-ce que les Français sont d’accord pour réduire leur train de vie ? Non.

 Si cela ne change pas, nous connaîtrons une période noire. L’Histoire de ce pays est faite de dépressions et de résurrections. L’histoire de la France est faite aussi de profondes secousses, comme en 1968. La France a hélas besoin de ces secousses pour progresser. L’affaire des retraites à laquelle nous assistons est un déclic. Les jeunes et les retraites ? Je ne vois pas le lien - le lien direct et immédiat. On assiste en fait à un rejet de la politique conduite par le Président de la République et son gouvernement. La France ne sait pas évoluer tranquillement comme le fait l’Allemagne.

Jean-Pierre SOISSON

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