POLITIQUE
DSK : le jouet brisé
le mardi 24 mai 2011, 09:03 - POLITIQUE - Lien permanent
les Français ont-ils réellement besoin de gamins aux commandes ?
Je me prends à imaginer un court instant ce que nous aurions pu entendre et lire si Nicolas Sarkozy avait été ainsi retrouvé en situation de « présomption d’innocence », à l’image de DSK à New York. Certes Nicolas Sarkozy est Président de la République et à ce titre tout normalement soumis au feu nourri des oppositions, mais DSK aux dires de toutes les enquêtes était bien parti pour briguer la charge et nous était « vendu » comme gagnant à tous les coups par une gauche de plus en plus tétanisée autour de sa candidature prometteuse. De surcroît DSK, par sa fonction de Directeur Général du FMI, était pour certains beaucoup plus puissant à l’échelle du monde qu’un chef d’Etat européen. Ce qui d’ailleurs laisse rêveur sur les fonctionnements prétendus démocratiques des organisations mondiales : Marine Le Pen, toujours à la recherche du discrédit général, se prononce “pour la suppression du FMI” en commentant une éventuelle nomination de Madame Lagarde au poste prestigieux désormais vacant.
Quand on a gardé en mémoire les bordées d’injures, de sarcasmes, les appels à la révolte enregistrés lors de l’affaire Woerth-Bettencourt, il est facile d’imaginer le florilège que nous aurions pu enregistrer dans une situation inversée.
Dans les circonstances présentes la droite s’est montrée peu prolixe on peut même dire d’une discrétion « pudique » inespérée. Certes l’Elysée avait donné des consignes et elles furent respectées à la lettre si on met à part le dérapage du Pr Bernard Debré toujours aussi inexpliqué. On entend actuellement quelques considérations sur « l’image de la France », comme si DSK pouvait représenter cette « image », mais rien véritablement de fracassant, pas d’outrance.
En revanche le florilège côté gauche est absolument ahurissant dans le sens de la « présomption d’innocence » bien sûr, pourtant bien souvent refusée à d’autres, mais bien pire du genre « il n’y a pas mort d’homme » … J’en passe et des meilleures, de la plaidoirie de Badinter, aux remarques de l’ineffable BHL « on sait bien que tout le monde n’est pas pareil (…) que ce n’est pas un quidam » « J’en veux, en France, à tous ceux qui se sont jetés sur l’occasion pour régler leurs comptes ou faire avancer leurs petites affaires. J’en veux aux commentateurs, politologues et autres seconds couteaux d’une classe politique exaltée par sa divine surprise qui, sans décence, ont, tout de suite, dès la première seconde, bavé leur de Profundis en commençant de parler de « redistribution des cartes », de « nouvelle donne » au sein de ceci et de cela, j’arrête, car cela donne la nausée »; il a la “nausée” sélective BHL. Il ne faudrait pas oublier le fondateur de “Marianne”, Jean-François Khan, sa mémoire ancillaire et son « troussage de domestique ». Nous n’évoquerons même pas ici les colères de Manuel Valls et les multiples rodomontades sur les plateaux de télévision.
N’ayons pas la cruauté de vous remettre en face des déclarations émises par cette même gauche à l’encontre d’Eric Woerth pour des faits reprochés n’ayant rien à voir avec les délits de droit commun, le toujours présumé innocent n’eut pas droit aux mêmes égards. Ceux qui auront l’honnêteté de s’informer retrouveront facilement ces pages innombrables toutes plus accusatrices les unes que les autres. Soyons clair, il ne s’agit pas de villipender les contemptreurs d’Eric Woerth, mais de regretter qu’ils n’aient pas fait bénéficier DSK d’une telle rigueur de pensée.
Les errementse ne s’arrêtent pas là, toujours à gauche il y a ceux qui n’hésitent même plus à en appeler à des mémoires funestes déclarant en substance «rappelez-vous, c’est ainsi que débuta l’affaire Dreyfus ». Cet amalgame scandaleux entre Strauss-Kahn et le Capitaine Dreyfus est particulièrement nauséabond. L’innocence de DSK passerait par la judaïté ? Pour les adversaires, le raisonnement est exactement inverse. Vouloir par des réminiscences oiseuses associer le judaïsme de Strauss-Kahn à une innocence ou une culpabilité potentielle est parfaitement scandaleux et personne ne s’en préoccupe.
Nous noterons enfin que cette rapidité dans l’absolution du “présumé innocent” ne s’applique pas à la victime, aussitôt soupçonnée d’être l’instrument d’un complot, et endossant le statut de “présumée coupable” ! Cette volonté de “gommage” peut vite apparaître comme une forme de clémence pour un acte qui, bien que demeurant présumé, n’en reste pas moins d’une gravité extrême.
Il est tout à fait compréhensible que l’enfant pleure sur son jouet cassé, c’est l’image que nous donne la gauche et tout particulièrement le PS, des pleurs de rage. Certes DSK se présentait pour eux comme un beau joujou et le voilà réduit en miettes, convenons que c’est dur. Mais les Français ont-ils réellement besoin de gamins aux commandes. Que dire enfin d’une presse qui n’hésite pas à titrer : « DSK, une tragédie française »?
Commentaires
Selon l'adage connu : "La première victime de la guerre, est toujours la vérité". Ce constat peut s'étendre à tout affrontement, et singulièrement aux affrontements judiciaires, où la forme procédurale peut donner un caractère délictueux, sinon criminel, à ce qui au départ était anecdotique, voire une simple querelle de cours d'école primaire. Ce phénomène propre à la nature humaine et donc vieux comme l'humanité, se trouve à notre époque renforcé par sa médiatisation instantanée en tout point du globe. Dans l'instant chacun est sommé de prendre partie, sans rien connaitre des faits. L'affrontement n'est plus alors sur des faits, mais sur leur interprétation, ouvrant la porte à toutes les manipulations possibles de l'opinion. La propagation de ces interprétations, tient beaucoup plus à l'intérêt de leurs propagandistes, qu'à une réelle volonté de connaitre la vérité. Il y a assez d'exemple dans l'actualité, pour me permettre de n'en prendre aucun pour étayer cette situation, où collectivement abreuvé, sinon submergé d'informations, nous ne savons pas encore raison garder. Loin de moi l'idée qu'il faille mettre du secret et de la censure dans cette propagation, non tout doit être dit, sous réserve que l'information soit "qualifiée". Cette qualification de l'information, chaque individu la pratique déjà pour ses propres idées, devant distinguer celles basées sur ses observations, et celles issues de son imagination. Si l'on se plait à faire des rêves éveillés, nous savons normalement, qu'ils sont oeuvres de notre imagination. Il y a bien sur des cas déviants où certains ne savent plus distinguer le réel de l'imaginaire, mais cela peut se soigner. Ce que la psychologie, voire la psychiatrie sait faire avec l'esprit individuel, force est de constater que nous aurions un grand besoin de techniques similaires pour l'esprit collectif. L'opinion dans un groupe social, n'est pas que la somme des opinions individuelle, elle manifeste de surcroit l'état momentanée de ce qui s'apparente à l'inconscient collectif de ce groupe social. La part fantasmatique est prédominante, que ce groupe soit une association de quartier, où l'humanité toute entière. Loin de nier cet aspect, toute société devrait non le refouler, mais en parler objectivement, pour que progressivement les faits se précises en se dégageant de leurs interprétation. Progressivement pour bien montrer qu'il est inévitable que l'on brode au départ autour des faits et que l'on se plait à commenter les commentaires, se laissant entrainer au delà de la situation de départ. Ce progressivement est en fait relatif au processus qui nous permet de passer d'un inconscient collectif à un conscient collectif, chacun constitutif d'une "conscience collective". Notre humanité est comme un adolescent qui découvre le monde, où après en être submergé, il trouve enfin sa place. Espérons qu'elle saura repousser toutes les tentations suicidaires, fréquentes chez les adolescents.