Louis Armstrong est également un chanteur reconnu et au timbre de voix si particulier. Il inspire des artistes comme Claude Nougaro (voir la video interview), lequel lui dédie un titre éponyme soulignant son esprit d’un jazz authentique, sa philosophie optimiste et revenant également sur le racisme.

De La Nouvelle-Orléans à Chicago, des traditions d'un folklore à un art créatif, d'une élémentaire polyphonie à la notion de soliste, d'une notoriété provinciale à une célébrité planétaire: en sa vie et son œuvre se sont réalisées toutes les mutations et transformations sans lesquelles le jazz n'aurait pas dépassé les limites du quartier réservé de Storyville, et serait resté un rite et un divertissement locaux.

Les rues de La Nouvelle-Orléans, où il mendie au sein d'un quartette vocal, puis un foyer pour enfants abandonnés, où il commence à jouer du cornet, seront ses premières écoles de musique.

Il se perfectionne ensuite auprès du cornettiste et chef d'orchestre Joe «King» Oliver (1914), joue avec diverses gloires du cru, dont le tromboniste Kid Ory (1918), puis à bord de bateaux à aubes sur le Mississippi, notamment dans l'orchestre du pianiste Fate Marable (1918-1921).

Après avoir accompagné des chanteuses de blues (Ma Rainey, Bessie Smith, Trixie Smith…), avec qui il fait ses débuts phonographiques, il enregistre avec le pianiste Clarence Williams, fait partie du groupe de la pianiste Lil Hardin (qu'il épousera) et, ayant abandonné le cornet pour la trompette, forme son premier Hot Five (1925) et, deux ans plus tard, le Hot Seven.

C'est avec ces groupes qu'il signe une collection d'enregistrements éblouissants considérés depuis comme les premiers chefs-d'œuvre de l'histoire du jazz: Cornet Chop Suey (1926), Potato Head Blues (1927), West End Blues (1928)…

Dès lors, sa virtuosité, son pouvoir d'invention mélodique, sa verve, son sens du spectacle, la singularité de sa voix (puissante, rocailleuse, dirty, à l'opposé des critères de l'académisme européen et du bel canto) vont participer d'une irrésistible ascension. Grands orchestres, films (de court puis de long métrage), tournées et festivals, rencontres (avec Sidney Bechet, Ella Fitzgerald, Duke Ellington, Frank Sinatra, Dizzy Gillespie…): quel que soit le contexte, «Satchmo» ou «Pops», ainsi qu'on le surnommait, offrira, jusqu'à son dernier souffle, les effets de cette alchimie qui permet aux grands improvisateurs de jazz de transfigurer le matériau le plus banal, de donner vie à des rengaines qui en étaient dépourvues. ( Avec Oosito)