Drakkar à Stockholm

 

De l’eau, du ciel, des lacs… Des yeux bleus, des cheveux blonds… Un air vif qui mord les joues, pique la peau comme le soleil d’été, un été court aux nuits éclair, où l’on aime se plonger dans les lacs entourés de roseaux.

Un plouf souple comme le saut d’une truite, un déplacement de nénuphars, un rire enchanté… la morsure du soleil qui se relâche sous l’effet vivifiant et pur.


Des enfants nus jouissent d’une innocence bien protégée, leurs petites fesses poudrées de sable, une joie tranquille jaillissant en chansons et bavardages de leurs lèvres rondes.

L’eau, il y en a partout, elle luit et scintille où que l’on pose les yeux, elle gorge la terre de son chuchotis mouillé, rend l’herbe verte, les chanterelles savoureuses, la chair du mouton moelleuse comme du beurre frais,  les fraises douces au goût. Porte les bateaux, voiliers, canots, péniches, drakkars, et les voix émerveillées frôlent sa surface lisse ou échevelée.

 

Lac aux alentours de Stockholm

Les dentelles architecturales, les statues de bronze si belles qu’elles inspirent un cantique silencieux, les portes amoureusement ouvragées mais obstinément closes, les façades aux couleurs ocrées ou vin sombre, les clochetons dont les formes parlent déjà de Russie, les multiples églises, le ciel bleu où s’effilochent des moutons vagabonds.
Et l’hiver, le froid étreint tout, givrant les fenêtres d’une main opaque et anesthésiante.

L’île de Gotland avec sa capitale dans son enceinte de murs, Visby. Avec son huile de colza aux reflets laiteux. Ses roses s’entortillant autour de portes et portails, protégées par la muraille et le climat particulier.  Et pas loin, Muramaris, devenue un restaurant.

Saint Georges et le dragon

La rencontre entre Ellen et Johnny

Muramaris, c'est le nom d'une villa merveilleuse de style italien, construite en 1917. Et elle a abrité une des plus jolies histoires d'amour impossible et scandaleux, celle d'Ellen von Hallwyl et Johnny Roosval.

Jolie jeune femme née en 1867, elle était l'épouse d'Henrik de Maré, un diplomate suédois. Pleine de fantaisie - elle deviendra célèbre pour ses sculptures - et d'une douce détermination à vivre, elle est tombée amoureuse du précepteur de son fils, Johnny Roosval. Vingt ans de moins qu'elle ! Et il était tout aussi épris ! Elle divorce en 1906, dans un tonnerre qui secoue son milieu et bouleverse sa vie. On lui coupe les vivres, on la prive de ses droits sur son enfant, on la renie.

Pauvres, ils errent d'un pays à l'autre pendant quelques années, protégés par un entourage artistique qui célèbre leur courage et leur amour. Et ils conçoivent Muramaris, qui devient un des endroits culturels de l'île, avec des artistes en visite, des fêtes, des amis qui mettent leur talent à contribution pour bénir ce lieu de l'amour : qui joue du piano, qui prépare les plants de glycines, qui peint les plafonds, qui peint les murs, qui dessine les jardins, qui fait retentir son rire dans l'escalier, qui fume en regardant la mer, les cheveux soulevés par la brise. Johnny deviendra professeur d'histoire de l'Art, et ne la quittera jamais.

Elle s'en est allée sculpter les nuages en 1952. Il l’a suivie en 1965.

Leur villa d’amour est devenue un prestigieux restaurant. (http://www.muramaris.se/)

                                                                Suzanne Dejaer


Sur quel monde ouvre cette porte ?

Foi et légendes, métal et foisonnement de feuillages


Dentelle de fer forgé

Stockholm

Gotland

 

http://www.youtube.com/watch?v=TbNnw5Z0V6k&feature=related