étape 11 - Blaye-les-Mines Lavaur 167.5 km



Une étape en ligne sur le Tour, c'est simple. Une échappée roule, se fait reprendre juste à la limite et à la fin Cavendish gagne. Même quand l'échappée est constituée de bons rouleurs qui ne font pas que montrer le maillot. Parce que même si c'est rare, des fois ça marche et aujourd'hui, cette échappée aurait pu réussir. Cette fois il y a eu deux surprises : l'échappée du matin constituée de formidables rouleurs a épuisé les HTC qui ont perdu leur fameux train d'autant plus que les autres équipes de sprinteurs naturellement handicapées par la supériorité d'HTC et du Cav' ont abandonné leur masochisme habituel et les ont à peu près laissé se dépatouiller... Il ne restait plus que deux gonzes pour emmener le Cav' mais ça n'a pas suffi... Impérial il n'a laissé aucune chance. On ne pige pas vraiment la manière de courir des OMEGA, qui ont mené le sprint intermédiaire à peu près n'importe comment et ont permis à Cavendish comme à Rojas de piquer pas mal de points à Gilbert qui rentre à peine dans le classement (Greipel intercalé!).

Sinon, Feuillu annonce qu'il abandonnera certainement demain pour cause de tendinite au genou et Voeckler indique que la logique serait qu'il perde le maillot jaune demain, même s'il se battra pour le garder. Hoogerland de mieux en mieux, qui espère sauver - au moins quelques jours - son maillot à pois et qui a gagné une formidable popularité grâce à ses malheurs et à son courage.

Demain, avec une vraie étape de montagne, nous aurons sans doute le premier vrai gruppetto. Dès que la route commencera à grimper longtemps et que les non grimpeurs sauront qu'ils n'ont aucune chance d'avaler les cols, la sélection va s'opérer par l'arrière et le peloton se réduira (ce qui d'ailleurs diminuera les risques de chute collective). On entendra alors "gruppetto ! gruppetto !" et les attardés s'organiseront au sein d'un même groupe. En tête les cadors qui flingueront pour la gagne et le classement général, puis le peloton des "bons" qui suivront immédiatement, puis les fers à repasser (un sprinteur pèse souvent de 15k à 20kg de plus qu'un grimpeur. On comprend que quand ça monte, il ne peut pas suivre). Le gruppetto calquera sa marche sur les délais d'élimination et au sein de celui-ci, il n'y a plus de concurrents. Quelle que soit l'équipe, on s'entraide, on s'encourage, on se stimule, on mutualise les ravitaillements. Les kamikazes tracent dans les descentes, les rouleurs (du genre de Cancellara) se mettent à la planche dans les vallées et tirent des bouts comme dans les CLM. Grosse galère pour ceux qui se laissent décrocher de ce gruppetto, qui en principe n'abandonne pas de gonze, sauf si véritablement ils mettent tout le monde en péril (ces dernières années, les commissaires reêchent fort peu de coureurs hors des délais : Magnus Bagsted, l'an dernier, a été renvoyé à la maison pour 40 secondes de retard par rapport à la limite). Mauvaise nouvelle pour les non grimpeurs : Boonen, leader charismatique des gruppettos, n'est plus dans le peloton. On signalera qu'une des raisons pour lesquelles Cavendish n'est guère apprécié, c'est qu'il ne fait pas sa part de travail au sein des attardés, qu'il suce les roues dans les gruppettos. La plupart du temps, les spectateurs applaudissent au moins autant le gruppetto que les cadors qui caracolent en tête et les commissaires ferment (un peu) les yeux sur des poussettes pas excessives, sur les accrochages pas très légitimes à la voiture lors des ravitaillements pour peu qu'ils ne durent pas. Le coureur saisit le bidon que son directeur sportif lui tend, pendant deux ou trois secondes les deux l'ont en main et la voiture accélère un peu: on gagne trois ou quatre km/h qui permettent de se relancer; cela est surtout meilleur pour le moral que pour le simple aspect physique, mais les deux sont liés. Il y a toutefois pas mal de crétins qui lancent des "pousse un peu, fainéant!", crétins qu'on aimerait bien mettre sur une bécane et faire avancer à coup de fouet (la lanière étant enduite de Tabasco)

benjamin

 

ET demain ... Les Pyrénées !