Deux articles récents et une photo reviennent sur l'arrivée en fanfare de DSK à Paris et sur Anne Sinclair canines dehors. La photo est bonne : Anne Sinclair en présidentiable et DSK en brave rigolard égrillard ... Cette photo parle !
Les auteurs ne peuvent en aucun cas être classés dans les inféodés à la presse « vendue à la droite » ; ils pourraient même être étiquetés radicalement à gauche. Il était temps que cette sensibilité politique fasse entendre autre chose que « la reconstruction nécessaire » de l’impétrant ou l’évidente « présomption d’innocence » et « laissons la justice se prononcer » et blablabla … Oubliant la plaignante, les femmes et la simple décence.

Le premier s’exprime dans une tribune du Nouvel Observateur, sous le titre « DSK de conscience », Serge Raffy résume en quelques lignes le malaise ressenti devant un retour tellement médiatisé, alors qu'il aurait pu être discret. Pour lui cette médiatisation a été choisie, réfléchie. Il faisait partie pourtant de la masse des indulgents « de ceux qui espéraient que la version vendue à l'opinion par le procureur Cyrus Vance correspondait à la réalité » […] « Avec le héros français DSK, le scénario est d'un tout autre style. Ici, pas de rédemption, pas de mea culpa, juste de vagues excuses pour le petit dérangement fait aux uns et aux autres. »
Il cherche des explications à cette mise en scène, ce retour hyper médiatisé, et peut les entrevoir dans le fait qu’un innocent n’a pas à se cacher. Mais qui parle d’innocence ? Le pénal est abandonné, car la justice américaine n’a pas la certitude de pouvoir prouver à 99,9% les faits reprochés, mais le procès au civil aura lieu. Serge Raffy insiste, « Un innocent ne se cache pas. Il doit affronter la lumière. Certes, mais il n'est pas sommé de parader comme une vedette de cinéma, souriant comme Georges Clooney », terminant sa remarquable chronique par : « En enfermant DSK dans la logique du star system, ses proches lui font commettre une sérieuse faute de goût. Jusqu'au dégoût ? Le bûcher des vanités n'est pas près de s'éteindre. »

La deuxième, n’est autre que Gisèle Halimi, ne pouvant pas plus être enrôlée par la droite. On connaît son engagement derrière les luttes des femmes pour la dignité et l’égalité. Cette avocate célèbre revient dans une tribune du Monde, titrée « L’indécent retour médiatique », sur cette résurgence de DSK. "Les médias français et leurs décideurs sont-ils sourds, aveugles à l'exigence d'une dignité des femmes ? On pourrait le croire, dans le flot d'images et de commentaires complaisants ou neutres, mais jamais défavorables qui nous a été asséné depuis hier pour signaler l'"événement" du week-end : le retour de Dominique Strauss-Kahn à Paris."

Elle n’hésite pas à égratigner au passage Anne Sinclair : « Nous avons eu droit à l'éternelle et ridicule séquence de l'épouse – outragée – mais fidèle-soutien-de-l'accusé. Séquence dont on raffole outre-Atlantique, histoire de s'identifier un peu aux Hillary Clinton et autres célèbres cocues. »

Elle montre clairement à quel point les médias français se sont abrités sous l’ombre dominatrice de leur ancienne consœur célèbre. Elle termine durement : « La victime passée par pertes et profits parce que lointaine, socialement humble (une "domestique") et noire ? Que les médias s'expliquent, nous expliquent, ou alors, honte à eux ! »
Il est bien dommage que la plupart des politiques n’aient pas pu trouver de tels mots, ni même beaucoup de mouvements féministes pourtant si prompts à s’enflammer.

Pas putes, c'est sûr; mais soumises ... Enfin quelques dissonances !

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