Le supplément hebdomadaire de mon journal local m’apprend qu’ « une grande étude publiée dans la prestigieuse revue médicale Jama et pilotée par des chercheurs de Boston (USA) » a conclu qu’une activité sexuelle à la fois régulière et intense permet de limiter le risque d’apparition de pathologies chroniques telles que cancers, diabète ou maladies cardio-vasculaire. L’étude prouve, en particulier qu’en multipliant les rapports dans la semaine « on diminuait d’un tiers les risques de mort subite d’origine cardiaque et quasiment de moitié ceux d’infarctus ».

On ne me fera pas croire que des chercheurs aussi sérieux que ceux de Boston (qui, comme New York et son Sofitel ou Washington et son FMI, est située sur la côte est des Etats Unis) se sont contentés de compiler des données collectées dans des articles parus précédemment. Non ! Ils ont eu à cœur de baser leur expérimentation sur deux groupes témoins : un qui ne devait jamais hésiter à remettre le couvert et l’autre pour qui c’était, au choix, « Pas ce soir, j’ai la migraine ! » ou « Désolé, mais il y a un match à la télé ! ». Si, vu le nombre d’amateurs de soirées bière et foot entre potes, trouver des volontaires pour faire partie du second groupe n’a pas dû être très compliqué, la recherche de sujets pour le premier était beaucoup plus difficile : n’est pas Casanova qui veut. Pour constituer leur échantillon, les chercheurs ont certainement été contraints de dépasser les limites universitaires et d'étendre leur quête à des milieux que d’habitude, ils ne fréquentent guère.
A partir de là, il suffit de faire travailler un peu la partie gauche de son cerveau pour imaginer la suite : De Boston à Washington, il n’y a qu’un pas. Sachant que l’exercice du pouvoir favorise celui de la libido, nos amis, les chercheurs, ont pu le franchir très vite. Il n’est pas déraisonnable de penser qu’ils ont su y trouver un ou des sujets du genre prometteur et les persuader de participer à leur étude.

On sait aussi que les scientifiques, pour garantir le sérieux de leurs expériences, en fixent les différents paramètres avec la plus grande rigueur. Parmi ceux-ci, n’en doutons pas, il y a eu des quotas, variables selon les individus, de rapports quotidiens. De là, chez les plus perfectionnistes des personnes concernées, une obsession du nombre qui explique bien des choses. Soumis à la pression d'expérimentateurs qui ne cessent de lui répéter «In your quota we trust ! » l'individu, obnubilé par l'idée qu'il lui faut absolument remplir la mission que la Science lui confiée, finit par oublier que la loi commune n'est pas celle des laboratoires et qu’il n’est point d’accouplement légal sans l’accord préalable de la partenaire. C’est pourquoi il commet des actes que la morale réprouve et que la justice condamne à juste titre. Ces forfaits lui valent de passer sur la paille humide des cachots un temps qui certes, sera réduit à pas grand chose s’il a de bons avocats, mais qui risque de peser lourdement sur la suite de sa carrière.
Qu’il se console néanmoins ! Grâce à lui, la recherche progresse, la Sécurité Sociale retrouve une raison d’espérer équilibrer ses comptes et lui-même ajoute son nom à la longue liste des martyrs de la science. Se retrouver en compagnie de Galilée et de Pierre Curie, ça vaut bien quelques sacrifices.

Chambolle