Contrairement à ce qu'affirment les vendeurs de rêve (et de promesses de rentabilité à deux chiffres), les énergies renouvelables ne représentent pas, en France, une substitution crédible dans un avenir proche.
En outre leurs promoteurs les plus ardents sont les mêmes qui s'opposent à leur mise en oeuvre concrète partout où il s'agit de créer des unités de production (éoliennes barrages, etc.).
Parce que les économies d'énergies qu'on devra de toute manière réaliser (concept Négawatt) ne réduiront pas la demande. Dans le meilleur des cas elles la stabiliseront.
Pourquoi les économies d'énergie qu'il faut de toute manère généraliser ne suffiront pas à réduire la demande - sauf à entrer dans une société de coercition que la très grande majorité de nos concitoyens rejetteront catégoriquement (à trop imposer, on n'obtient rien)
Parce que la population française augmente d'environ 1% par an. Parce qu'elle vieillit et que la dépendance accroît les besoins: davantage d'ascenseurs, de climatisation, d'appareils électriques (certes on gagne sur leur consommation en les choisissant judicieusement - quand on en a les moyens car les plus économes sont les plus chers à l'achat).

Parce que l'informatique se développe toujours davantage et que son empreinte énergétique est loin  d'être anodine : un courriel peut représenter jusqu'à l'équivalent de 50g de CO2. On imagine en cas d'envoi de masse ou pire, de pourriels (SPAMS)qui en piratant tel ou tel compte, partent par salve de millions d'unités.
Parce que la voiture électrique est souhaitée quasiment partout - du moins en milieu urbain. Certes elle a pour elle de ne pas polluer là où elle passe, d'être plus silencieuse (trop même: cela est facteur d'accidents et d'aucuns pensent à les équiper de "bruiteurs" du moins jusqu'à ce que les usagers de la rue s'habituent à sa présence). Mais cette électricité devra être produite quelque part et la substitution changera le mode de production, mais ne la diminuera en aucune façon.
Idem. les écolos de chez écolo revendiquent tous l'électrification systématique des voies ferrées même très secondaires... tout en se plaignant de la production toujours croissante de cette électricité. Il y a là une dépense directe, plus une autre indirecte: l'empreinte carbone et en ressources métal (surtout le cuivre dont l'extraction est difficile et très polluante... métal qui en outre coûte de plus en plus cher: il suffit de constater la multiplication des vols de métaux non ferreux au cours de cette dernière année)

Parce qu'on sous-estime systématiquement l'impact des réalisations majeures visant soi-disant à diminuer l'empreinte carbone. Quand on bâtit une Ligne à Grande Vitesse destinée officiellement à concurrencer la route, on tient peu compte des dizaines de milliers de tonnes de béton nécessaires (rien n'est plus énergétivore que la fabrication du ciment), de l'emprise foncière (le plus souvent sur des terres agricoles voire sur des réserves naturelles), etc. On feint d'oublier qu'une fois construite, une voie ferrée doit être entretenue et c'est également énergétivore en plus de coûter cher et de demander de la main d'oeuvre (on le voit en ce moment: pour avoir négligé cela des années durant, il faut engloutir 13 milliards d'euros pour remettre en état 5.000 km de lignes sur les 30.000 de RFF).
Parce que les humains comme les marchandises, du fait de la mondialisation, voyagent toujours davantage. Certes, avec une vraie taxation écologique on pourrait pénaliser l'arrivée des cerises du Chili en décembre, pousser la Réunion à une relative autosuffisance alimentaire plutôt que de viser l'exportation de fleurs et de fruits exotiques en Europe, favoriser les bananes antillaises qui voyagent en cargos plutôt que leurs homologues colombiennes (!) qui prennent l'avion, mais on voit mal qui empêchera le citoyen d'aller passer des vacances outre-atlantique - d'autant plus qu'en cas de mesures de rétorsion, nous aurions des millions de chômeurs supplémentaires compte tenu de l'impact du tourisme sur l'économie française.
Les énergies fossiles sont hélas appelées - pour le moment - à être les plus utilisées à des fins de transports, même si les progrès constants diminuent les consommations moyennes: on aurait dit il y a quarante ans qu'on  ferait rouler des voitures aussi vite et infiniment plus sûres et plus confortables avec seulement 5l de carburant pour 100km, qu'on serait passés pour de doux dingues.
D'accord: des ayatollahs verts comme Cochet veulent aller jusqu'à prendre une fatwa interdisant l'usage des voitures particulières le week-end (sauf sur production d'un Aussweiss attestant que c'est pour motif professionnel): on veut croire que leurs propres électeurs, souvent des bobos vivant en centre-ville rénové très chic durant la semaine pour se rendre dans leur mas ou leur fermette à chaque fin de semaine seraient les premiers à les accrocher au gibet le plus proche (nous tenterions de nous y opposer, évidemment. Sans succès si nous devons prendre un bus aléatoire pour arriver à temps)

Distinguons les énergies fossiles proprement dites, et la production d'électricité qui, en France, est à plus de 75% d'origine nucléaire. Pour comparer, l'Allemagne qui a décidé de sortir du nucléaire en peut de temps doit réaliser pour cela des investissements de 250 milliards d'euros quand la part du nucléaire dans sa production d'électricité n'est que de 25 à 28%.

Alors que l'électricité est déjà nettement plus chère en Allemagne qu'en France, une substantielle augmentation est déjà dans les tuyaux. Certes, c'est le cas chez nous également, mais comme nous partons de  beaucoup plus bas, l'impact sera plus fort outre Rhin.
Pour opérer cette sortie, l'Allemagne programme un très ambitieux plan de rénovation des bâtis afin d'obtenir des économies d'énergie substantielles et judicieuses: ce qui ne sera pas consommé ne sera pas à produire. On observera que ce sera moins difficile outre Rhin puisque son habitat est plus dense, moins rural. En outre, du fait des destructions massives dues à la dernière guerre, il est moins vétuste et de ce fait souvent plus "adaptable".

Pour la production d'électricité, ce pays est actuellement importateur d'électricité de "fond" d'origine nucléaire venant surtout de France, exportateur de courant "de pointe" provenant de centrales à gaz - d'origine russe à 80%: merci Schröder qui travaille désormais pour Gazprom).
Il produira encore plus d'électricité à partir de centrales au charbon et pire, à la lignite. Après la réunification, on a dépensé des milliards pour fermer en priorité ces saloperies considérées à juste titre comme le mal suprême; on va en remettre en service "de façon transitoire" et tant pis pour l'abominable pollution atmosphérique comme pour les ravages paysagers: plus destructeur qu'une mine de lignite, c'est difficile à trouver.
Les Allemands comptent aussi développer les énergies dites renouvelables - essentiellement le solaire et l'éolien et, dans une moindre mesure, la biomasse. A cet égard ils sont quelque peu en avance sur nous en raison d eplusieurs facteurs. D'une part, leur opinion citoyenne (souveraine comme la nôtre) est moins rétive à l'implantation d'éoliennes et d'autre part, sans les offenser, on énoncera qu'ils ont moins de zones naturelles à protéger: il y a objectivement davantage de Germains qui s'installent pour leurs vieux jours dans le Lubéron, le Gers, sur les rives méditerranéennes, dans les îles charentaises, les monts d'Arrée, etc, que de Français allant s'installer outre Rhin.
On notera que le potentiel hydroélectrique de la France comme de l'Allemagne est exploité à 95% et que les rares implantations de barrages encore possibles génèrent à juste titre des oppositions farouches tant elles ont des conséquences  dommageables à l'environnement, pour un rendement modeste en fin de compte: parce que le débit des fleuves encore exploitables est limité. Le Rhin a été équipé par les deux pays, pour un rendement optimal.

Energies "renouvelables": biomasse, éolien, solaire, hydrolien.

L'inconvénient majeur de ces sources d'énergie réside dans leur caractère aléatoire et leur prix. L'électricité ne se stocke pas, sauf dans le cadre des "STEP" (stockage d'énergie par pompage) qui génèrent contraintes et rejet massif partout où on veut les mettre en oeuvre et cela pour des raison... écologiques! Or l'énergie en provenance du vent, des marées ou du soleil ne se décrète pas et il est rare qu'elle soit disponible au moment où on en a besoin.

(à suivre)

benjamin borghésio