• Il vient d’être ouvert pour seulement sept semaines avec obligation pour les bateaux d’écluser à deux.
  • Après, il rouvrira fin juin. Sans doute pas pour la totalité des deux mois de vacances.
  • Le manque de précipitations n’est pas la seule raison. Les travaux menés par VNF sur le lac de Torcy, puis sur celui de Montaubry, ont siphonné les réserves. 


C’est une situation qui n’avait encore jamais été vue. Et pourtant les faits sont là. Habituellement, le temps des travaux d’entretien d’automne et d’hiver, le canal du Centre ouvrait à la navigation à la mi-mars. Cette année, VNF a attendu deux semaines de plus pour libérer les bateaux. Et c’est au compte goutte, si l’on peut dire, que la navigation va s’effectuer, que les bateaux vont transiter entre Digoin d’un côté et Chalon-sur-Saône de l’autre. Et encore, pas en naviguant normalement. Les bateaux de plaisance vont en effet avoir pour l’obligation d’écluser à deux, pour économiser l’eau. Des mesures d’économies liées à la faiblesse des réserves des trois principaux réservoirs d’alimentation du canal du Centre, à savoir le lac de Torcy, le lac de Montaubry et l’étang Berthaud.

« C’est bien simple, habituellement, en début de saison, on peut s’appuyer sur une réserve de 20 millions de m3 d’eau qui permet d’affronter les besoins. Mais là, il ne reste que 10 millions de m3. Les réserves ne se sont pas reconstituées au cours de l’automne et de l’hiver et tout cela est très inquiétant », avance-t-on du côté de VNF. Une situation qui a entrainé un certain nombre de décisions. La première a donc été de repousser de quinze jours l’ouverture à la navigation. La seconde consiste à l’ouvrir seulement pendant sept semaines. La troisième est d’imposer, dans la limite du possible, des éclusages à deux. La quatrième est que VNF fermera la navigation de la fin Mai à la fin Juin, en espérant que d’ici là le Sud Bourgogne aura été copieusement arrosée. « Sans cela, on ne pourra pas tenir les deux mois de juillet et août. Il faudra peut-être se contenter de trois, quatre ou cinq semaines ».

Depuis que le canal du Centre a été aménagé sous l’œuvre d’Emiland Gauthey, cela n’était jamais arrivé. Une situation inédite. Et si les arguments de la sécheresse et du manque d’eau avancés par VNF sont à entendre, ils ne peuvent pas constituer la seule et unique explication. Car VNF est aussi responsable de cette situation. Pourquoi ? Tout simplement en raison de la proximité des travaux qui ont été menés sur les deux principales réserves que sont le lac de Torcy et le lac de Montaubry. Les deux investissements ont été réalisés sur la même période, ce qui a eu pour effet d’assécher les deux réservoirs, alors qu’il aurait sans doute été opportun d’attendre que l’une soit entièrement reconstituée avant d’engager les travaux sur l’autre.
Aujourd’hui, le constat est flagrant : Le lac de Torcy est au plus bas et celui de Montaubry est pour ainsi dire vide, tandis que l’étang Berthaud est loin d’être plein. Dès lors, la situation est effectivement catastrophique pour les professionnels situés le long du canal du Centre. A commencer par les loueurs de bateaux, mais aussi par les restaurateurs qui vivent de l’économie du canal. De Digoin à Chalon-sur-Saône, en passant par les ports de Génelard, Montceau, la halte d’Ecuisses, et Saint-Léger-sur-Dheune.

VNF porte donc une responsabilité, autant que le ciel. Et sans doute un peu plus d’ailleurs. Il suffit pour cela de constater que d’autres réservoirs sont beaucoup moins affectés par les manques de précipitation. C’est le cas, par exemple, du lac de la Sorme, qui constitue la principale réserve d’eau potable de la Communauté Le Creusot - Montceau et dont le niveau a un peu baissé, mais sans que cela soit catastrophique.
En fait, on voit bien que c’est la conjonction à la fois des investissements qui ont constitué à vider les réserves et de moindres précipitations depuis, qui ont conduit à la situation d’aujourd’hui. Il faut dire que les 35 écluses entre Montchanin et Crissey et les 26 écluses entre Digoin et Montchanin, sont particulièrement consommatrices en eau. Un éclusage, c’est 400 m3 d’eau. Avec forcément de la déperdition, puisque les 400 m3 utilisés pour un éclusage ne sont pas réutilisés en totalité pour le suivant.
Bref, sauf précipitations importantes au cours des 18 à 36 mois prochains, la navigation de plaisance sur le canal du Centre, qui permet de passer du Nord au Sud de l’Europe, est fortement compromise pour plusieurs années.

Alain BOLLERY


Le lac de Montaubry est pour ainsi dire vide
 
 
Les réserves du lac de Torcy vont beaucoup baisser au cours
des sept prochaines semaines, jusqu'au 21 mai
 


 

VNF le Canal du Centre et ses réservoirs

 

Communiqué de Voies Navigables de France

Dans un article paru récemment sur les sites internet d’Auxerre TV et de Creusot Infos, la mauvaise gestion des réserves en eau par Voies navigables de France a été invoquée pour expliquer partiellement le faible niveau des réserves actuelles du canal du Centre et la nécessité d’interrompre la navigation à compter du 20 mai 2012. Cette mise en cause était accompagnée d'informations erronées qu'il convient de démentir formellement.
La subdivision navigation de Montceau-les-Mines en charge de l'exploitation du canal et de la gestion de la ressource en eau tient à préciser que :

En ce qui concerne les travaux
Les travaux de confortement du barrage de Torcy-Neuf sont  terminés depuis décembre 2009 et le plan d’eau a été totalement reconstitué dès le 09 avril 2010. Il a été ensuite utilisé normalement.
Les travaux de réparation de la vanne de vidange du barrage de Torcy-Vieux sont terminés depuis novembre 2010 et le plan d’eau s’est reconstitué presque intégralement en début 2011. Au 14 janvier 2011,  la plus haute cote atteinte n’était que 6 cm au-dessous du niveau de déversement.
Les travaux de confortement du barrage de Montaubry sont terminés depuis 2002, soit depuis 10 ans. Seuls des travaux ont été réalisés sur l’évacuateur de crue en 2009, sans vidange du plan d’eau. Le plan d’eau était plein le 19 mars 2011.
Les travaux sur le barrage de Berthaud sont terminés depuis fin 2005, et le plan d’eau est exploité normalement depuis cette date.
Ainsi aucune vidange de plan d’eau n’a donc été réalisée en 2011, susceptible de remettre en cause l’alimentation du canal du Centre.

En ce qui concerne la sécheresse
Les réserves en eau du canal du Centre, d’un volume utile de 12 millions de m3, étaient presque intégralement reconstituées en début d’année 2011.
Les difficultés rencontrées par la suite en 2011, et notamment l’arrêt de la navigation à compter du 12 septembre 2011 ont été essentiellement dues :

  • aux faibles débits des cours d’eau habituellement sollicités pour alimenter le canal au printemps du fait du fort déficit pluviométrique et des températures élevées  qui ont entraîné une consommation importante et prématurée des réserves.,
  • à l’absence de pluies significatives de février à septembre et aux épisodes de fortes chaleur en saison estivale.
En raison de la pluviométrie exceptionnellement faible enregistrée depuis 3 mois (< 100 mm), la situation ne s’est pas rétablie au début de l'année 2012. Les réserves en eau constatée aujourd'hui sont inférieure de 5,7 Mm3 à la moyenne d'un mois d'avril.  En l'absence de nouvelles pluies, elles ne permettront pas d’alimenter le canal pendant toute la saison.
Une décision d’ouverture partielle a bien été prise après consultation des usagers lors d’un comité spécifique réuni le 12 mars à Montceau-les-Mines. La navigation sera assurée dans un premier temps du 30 mars 2012 jusqu’au 20 mai 2012.  Nous pouvons ajouter que, selon l'évolution des réserves en eau, une ouverture partielle pourra être envisagée durant l'ét é: elle sera prise en concertation avec les usagers.