Le dimanche de la Pentecôte, Mitterrand et son chien Baltique en faisaient rituellement l’ascension, continuant une tradition née aux temps de la résistance et qui, à cette époque, se faisait à Pâques. Ils n’étaient pas seuls, oh non ! Les beaux-frères de Mitterrand les accompagnaient, Roger Gouze et Roger Hanin, ainsi que quelques courtisans-amis, et des journalistes en quête d’un scoop inédit.

Une heure et demie de marche aisée seulement sépare son sommet de sa base. 493 mètres d’où on peut s’imaginer un oiseau et aller se poser au bord de la voie romaine, s’enfoncer dans les bocages émeraude ou même aller jusque-là, au loin, dans le Jura verdoyant. Une heure et demie de beauté. Falaises et vignobles. C’est la terre du Pouilly-Fuissé, le roi du mâconnais à la robe dorée. Là couraient autrefois des hordes de chevaux sauvages qui allaient tremper leurs naseaux palpitants et leurs jambes robustes dans le scintillement de la Saône. Là s’embusquaient, dans le même autrefois, les hommes du solutréen aux formes trapues pour chasser les rennes, loups, chevaux et tigres.  

Ilot de massif corallien nous parlant de mer, d’ondes salées abritant dans leur silence des coraux miroitant de vie et les innombrables et  inévitables drames de l’existence : ceux qui mangent et ceux qui sont mangés. Ilot érigé par la lente poussée des Alpes vers le haut et du bassin de la Saône vers le bas, par l’érosion. Les falaises de Solutré et de Vergisson se dressent vers l’ouest tandis que leurs flancs s’inclinent avec douceur à l’est.

Elle a changé au fil du temps, la roche. Autrefois couverte de luxuriantes forêts, on y porta les chèvres à paître jusqu’à la moitié du XIXème siècle, et  ainsi naquit, sous la tonte patiente des caprins et la pratique du brûlage, la pelouse sèche – la pelouse calcicole - d’aujourd’hui, réserve d’une faune et flore multiples et protégées. Et buis, genévrier et chêne pédonculé commencent à s’y répandre depuis que le pâturage a été abandonné, agitant de nouveaux parfums âpres sous la poussée du vent. Ce sont maintenant les beaux petits chevaux de Konik Polsky, rebondis comme sur un tableau de Paolo Uccello,  qui broutent et retiennent quelque peu, de façon naturelle, la colonisation des pelouses par le buis.

                                                                                           Suzanne DEJAER