Echec lié au programme tout d'abord, puisque l'équipe Hollande est bien décidée - en dehors de quelques mesures cosmétiques pour le plupart d'ordre sociétal - à ne rien changer de ce qui ne marche pas, depuis des années. Et même ces mesures cosmétiques sont remises en cause.
Refuser le conflit et le dire par avance, c'est être démuni quand il surviendra - ou bien se coucher et capituler. Il est assez incroyable que face aux  éditorialistes de droite qui le somment d'abandonner son programme au nom du "réalisme" (curieuse conception de la démocratie surtout que ce programme ne bouleversait pas les fondamentaux... c'est un euphémisme) les éditorialistes de la fausse gauche ne le soutiennent pas, mais l'appellent (déjà) à la raison. Cela situe déjà l'ambiance, et augure mal de l'avenir.
Ensuite parce que, bien qu'il ait eu le temps de se préparer, Hollande a laissé s'installer un climat quelque peu bizarre: l'opinion est persuadée que par la grâce de Sarkozy c'est "la première fois de l'histoire" qu'une transition dite républicaine s'est opérée. Je ne sache point que Poher (à deux reprises) fut agressif quand il reçut Pompidou puis Giscard, ni que Mitterrand le fut quand il passa le flambeau à Chirac. Parce que pendant "l'entre deux règnes" Hollande et Sarkozy ont déposé ensemble une gerbe sous l'Arc de Triomphe, on s'extasie  (cela s'est déjà fait... cf. Chirac avec Mitterrand) mais on oublie la floppée de décrets pris en catimini et à toute vitesse par les ministres sur le départ pendant la même période, que les nouveaux devront annuler - et ça c'est tout, sauf républicain.

Il est curieux qu'un politique expérimenté comme Hollande ait oublié la mentalité profonde de la droite qui s'estime seule légitime à exercer le pouvoir et considère donc comme putschiste toute personne hors de son clan qui  serait aux affaires. Il était évident que Morano and Co feraient les pitbulls, et les nouveaux moyens de communication permettent l'inflation d'invectives. L'absence d'une cellule militante de riposte au coup par coup fondée sur le principe "toute la gueule pour une dent" coûtera très cher aux socialistes qui en plus d'avoir tort sur le fond négligent la forme (ils sont persuadés que leur programme a été plébiscité quand leur poulain a été désigné essentiellement par rejet massif du précédent). Ils ont grand tort de ne pas en faire des tonnes sur Bourgi, Dhjouri, Takieddine, Gaubert, Woerth, de Maistre, j'en passe et des meilleures, dès lors qu'on les "cherche" sur des détails dont certains sont purement calomnieux.

Hollande a eu grand tort de laisser se développer une situation dans laquelle ses rivaux au PS conservent une capacité de nuisance telle qu'avant même les législatives, ils  s'estiment fondés à l'employer.

Aubry tout d'abord qui lui savonna la planche avec cet accord improbable passé au profit d'EELV et qui envoie ses snipers saboter les dites législatives, en riposte au fait que, logiquement, elle n'est pas nommée à Matignon (en dehors de toute considération politique, un président peut-il nommer premier ministre quelqu'un qui l'affubla publiquement du surnom de couille molle, laissa courir des rumeurs infamantes sur son compte et avec qui à peu près personne n'accepte  de travailler?)

Royal ensuite qui a exprimé l'exigence très prématurée de siéger au perchoir - il faudra d'abord qu'elle se fasse élire, ensuite que les députés veuillent d'elle et c'est pas gagné. Premier Scud lâché par l'ex, qui foudroie la première annonce du ministre de l'éducation nommé depuis moins de douze heures qui concerne les rythmes scolaires. Le fait que Peillon fut dans le passé scandalisé par la désinvolture de Royal à son égard et qu'il le lui signifia publiquement n'a évidemment aucun rapport...
Autre problème à résoudre - et très vite: le comportement des zozos d'EELV. Certes la forme ne devrait pas préjuger du fond, mais au sommet de l'état il y a des usages auxquels les Français attachés: ils attendent de leurs dirigeants qu'ils aient un comportement digne  de leurs fonctions (le sort du précédent président est là pour en témoigner). En 1981 il ne fallut qu'une semaine à Mauroy pour expliquer à Bouchardeau que se faire coiffer chez Pétard, c'était terminé, et Ayrault devra cadrer Duflot: les jeans au conseil des ministres**, "ça le fait pas", de même que les tweets infantiles et acnéiques d'ado pas finie.


Etre moderne ne passe pas forcément par la gaminerie trop pas. Et il est lamentable que Duflot ait pu imposer "son" apparatchik en plus d'elle même, tant elle est soucieuse de ne voir personne lui faire d'ombre.

** Morano, monument de distinction comme chacun sait, en fit son miel, un comble!

On signalera deux erreurs majeures dans le casting.


La nomination de Taubira (à quelque poste que ce soit). Quand on connaît le contexte guyanais, on sait de quoi la dame est capable, et son côté docteur Jekkyl et Mister Hyde est éclatant, de même que son incompétence - justement dans ses domaines de soi-disant compétence (je fais référence à son fameux rapport sur le moyen de lutter contre l'orpaillage clandestin en Guyane, tissu de conneries vertigineuses, sans doute parce qu'elle n'a jamais mis le pied sur le terrain). Je gage que le caillou dans la chaussure balancé avec cette sottise provoquera de sérieuses amoules à l'équipe gouvernementale.
Celle de Lurel, en charge des DOM/TOM. Aucun gouvernant ne commit jamais l'erreur de nommer un DOMIEN à ce poste, tant il sera soupçonné, à chaque arbitrage, de favoriser son territoire d'origine! L'homme possède suffisamment de compétences indiscutables pour être employé à bon escient dans d'autres fonctions


benjamin borghésio