L'association loi de 1901 AJA, propriétaire de la SAOS AJA société anonyme à objet sportif) qui gère la section porfessionnelle, a tenu une assemblée générale ordinaire convoquée de manière extraordinaire, soit dix jours avant la date initialement prévue, à la demande de 11 membres de l'association, le 20 juin.

L'ordre du jour de l'assemblée prévoyait l'arrêt des comptes 2011-2012 arrêtés au 30 juin ainsi que l'examen du budget prévisionnel 2012-2013, tel qu'il a été transmis à la DNCG (direction nationale du contrôle de gestion) de la Ligue de football professionnel.

Après une mise au point sur la rumeur relayée que le fils du président Henri Maupoil aurait été embauché comme salarié à l'AJA (démenti formellement), l'assemblée a pris acte de la position exprimée par les deux conseils d'administration, d'une part de celui de la SAOS (qui élit le président du club) et d'autre part, celui de l'association, de confirmer Gérard Bourgoin dans ses fonctions de président pour la saison en Ligue 2.

Décision à nouveau différée ?

Après l'examen des comptes (pas encore arrêtés puisque l'assemblée s'est tenue le 20 juin et que les comptes seront arrêtés au 30 juin, certaines recettes et dépenses n'étant pas encore actés), le président Maupoil a expliqué aux membres de l'assistance, la problématique du dossier budget prévisionnel 2012-2013 qui coince à la DNCG. Celle-ci a décidé de mettre sa décision en délibéré au 26 juin, c'est-à-dire, ce mardi. Une décision qui pourrait être à nouveau reportée car tous les éléments du dossier ne seront sans doute pas constitués. Mais techniquement, si la DNCG applique de manière stricte et à la lettre le règlement, elle pourrait décider de reléguer l'AJA en Nationale ... Pourquoi ?

D'un mot, la DNCG demande à l'AJA de trouver 5 millions d'euros, dès à présent, avant de rendre son jugement. Il faut savoir que le budget prévisionnel de l'AJA est présenté avec un déficit structurel de l'ordre de 8 millions sur un total de 20 millions d'euros. Et qu'il en a toujours été ainsi dans les années passées, l'AJA épongeant systématiquement ses déficits grâce au produit de la vente de joueurs ou par l'entremise de recettes exceptionnelles, telles les participations à des Coupes d'Europe.

Or l'AJA ne peut dès à présent résorber le déficit prévisionnel en question dès lors que le mercato vient tout juste de s'ouvrir et se prolongera jusqu'à la fin de l'été. En outre, la plupart des joueurs de L1 et de L2 qui ont participé aux qualifications de la Coupe d'Afrique des Nations (telsTraoré, Oliech Mandjeck etc) sont en vacances jusqu'à la fin du mois de juin.

Pas question en outre de brader le capital. Au contraire, les dirigeants veulent bien maîtriser la gestion des effectifs au mieux des intérêts du club.

Trois pistes

En attendant, des solutions, au nombre de trois, sont envisagées afin de rassurer la DNCG. La première consiste à obtenir une ligne de crédit auprès d'un pool de banques, la seconde consiste à ouvrir le capital de la SAOS (tout le monde est désormais d'accord), la troisième à demander à la banque de pouvoir récupérer les 3,2 millions de caution apportée par le club pour la construction du centre de formation.

En effet, la construction du bâtiment évoule bien qui est hors d'eau et devrait bel et bien être opérationnel pour la fin décembre, sauf accident. Le financement par les collectivités se fait sur 6 ans, or l'AJA est obligée de payer les artisans bâtisseurs sur un an et demi. D'où la caution ponctionnée sur les fonds propres afin de garantir les emprunts relais. Les dirigeants veulent donc essayer de débloquer la caution (3,2 millions) par anticipation (6 mois) ce qui permettrait de rassurer la DNCG. En outre, deux membres de l'association AJA ainsi qu'une personne de l'extérieur, ont mis la main à la poche pour avancer une somme et alimenter le compte courant.

11 millions à venir

Par ailleurs, les dirigeants de l'AJA, ont établi des fourchettes de perspectives de recettes dans les mois à venir grâce à la vente de joueurs. L'hypothèse la plus basse, la plus pessimiste, prévoit une recette de 11 millions d'euros.

La masse salariale qui a évolué de 21 millions d'euros en 2005 à 32 millions en 2012, souligne la nécessité vitale pour le club de former des jeunes et de les vendre. C'est le modèle économique de l'AJA, qui s'est quelque peu grippé ces dernières années. Henri Maupoil admet que force est de constater que depuis les ventes de Sagna et Kaboul il n'y a quasiment rien eu à se mettre sous la dent, hors les recettes de la  participation à la Ligue des Champions.

L'AJA repose donc sur son centre de formation (on ne le dira jamais assez), l'identité du club. Aujourd'hui, dans le foot professionnel, tous les clubs équilibrent leur budget gâce à la vente de joueurs.

On attend la décision de la DNCG mais il serait vraiment surprenant qu'elle soit défavorable à l'AJA. Les experts comptables qui la composent sont des pros et connaissent les valeurs relatives. Auxerre est le seul club de France à posséder ses installations en tant que propriétaire. Le potentiel est important. Un nouveau centre de formation ultra-moderne sort de terre qui va fonctionner d'ici quelques mois avec de nouvelles perspectives de développement et de recettes. Au plan comptable, la valeur du patrimoine de terrains et bâtiments de 'lAJA est estimée à 40 millions d'euros.

Exporter la formation "maison"

Bref, on aura compris, à l'AJA on se démène pour sortir le club de l'ornière et négocier la saison à venir dans les meilleurs conditions possibles sur le plan sportif. Réduire les salaires de 50 % revient à rendre leur liberté aux joueurs et donc à ne pas encaisser de recettes liées à un transfert éventuel. Une gestion fine et avisée est requise.

Enfin, la convention signée en matière de formation entre l'AJA et le président de la Géorgie qui entretient avec l'Yonne par l'entremise du conseil général des liens de coopération économiques depuis plusieurs années, est porteuse de promesses. Le président en question est également propriétaire d'un club de football. A ce titre il est très intéressé par la formation de jeunes Géorgiens dans le centre de formation spécialisé de l'AJA. Ainsi une dizaine de jeunes pourraient rapidement intégrer le nouveau centre qui offrira de meilleures conditions d'accueil tant qualitativement que quantitativement. Cette exportation de la formation "maison" engendrera des recettes substantielles évaluées à 3 millions par an. En outre, ce système pourrait être élargi à d'autres clubs désireux de former des jeunes sans en avoir les moyens.

Pour conclure, Guy Roux, administrateur délégué de l'association depuis un an au centre de formation, est sollicité par l'Arabie saoudite comme expert de certification des entraîneurs. Les besoins en formation de cadres sont importants. Ainsi l'AJA pourrait se lancer dans la formation de formateurs étrangers, un autre moyen de faire rentrer de l'argent, 3 à 4 millions. Mais ceci est une autre histoire.

                                                                                               P-J. G.