Jean-Pierre Soisson vient de donner son « pot de départ », AUXERRE TV en a rendu compte. Les émotions des uns et des autres sont encore vives après cette longue période élective du printemps, mais il n'est pas inutile d’essayer une petite réflexion sur la séquence qui s’achève et celle qui commence.

Le sujet ne comporte pas d’analyse Nationale. François Hollande l’emporte sans coup férir lors de l’élection présidentielle, ayant fait la « course en tête » de toutes les enquêtes d’opinion effectuées depuis sa désignation lors des primaires citoyennes organisées par le Parti Socialiste. Il n’est pas inutile cependant d’analyser les élections législatives qui ont suivi à l’aune de cette victoire au plan national.

Ici même, sur AUXERRE TV, l’ancien rédacteur en chef de l’Yonne Républicaine, Gérard Delorme, s’exprimait à l’issue du premier tour des législatives. Il notait une percée inattendue sur la première circonscription du candidat de l’UMP, Guillaume Larrivé, tout en pronostiquant pour le deuxième tour le gain de deux sièges pour le PS dans l’Yonne. Si Jean-Yves Caullet a effectivement retrouvé un siège dans la circonscription Avallon-Tonnerre-St Florentin en battant sur le fil le candidat UMP, Jean-Marie Rolland, les observateurs se sont en revanche fourvoyés pour ce qui concerne la première circonscription, celle laissée vacante par le départ de Jean-Pierre Soisson. Guillaume Larrivé l’emporte contre tous les pronostics et assez significativement.

Sa victoire n’est pas neutre dans une ambiance générale « vague rose » et le très bon report des voix du Front National sans « accord » particulier puisque Richard Jacob ne pouvait se maintenir, ne peut pas tout expliquer et paraît un peu court. Il est indéniable que le Maire d’Auxerre, Gy Férez, candidat du PS n’a pas mobilisé tout le potentiel de gauche de sa circonscription. Dans ses fiefs auxerrois et pourtant Président de la communauté d’agglomération, il n’a pas forcé sa chance.

En fait on peut légitimement penser que la principale action de Guillaume Larrivé est d’avoir remis en ordre le « logiciel » de la droite dans cette circonscription. En effet Jean-Pierre Soisson venant de l’UDF et de Chez Giscard a considérablement perturbé ces électorats. Il a pu le faire en s’appuyant sur un charisme personnel indéniable lui permettant d’emmener dans son sillage une partie de la droite lorsqu’il pratiquait « l’ouverture » en entrant dans un gouvernement sous la présidence de François Mitterrand. C’est d’ailleurs à cette occasion que Guy Férez devint son adjoint à l’urbanisme, entraînant également dans son sillage une grande fraction de la gauche institutionnelle de l’époque.

Il n’est pas question ici de porter un quelconque jugement de valeur sur cette période, mais simplement de souligner que de telles pratiques, quelque peu iconoclastes, ne peuvent s’imaginer qu’à l’ombre d’individus très particuliers, doués d’un ascendant affectif important sur tout un électorat. En aucun cas ces exceptions ne peuvent être considérées comme la règle. Au plan National on constate l’échec de cette « politique de l’ailleurs ». François Bayrou a connu deux fois l’échec sur une telle thématique et le MODEM n’arrive pas à s’imposer électoralement. François Bayrou, lui-même, se donne le « temps de la réflexion » après son échec aux législatives dans sa propre circonscription.

Revenant dans l’Yonne et spécifiquement dans la 1ère circonscription, Guy Férez fait partie, qu'il le veuille ou non, du « système Soisson », il a été son adjoint, nous l’avons signalé et il lui succéda à la Mairie d’Auxerre avec, pour le moins, une abstention bienveillante dans la lutte droite-gauche de l’époque. Guy Férez a livré bataille lors de ces législatives avec un « logiciel périmé »

Il est bien sûr impossible de prévoir l’issue des prochaines échéances locales et en particulier des municipales de 2014. En premier lieu parce que les compétiteurs en piste ne sont pas connus. Même si Guillaume Larrivé, maintenant leader incontestable de la droite, ne pourra sans doute pas faire l’économie de l’épreuve, rien n’est certain. On peut penser que ses amis l’y pousseront. Personne ne peut non plus affirmer que Guy Férez sera partant pour un troisième mandat, même si l’hypothèse d’une retraite semble tès improbable.

Ensuite, il serait imprudent de superposer les élections Nationales et l’élection la plus prisée par nos concitoyens, celle de leur Maire. Les personnalités en cause sont prépondérantes, les bilans, les attentes très précises, les dossiers spécifiques éloignés des généralités nationales prennent une importance plus significative. Le climat politique général peut également jouer un rôle pour ceux qui restent attachés aux clivages : on connaît les revers souvent significatifs des exécutifs à coloration du « pouvoir » lors d’élections intermédiaires. Toutes ces inconnues rendent donc les pronostics ridicules.

En revanche, il est certain qu’une page a véritablement tourné dans cette circonscription icaunaise et que « le logiciel Soisson » n’est plus utilisable en l’état. La nouvelle séquence qui s’ouvre marquera le retour de cette circonscription un peu « hors norme » depuis 40 ans dans une logique plus « générale », jusqu’au jour , pourquoi pas, ou une nouvelle « personnalité hors norme » surgirait dans le « décor »

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