Philippe Croizon (à droite) et Arnaud Chassery se sont entraînés durant plusieurs jours à nager dans une eau à 3 °C. (DR)
 
Du continent américain à l’Asie, de la Petite à la Grande Diomède, dans le détroit de Béring, deux îles furtives entre la Petite et la Grande Diomède, car noyées dans un épais brouillard. Voilà, le 4ème défi pour Philippe Coizon, amputé des jambes et des bras et son ami Arnaud Chassery, un Jovinien de 35 ans.
Depuis le mois de mai, ils nagent autour du monde pour réaliser leurs quatre défis intercontinentaux. Ce dernier a été long à se dessiner, ils étaient bloqués depuis quatre jours sur la Petite Diomède, par une tempête suivie d'un ouragan. Une brève accalmie s'est présentée vendredi. La fenêtre de nage était étroite. Et la mer loin d'être calme, mais les deux hommes n'avaient pas le choix. Ils savaient qu’une autre puissante dépression était annoncée.

Dans cette mer glacée (4°C) et dans le brouillard, les deux hommes ont une nouvelle fois dépassés leurs limites. Comme à son habitude, le Jovinien Arnaud Chassery a guidé et veillé sur son compagnon Philippe.

"SANS ARNAUD JE N'Y SERAIS PAS ARRIVÉ"

A plusieurs reprises, ils ont pris un mauvais cap rallongeant leur parcours, luttant en permanence contre les courants.

Au bout de 3/4 d'heure, Philippe semblait à bout de forces : "je l'étais", dira-t-il. "J'ai pensé à tous ces gens qui me soutiennent et espèrent en moi. Nage, nage, nage, me suis-je dit. Mais sans Arnaud, je n'y serais jamais arrivé. Je n'ai jamais fait un tel effort physique de ma vie".

Soudain, le pilote du bateau de tête équipé d'un GPS crie: "Nous sommes sur la ligne!" L'appareil indique 65° 44mn 761sec Nord et 168° 58mn 669sec Ouest. C'est la frontière entre deux pays, deux continents et deux jours différents.

Mais Philippe et Arnaud continuent sur quelques centaines de mètres, dans les eaux russes et interdites, pour bien marquer leur performance. Ils viennent de passer de vendredi à samedi en une brasse et en franchissant la ligne arbitraire de changement de date.

Enfin ils s'arrêtent. Arnaud prend son compagnon dans ses bras entre deux vagues, lui soutient la tête au-dessus de la surface. Ils l'ont fait. Ils pleurent.

 

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          Pour mieux se rendre compte de l'exploit, voici une video de la traversée vue d'en haut, d'un ULM