Les chevaux des mines…  On remontait les mineurs par un manège à chevaux , La Machine… qui donna son nom à cette commune du sud de la Nièvre que les mines de charbon rendirent prospère jusque dans les années 1970.  Des 140.000 Chinois que la France et l’Angleterre avaient attirés pour travailler à l’arrière du front durant la première guerre mondiale, 300 travailleront à La Machine entre 1917 et 1927. En 1935, 30% de la population est étrangère, une mosaïque humaine faite de Polonais, Italiens, Yougoslaves et Maghrébins.

Montceau-les-Mines, dans le Morvan. C’est là qu’en 1878, le licenciement de 15 mineurs républicains déclencha une grève, et « la bande noire », un syndicat des mineurs dont les membres se réunissaient  en plein air ou la nuit se créa. La bande s’en prenait surtout aux symboles religieux , puis étendit sa colère aux biens et enfin aux gens, avec trois blessés graves en 1882.

En 1986, le Bureau de recherches géologiques et minières, après 5 ans de recherches, parle d’un gisement fabuleux situé entre Cossaye et Lucenay-lès-Aix dans le Sud Nivernais. Ce serait le gisement le plus important d’Europe et il pourrait produire 67 millions de tonnes de charbon, en mine à ciel ouvert, en 35 ans. Le projet  d’alimenter une centrale thermique grâce à ce charbon enflamme alors cœurs et langues. Il fait miroiter la possibilité de reprendre l’exploitation charbonnière, ranimant ainsi l’économie locale, mais la crainte des répercussions climatiques et environnementales – pollution qui pourrait tenir les touristes au loin, site classé Natura 2000 menacé, activités agricoles ralenties - mènent à l’abandon officiel de ces plans en 2009.

La vie des mineurs, des gueules noires, fait partie de la littérature et du cinéma. Et a assuré sa prospérité à plus d’une région pendant de longues années. Que l’on prenne l’aspect social, humain, aléatoire, ou que l’on cherche à imaginer la vie de catacombe, l’endurance, l’obstination à croire que demain se lèvera encore, la foi nécessaire – en soi ou en Dieu ou en la chance… on ne conçoit pas la force de la vérité entière.


 

L’air, rare et odorant de tant de choses. De l’humidité, du minerai extrait, du ventre capricieux de la terre, des déjections humaines et animales, de la sueur, de la nourriture, des rats, de l’odeur de la peur. Le bruit, omniprésent, si brutal que le silence devait donner le vertige. Le bruit du cœur de la terre, de sa fureur aussi. Le bruit des outils et des machines. Celui, effroyable, arraché par les accidents. La couleur de l’obscurité, caressée par l’éclairage voyageur des lampes qui satinaient furtivement les berlines remplies et les veines minérales mises à nu sur lesquelles dansait parfois un ruban d’eau. Le sol toujours détrempé.

 

 


Les animaux sans la patience ou l’instinct desquels on n’aurait, parfois, pas survécu. Ces canaris qui, petite tache jaune et poussant des trilles, étaient facilement visibles et dont le vol chaotique puis la chute brutale annonçaient un gaz qu’il fallait immédiatement fuir. Les chevaux  aveugles et la robe sale à jamais, n’ayant pour toute joie que le picotin, un nom, quelques caresses, les heures de repos et puis, enfin, la mort pour oublier. Un jour on les avait descendus dans le trou au moyen de courroies et jamais ils ne reverraient ni le ciel ni l’herbe. Et les enfants, petites ombres sales et fières de ramener leur argent comme les hommes, grisés par leur jeunesse qui leur disait qu’ils s’en iraient un jour, peut-être.


 
 


Certains venaient de si loin, d’autres cuisines, d’autres langues, d’autres habitudes, d’autres cieux et paysages. Ils étaient partis, guidés par le besoin de survivre à défaut de vivre. De projeter leur descendance, de garder l’existence de leur nom et lignage. De transmettre leurs souvenirs. Et c’est sous la terre qu’ils avaient retrouvé le partage d’un sort et d’espoirs communs, la foi en une bonne étoile qu’ils saluaient en sortant du puits, l’acceptation d’une vie dans l’ombre – levés tôt avant le soleil, sortis du trou à l’arrivée de la nuit, et toutes ces heures dans la moiteur sombre des veines léchées par l’eau insidieuse.


 

Photo Auxerre TV (DR)

 

Photo Auxerre TV (DR)

 



Photo Auxerre TV (DR)




Une vie sous la terre. L’air pur devait avoir une fraicheur inimaginable. La pluie était la vie sur le visage. Le repas du soir, une communion avec les vivants de la surface. Les jours de congé… le pourquoi de toute cette peine.

 

                                                                      
Suzanne Dejaer

 

 

La vidéo suivante provient d'Actu TV, un site qui présente principalement des artistes émergeants ou déjà chevronnés de France et Belgique. Le reportage, qui présente un salon du livre sur un ancien site minier de la vallée de la Meuse (Blégny-Mine, aussi dit Blégny-Trembleur), offre également de très belles images de la mine et les explications d'un des anciens mineurs de ce puits.