A Toulouse, au congrès du PS, Il semblerait que ce n'est pas la grande joie : il y a de l'inquiétude et du "blues" dans l'air. Pourtant la victoire remonte à six mois seulement et le pouvoir est total, absolu et sans partage.

Au premier jour du congrès: la salle plénière est clairsemée et Harlem s'est fait Désirer pour ne pas arriver dans une ambiance trop fraiche et devant des banquettes vides. Mais que se passe-t-il donc, pourquoi une telle morosité ? L'Elysée, le Sénat sont socialistes, l'Assemblée Nationale est socialiste, 20 régions sur 21 sont socialistes ... Je passe sur les départements et les grandes métropoles. Le moral serait-il à zéro parce qu'il manque une région à l'appel, ou bien Bordeaux, ou Marseille ? Que faudra-t-il donner au PS pour qu'il puisse exprimer sa joie et surtout une politique telle que la rêve ses militants ?

Peut-être attend-t-il un monde qui pense comme lui, qui réagisse comme lui. Peut-être voudrait-il que les faits se plient à son rêve : réenchanter le rêve, c'était peut-être ça ? Il risque d'attendre longtemps et les militants avec lui.

Ou alors il s'agit simplement du désenchantement au constat des reculs itératifs. Sur le droit de vote des étrangers non communautaires  par exemple, pourtant bienvenu : «Il faut tenir", avertit le secrétaire fédéral de la Sarthe. Si nous échouons sur cette question au Parlement, ce n'est pas grave. Porter cette promesse ne peut que nous honorer.»

Dans Les Échos, le patron des sénateurs PS, le dijonnais François Rebsamen, conseille à son ami François Hollande de se rendre régulièrement en province, pour garder le contact avec les Français et les élus de la majorité. L'entretien que le Maire de Dijon accorde aux Echos est très révélateur de ce désenchantement et il pose bien le problème quand il déclare :

"Le PS doit engager une véritable reconquête idéologique. La gauche a remporté une victoire électorale, grâce à son unité et au talent de François Hollande mais elle est minoritaire idéologiquement. La droitisation de la société est une réalité qui s'accélère. Face au vent de nationalisme et d'extrémisme qui monte en Europe et gagne notre pays, le PS, avec son nouveau premier secrétaire, doit mener cette bataille idéologique." Il évoque l'Europe, oubliant les EU ou pourtant "Mythe" Romney peut gagner. Avec ces quelques mots tout est dit. Avec le paradoxe persistant d'une concentration de tous les pouvoirs dans les mains d'une "minorité idéologique". Ce décalage devient préoccupant.

Rebsamen ne se rend pas compte de l'énormité du concept qu'il assène ! Pourtant l'évidence de ce paradoxe montre bien qu'une véritable "recomposition politique" est nécessaire dans notre pays. Que l'expression "partisane" actuellement de mise ne correspond plus à des réalités idéologiques, à des systèmes de pensée cohérents.

La droite avec la création de l'UDI et sans doute les prochaines résorption et mutation de l'avatar UMP, grand "machin" sans âme, bénéficiant par ailleurs d'une  cure salutaire d'opposition, semble s'engager dans la voie de cette redistribution des cartes attendue. La gauche, étant au pouvoir "absolu", aura plus de difficultés à effectuer ces ajustements idéologiques. La cause du "spleen" est aussi en partie contenue dans cette frustration ressentie par les militants : ils ne vivent pas ce qu'ils ont rêvé. Les "victoires électorales" ne suffisent pas au bonheur. Ils ont besoin aussi des satisfactions de l'esprit. Ils en sont privés actuellement et ça les rend tristes. Un spleen somme toute rassurant sur le plan intellectuel mais un spleen programmé avec la victoire de Hollande : la satisfaction d'avoir viré Sarkozy ne dure qu'un très court instant. Derrière la réalité est plus dure !

Jean-Louis Hussonnois