LA CITE
L'Arquebuse : "Faire suer le mètre carré"
le lundi 07 janvier 2013, 22:19 - LA CITE - Lien permanent
En annonçant lors du dernier conseil municipal le démarrage des procédures sensées permettre à un promoteur privé de construire sur l'actuelle place de l'Arquebuse, le maire Guy Férez met en place l'amorce d'un dossier qui pourrait devenir "central" dans la future campagne des municipales
Esquisse en 3D (DR)
Peut-être le souhaite-t-il d'ailleurs ? Son dernier éditorial dans Auxerre Magazine (*), qui prend à partie "les perroquets" serait-elle l'amorce d'une stratégie consistant à fixer les oppositions sur des sujets "urbanistiques" toujours difficiles à manier pour elles puisqu'il ne s'agit que de plans et de projections ?
Ce nouveau et ènième projet pour "l'Arquebuse" n'est pas pour demain. Il ne serait éventuellement mis en oeuvre qu'à la fin 2014. S'il voit le jour il débouchera sur une complète transformation de cet espace après plus de deux années de très gros travaux. L'actuelle place serait bordée sur deux de ses côtés (Boulevard du 11 novembre et rue de la Laïcité) par deux barres construites, l'une réservée à un supermarché, l'autre à un hôtel ; au centre on pourrait trouver d'autres commerces et des cafés. L'espace deviendrait donc très "construit", le marché demeurant à sa place, toujours en dessous du niveau de la place actuelle mais surplombant un parking nouveau et moderne.
Vous pouvez vous reporter au débat enregistré en vidéo par notre rédaction lors du dernier conseil municipal : il est notable que 10 membres de la majorité du Maire se soient abstenus lors des votes sur cette question. Vous pouvez également consulter la présentation faite à la presse par le Maire et l'article de fond de PJG.
Pour progresser dans nos investigations, nous avons interrogé Roland Jehl, architecte-urbaniste essenteillement sur le concept "architectural" qui semble se dessiner et sur la procédure de mise en place envisagée : donner l'espace à traiter par une "promotion privée".
Pour l'homme de l'art, le projet semble très "daté", "un urbanisme de la dalle des années 60" très commun dans les banlieues et "sans clin d'oeil à la ville ancienne". Pour lui un espace stratégique de cette importance ne devrait pas relever d'un "programme de promoteur ne pensant qu'a rentabliiser les surfaces, à 'faire suer le mètre carré', mais plus d'une maîtrsie totale des élus et des citoyens à la recherche d'un consensus". Roland Jehl demeure cependant partisan d'une valorisation du marché, voire de sa reconstruction sous la forme d'une halle en surface mais "très transparente". Il insiste sur cette "transparence" du bâti à cet endroit pour lui conserver des perspectives. Il pense vaine l'idée sans cesse ressassée de "recoudre" l'Arquebuse avec l'hypercentre.
Depuis plus de 40 ans cette idée occupe pourtant les têtes des uns et des autres. Pour beaucoup Jean-Pierre Soisson a raté l'Arquebuse, Guy Férez prend-t-il le même chemin ? L'un pourra dire "n'écoutons pas les perroquets", l'autre citait René Char, « Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront.» ! Regardons.
J-L.H
Présentation à la presse avant le conseil municipal
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(*) L'ÉDITORIAL DE GUY FÉREZ DANS AUXERRE MAGAZINE
Commentaires
ça me parait bien cubique comme projet !!!!
Placer le projet de l’Arquebuse dans un climat politique, c’est aller droit dans le mur, non pas pour l’élu qui passe, mais pour la ville et par conséquent ses habitants.
Visiblement la petite ville bourgeoise du temps jadis, a beaucoup évolué. L’évolution admise jusqu’ici au fil de l’eau, mérite qu’on s’y attache sérieusement à partir d’une méthode reconnue des urbanistes et aménageurs. Cette méthode combien logique, doit inexorablement aborder dans le détail l’identité de la ville, son tissu urbain pour établir une prospective d’une évolution attachée aux principaux besoins des habitants en matière de logements, commerces, services maillés par un transport adapté. La démarche, passe avant tout par une étude préalable des principales fonctions des secteurs à enjeux, secteurs charnières, évolutifs, ceux qui méritent un attachement particulier dans l’histoire de la ville. C’est à partir de cette étape qu’il convient de déterminer un urbanisme de reconquête comme ici sur ce lieu. Cette reconquête, dans un projet de territoire urbain, signale plusieurs hypothèses, le choix des élus dans la concertation, passant par un projet évolutif qui saura tenir compte des enjeux sociaux, économiques et environnementaux.
Ces étapes croissantes à l’échelle de l’agglo, puis de la ville pour descendre aux quartiers et secteurs de vie, donnent invariablement une logique d’aménagement des espaces comme celui de l’arquebuse.
Donner aveuglément, résolument, librement cet espace à l’investisseur le mieux disant, c’est faire montre d’une désorganisation totale dans la gestion des intérêts des habitants de la ville qui ne se remarquera hélas que dans le temps.
Il n’est jamais trop tard pour mettre sur le métier ces réflexions, travailler sur un futur proche sans sacrifier pour toujours cet espace à enjeux qu’il convient de garder comme un espace évolutif au regard de sa proximité du centre ancien.