Il semblerait que l'une des boîtes d'un lot mal conditionné, pouvant contenir non pas le diurétique mais un somnifère, ait été utilisée depuis une semaine, a indiqué le procureur de la République. Un sedonc décès suspect est apparu lundi. Selon un retraité de Compiègne (Oise), sa mère âgée de 101 ans serait décédée à la mi-mai suite à la prise de Furosémide. (DR)

 

Le groupe Teva dispose de deux usines dans l'Hexagone, à Nevers et à Sens.
Une enquête a été ouverte à Marseille à la suite du décès, samedi soir, d'un nonagénaire qui prenait depuis une dizaine de jours le diurétique Furosémide, un médicament générique du laboratoire Teva. Une boîte entamée, provenant d'un lot mal conditionné et pouvant contenir un somnifère, a été retrouvée à son domicile.

Vendredi, l'Agence du médicament (ANSM) avait alerté sur une procédure de rappel concernant deux lots de ce diurétique du laboratoire Teva, le leader mondial des génériques. Il s'agit des lots Y175 (date d'expiration : 08/2015) et Y176 (date d'expiration: 08/2015), soit "95 000 boîtes par lot", a précisé l'Agence du médicament. "A la suite d'un problème de conditionnement de boîtes de Furosémide Teva 40 mg, médicament diurétique, certains comprimés ont pu être remplacés par des comprimés d'un somnifère (Zopiclone également appelé Imovane)", a prévenu l'ANSM.

L'infirmière du nonagénaire, ainsi que son pharmacien, doivent être entendus. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé dimanche qu'une enquête allait être menée dès lundi dans l'usine de conditionnement de Teva, située à Sens. La ministre a assuré que la "chaîne d'alerte mise en place (avait) bien fonctionné".

"Tous les lots concernés ont été retirés du marché dès vendredi après-midi", a ajouté la ministre. L'alerte a été donnée par un pharmacien, surpris de constater "des effets de somnolence inhabituels" chez l'une de ses clientes.

"Une autopsie a été pratiquée dès dimanche après-midi compte tenu du caractère sensible du dossier", et des "examens toxicologiques" ont été prévus, "afin de déterminer les liens de causalité entre le décès et la prise des médicaments, un lien qui pour l'instant n'est pas établi", a ajouté le procureur de la République à Marseille, Jacques Dallest. «Le somnifère incriminé n’est en soi pas mortel, mais vu le grand âge de la victime, toute faiblesse médicale peut s’avérer grave», a souligné dimanche le procureur de Marseille.


Un numéro vert (0800.51.34.11) est mis en place

 

L'Agence du médicament a mis en place un numéro vert (0800.51.34.11) et a invité les patients traités au Furosémide portant les numéros de ces deux lots à rapporter leurs boîtes à leur pharmacien. "Le somnifère incriminé n'est en soi pas mortel, mais vu le grand âge de la victime, toute faiblesse médicale peut s'avérer grave", a souligné le procureur de Marseille. L'enquête a été confiée à la Sûreté départementale des Bouches-du-Rhônes. (Avec AFP et Libération)

Combien y-a-t-il de boîtes de médicaments suspectes?

D’après les laboratoires Teva, seules «quelques dizaines de boîtes» de médicaments poseraient problème. Mais elles sont issues de deux lots (Y175 et Y176) qui ne «doivent pas être utilisés», selon l’ANSM. Et chaque lot contient 95.000 boîtes de médicaments. «Pour l’instant, nous ne savons pas combien de boîtes sont concernées par le remplacement de produits, poursuit l’Agence. Pour nous, il y a donc deux lots de 95.000 boîtes suspects, soit 190.000 boîtes de cachets.» L’inspection devrait permettre de savoir exactement combien de boîtes sont problématiques.

Que doivent faire les patients qui prennent du Furosémide?

Si les boîtes font partie des lots Y175 et Y176, les patients sont invités à ramener les médicaments à leur pharmacien qui leur délivrera, en retour, une boîte de diurétique conforme. Pour l’instant, l’ANSM est incapable de savoir combien de boîtes problématiques ont été rapportées chez les pharmaciens. «Les patients préviennent les journalistes avant de nous appeler», se désole l’Agence.

Que risquent les laboratoires Teva?

S’il est encore trop tôt pour le savoir, l’inspection menée par l’ANSM pourrait conduire à plusieurs mesures. «Cette inspection durera le temps nécessaire, poursuit la direction de l’Agence. S’il y a un réel problème de production, nous avons tout un éventail de mesures possibles.» Parmi celles-ci figure notamment la suspension de l’autorisation de produire des médicaments pour les laboratoires Teva.