Son père, Edmé Athanase Larousse est un charron-forgeron et sa mère, Louise Guillemot, est fille de tisserands et tient une auberge à Toucy dans l’Yonne. Il a une sœur qui naitra trois ans après lui, Sophie-Louise, qui épousera  Jules Alexandre Hollier. Il adore la lecture et racontera qu’alors que malade on lui avait interdit de lire pour ne pas le fatiguer, il avait dérobé des chandelles pour pouvoir lire Robinson Crusoë dans sa chambre pendant la nuit.

 

Diderot le fascine, accroche ses rêves et ambitions : il aimerait devenir encyclopédiste. A 16 ans, brillant élève, c’est avec une bourse qu’il s’en va à Versailles pour étudier. Et quatre ans plus tard il réapparaît à Toucy pour y être instituteur à l’école primaire supérieure. Il est un instituteur différent, et pousse les écoliers à être curieux. Il se sent pourtant entravé par les manuels obsolètes et un règlement qu’il estime abusif. Il déteste tout ce qui peut rendre l’enseignement rebutant.

 

Hôtel de la ville d'Auxerre, la maison natale de Larousse à Toucy (D.R.)


Trois ans plus tard, il a 23 ans et s’en va à Paris, s’installe modestement dans le quartier latin, et suit des cours gratuits à la Sorbonne – il n’est pas fortuné - et se rue sur tout ce qu’il peut apprendre. Insatiable de savoir il étudie le latin, le grec, le sanskrit, le chinois, la littérature, la philosophie, la mécanique, l’astronomie…  Pas de diplômes pour tous ces lauriers. Pierre Larousse est un véritable autodidacte. Huit ans après son arrivée à Paris il devient répétiteur à l’institution Jauffret où il restera trois ans. Il y rencontrera aussi sa compagne, Suzanne Pauline Caubel, une jeune fille de Millaud. Esprit libre il ne l’épousera qu’au bout de 17 ans de vie commune, trois ans avant sa mort qu’il sent approcher. Il veut garantir son avenir. Une union sans enfants mais une belle collaboration puisque c’est Suzanne qui relit, complète et corrige son premier ouvrage publié à compte d’auteur en 1849 : La Lexicologie des études primaires. Il a une entière confiance en son jugement et ses conseils. Couple généreux et satisfait dans son amour et sa mission, ils accueillent chez eux la nièce de Suzanne Pauline, que Larousse considère comme une fille, et il est aussi très proche de son neveu Jules Hollier.


Pourtant ce collectionneur de sciences et savoirs abrite en lui le rêve d’un vrai Bourguignon : il achète une propriété à Toucy et souhaite y cultiver la vigne. C’est un démocrate et républicain engagé, anticlérical, anti-conventionnel, original, déterminé, polémique, partial, fou de justice et de liberté. Il a de l’humour et déteste Napoléon III. Il aimerait, par son travail, éduquer les petites gens, les couches laborieuses.


1850 voit la naissance de la Librairie Larousse et Boyer, maison d’édition qu’il fonde avec un ami ancien instituteur, Augustin Boyer et qui démarre rapidement, au point qu’en 1852 il demande le brevet de libraire-éditeur qu’il obtient en octobre de la même année.


En 1856, la publication du Nouveau dictionnaire de la langue française lui vaut la fureur du Saint Office de l’inquisition romaine qui le met à l’index des livres interdits.


Il continuera cependant son œuvre d’éducateur, et met onze ans pour rédiger, avec acharnement, les 17 volumes du Grand dictionnaire universel du XIXe siècle. Il meurt épuisé à la tâche de congestion cérébrale à Paris, l’année de la fondation de la Société Vve Pierre Larousse et Cie. Il n’a que 57 ans et ne verra pas la fin de son œuvre qui sera prise en charge par son neveu Jules Hollier soutenu par sa veuve.

 



Toucy, 23 octobre 1817 – Paris, 3 janvier 1875

 

                                                                Suzanne Dejaer