On y arrive en douceur, de touffeurs en orages, de chutes de grêlons en sauna de plein-air. En journées radieuses aussi, en festivités et barbecues….


Ferragosto en Italie. L’auguste empereur Auguste (23 septembre 63 av. J.-C. à Rome et mort le 19 août 14 ap. J.-C. à Nola) avait instauré les Feriae Augusti, les vacances d’Auguste qui s’étalaient sur tout le mois, ce mois d’août qui n’était alors qu’une longue et heureuse succession de fêtes païennes dont la dernière était celle dédiée à Diane, le 13 du mois...

 

Auguste est le fils adoptif de Jules César, et s’est d’abord appelé Octave puis Octavien avant de devenir un « auguste », titre provenant de la Grande Mère syrienne Atargatis, dite « l’Auguste ». Mais il semble que dès l’an 21 avant notre ère le nom changea et devint Feriae Augustales, une fête unique vers la moitié du mois pour accorder un jour de repos célébrant les récoltes et la fin des plus gros travaux agricoles.

 

                L'auguste Auguste

 

Ferragosto


Vive Auguste et son auguste pensée. Car même les animaux de trait, les bœufs aux yeux langoureux, les ânes braillards aux jolies oreilles pelucheuses et les mules au caractère de mules avaient congé ce jour-là, et se pavanaient dans un farniente qu’ils ne comprenaient pas, enguirlandés de fleurs et rubans comme des mariées.


On organisait ce jour des courses de chevaux et le vainqueur remportait une bonne mesure d’une étoffe de prestige, le pallium très convoité. Le palio, qu’on aura reconnu dans la célébration actuelle du palio de Sienne.


En Bretagne, la mi-août est bien autre chose : la fière monture est une bicyclette et la course  se court entre le 13 et le 21 août,  en 9 étapes.

 


C’est aussi la fête de l’Assomption. Le culte marial.

 

Dès l’an 650 on trouve trace de 5 fêtes de culte marial : la fête de la mère de Dieu le 1er de l’an, la présentation le 2 février,  l’Annonciation le 25 mars, l’Assomption le 15 août et la nativité de Marie le 8 septembre.

 

Louis XIII consacra le Royaume de France à la Vierge Marie en 1638, car après 23 années sans enfant ses prières à Marie avaient enfin trouvé une oreille compatissante et fécondante, et le futur Louis XIV était enfin né (*).

 

             Louis XIII

 

 
Un peu partout, là où le culte d’une déesse était trop enraciné pour qu’on l’étouffe, les processions mariales se sont imposées tout naturellement. Vierges noires, vierges de l’Assomption, vierges miraculeuses, qui pleurent, saignent, rendent fertiles… Vierges couronnées, rongées par les vers à bois, aux joues trop rouges ou piquetées, trop jeunes, enfantines parfois, écrasant d’un talon nu le serpent diabolique, pétrissant des roses ou des enfants Jésus… 

 

Et elles sont belles, ces processions, quelque chose d’aussi vieux que l’amour pour Gaia y rôde et s’y respire.

Procession mariale en Outremeuse (Liège)- Photo AuxerreTV (D.R.)

 


Mais à la mi-août, le sablier du capital vacances d’été se vide. Il faut non pas le retenir mais le sentir passer, le regarder joyeusement vibrer. L’exaltation du début, la grande faim de faire, aller, lire, dormir est enfin apaisée et c’est  un morceau du meilleur qui reste : celui dont on sait qu’il touche à sa fin… jusqu’à l’année prochaine !

 

                                                                                                                     Suzanne DEJAER

 

 

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(*) En France, la fête de l'Assomption détient aussi une dimension historique précise puisque le roi Louis XIII pour remercier de la naissance annoncée du futur Louis XIV, consacra officiellement le pays à la Vierge Marie en 1638, instituant alors les processions du 15 août, jour de fête nationale.

Beaucoup moins connu est le serment de vie religieuse qu'une poignée d'amis, étudiants à Paris et fascinés par la personnalité d'Ignace de Loyola, prononcèrent, à ses côtés, à Montmartre le 15 août 1534. Ce fut l'acte de fondation des Jésuites.