Guy Cotret veut la peau de Bernard Casoni. Pour le président mandaté, les résultats sont insuffisants, il a échoué et doit payer.

Or au début du mois de février, Guy Cotret a affirmé que la prolongation du contrat du coach de l'AJA ne se ferait pas en fonction des résutlats. Le contrat en cours s'achevant au mois de juin, il n'y avait pas d'urgence se plaisait-il à souligner devant les micros.

Trois semaines plus tard, le président mandaté bénévole propose un ultimatum à l'entraîneur. Auxerre doit prendre quatre points en deux matchs, à Bastia et contre Dijon. Or l'AJA a pris deux points. En conséquence, il faut changer l'entraîneur. CQFD

Ce dénouement est programmé de longue date par Cotret soi-même. Président du Paris FC pendant les années 2000, il a navigué dans cet univers du championnat National et a consommé huit entraîneurs (*), de quoi faire réfléchir. L'ancien banquier, homme de réseau, connaît du monde et apprécie d'être aux côtés de Le Graët et autres Houiller dont il est proche.

Cotret avait un nom dans la tête, un jeune entraîneur talentueux major de sa promotion du brevet d'État, que Houiller voudrait voir percer au plus haut niveau. Cet entraîneur s'appelle Denis Renaud et coache Carquefou dans la grande banlieue nantaise, depuis le début des années 2000, Carquefou qu'il a emmené de CFA 2 en National et en quart de finale de la Coupe de France, en 2008, éliminé par le PSG et Pauleta, après avoir sorti Marseille et Nancy.

 

L'épisode Ntep n'a rien arrangé

Voilà le plan. Pas étonnant donc que le président mandaté n'a jamais eu d'atomes crochus avec Bernard Casoni, dès lors que ce dernier était appelé, dans son esprit, à s'en aller. Pas étonnant qu'il n'a jamais été question de prolonger son contrat, un an avant son expiration, comme c'est souvent l'usage, les présidents manifestant par là leur confiance dans leur coach. Pas étonnant enfin, ses tergiversations pour en discuter au mois de janvier, le club comme les joueurs, n'ayant plus de visibilité sur la suite, sur l'avenir. Idem pour les 14 joueurs en fin de contrat et prêtés.

Le propriétaire de l'AJA, bref, le vrai patron, Emmanuel Limido, dans une interview au quotidien local a affirmé que l'AJA n'avait pas vocation à rester en Ligue 2. On ne peut imaginer qu'Emmanuel Limido pensait au championnat National. C'est sûr que le business est meilleur en Ligue 1.

Mais alors, pourquoi vendre Paul George N'tep, au mercato d'hiver, le passeur et buteur Auxerrois ?  Et objectivement, affaiblir l'équipe ? Pourquoi pas le vendre au mercato d'été, valorisé, et renforcer l'équipe ?

Cela conduit à poser la question centrale : pourquoi une société d'investissement luxembourgeoise qui gère des fonds, esentiellement du Qatar, a-t-elle investi dans l'AJA en devenant propriétaire, ce qui est en contradiction avec les objectifs de la société ?

Pourquoi n'abonde-t-elle pas au capital ? 5 millions pour racheter l'AJA (moins que le prix de N'tep) et 5 millions de plus annoncés et non investis.

Faut-il s'étonner que l'équipe de l'AJA, dans ces conditions, a rencontré davantage de difficultés pour s'imposer sur le terrain ? En football (comme pour tout le reste) tout va très vite pour reprendre l'expression consacrée.

Le président mandaté a exploité cette dégringolade : virer Casoni et placer son homme, son pion. Mais il y a eu un hic. Au mois de janvier, il a fait une proposition à Renaud de Carquefou en étant sûr de son coup car dans le vestiaire, il y a eu un événement qu'il croyait pouvoir valoriser à son avantage.

 

Une fin de non recevoir

Le jour du match de championnat contre Lens, il est allé dans les vestiaires (ce qu'il ne fait jamais) pour dire à Casoni qu'il devait faire jouer N'tep car Gérard Houiller était dans les tribunes représentant un club suisse (le transfert de N'tep n'était pas encore conclu, Rennes ayant fait une contre-proposition meilleure que le club anglais de QPR (Queens Park Rangers). Or Casoni, qui estime être dans son domaine le maître dans son vestiaire, a répondu non à Cotret car N'tep ne voulait pas jouer et risquer une blessure qui compromettrait son transfert. Ntep ne figurait pas sur la feuille de match.

Vexé, Cotret a pensé qu'il tenait là son argument massue pour virer Casoni pour faute lourde. Ce qui l'a conforté dans sa volonté de se défaire de l'entraîneur en place, aimé dans l'Yonne.

Il a donc fait cette proposition sportive à Renaud au mois de janvier. Le hic c'est que Renaud de Carquefou a décliné ne voulant pas quitter son club et reprendre un autre en cours de saison. Une décision qui honore cet homme, cet éducateur. Cotret l'a très mal pris et il le lui a fait savoir. Cotret a besoin de reconnaissance. CQFD

Aussi, si à cette heure, samedi soir 21h41, au moment où la fille du maire de Joigny, Juliette Moraine, vient de remporter le Battle dans The Voice sur TF1, Bernard Casoni ne sait pas s'il sera en place lundi, route de Vaux.

 

Stade en folie

Le décalage est hallucinant entre cette réalité, ce story telling, et le stade Abbé-Deschamps, vendredi soir. Un stade en folie, les supporters retrouvés, derrière leur équipe, pour la première fois depuis deux ans. Une ambiance exceptionnelle revenue du diable vauvert. Un stade qui a porté son équipe de bout en bout et ne l'a jamais laissé tomber. D'ailleurs, TOUTE l'équipe pourtant déçue du match nul concédé à la dernière minute était en droit de rentrer tête basse au vestiaire. Ce fut tout le contraire : elle fut appelée, plébiscitée et applaudie ... Certes les joueurs avaient les boules d'avoir perdu à la dernière seconde alors qu'ils avaient gagné, contre toute attente. Mais aucun ne s'est défilé.

L'AJA a gagné, vendredi soir, l'équipe et Casoni aussi. Casoni parlons-en. Beaucoup s'accordent pour dire que les joueurs sont très moyens, certains en fin de carrière usés, d'autres au début, perdreaux de l'année. Et pourtant le bougre, il arrive à les faire progresser.

Quelque chose a changé à l'AJA et dans les tribunes.

Emmanuel Limido, homme d'exception, l'a bien compris. L'homme qui convoque un hélicoptère pour rentrer à Paris, réintègre Fabrice Hérrault pour l'envoyer à l'international vendre l'AJA, a décidé de réfléchir. Ce qui signifie, par intelligence, rassembler et tracer une voie nouvelle.

Avec quel entraîneur ? Et quel résutlat ?

Vendredi soir, au Rendez-Vous chez Jean-Pierre Saunier, fidèle parmi les fidèles, Soisson, Patriat, Villiers, Roux, Tuphé, Ounès, Dujon et d'autres, ont partagé les agapes d'après match. Un demi deuil. Un deuil et demi. Sur le dos de l'AJA.

Emmanuel Limido, le boss, réfléchit. Il sait qu'il ne peut aller contre le terroir. Il sait aussi qu'il ne peut désavouer son mandataire, du moins pas tout de suite. Il sait aussi qu'un changement d'entraîneur n'est pas gage de réussite.

Rassembler ce qui est épars : tel est le défi, la condition de la survie de l'AJA. Qui peut le faire ?

  

Pierre-Jules GAYE

 

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(*) En décembre 2003, Guy Cotret devient président de la SASP du Paris Football Club, succédant à Noël Le Graët. Le 19 avril 2013, il devient président de l'AJ Auxerre

Entraîneurs du Paris FC

Guy Cotret a tenu à préciser à AUXERRE TV qu'il s'est séparé de deux entraîneurs seulement : il affirme que seuls Patrick Parizon et Jean-Marc Pilorget (d'une commun accrod) n'ont pas terminé leur mandat sous sa présidence du PFC.

 Un peu d'histoire ...

Le Paris FC escompte monter en L2 au terme de la saison 2010-2011. La saison débute bien, mais à partir d'octobre, le club décroche des équipes de tête pour s'installer dans le ventre mou du classement. Le club réédite cependant l'exploit de ressortir le Toulouse FC de la Coupe de France, deux ans après, au même stade de la compétition. Comme en 2009, le club est éliminé en 1/16 de finale (cette fois ci contre le FC Sochaux à l'extérieur). Fin avril, le club se retrouve en 12e position, bien loin de ses ambitions du début de saison. Jean-Luc Vannuchi annonce son départ en fin de saison.

Il est remplacé par Alain Mboma, ancien entraineur de Villemomble et du Red Star. Le début de saison est sans éclat, en milieu de tableau. La direction met l'entraîneur face à ses responsabilités début octobre et menace de le renvoyer si son équipe ne s'impose pas contre Épinal. La réaction des joueurs est sans appel : les parisiens s'imposent 6-0 grâce notamment à un triplé de Yannick Yenga. Malgré un soutien sans faille des joueurs envers leur entraîneur pour la suite, le club termine à un humiliante 16 place, premier non-relégable. De nombreux changements son attendus à l'intersaison, tant sur le terrain que dans les arcanes du pourvoir du club.

En effet, le club est métamorphosé à l'intersaison, avec l'arrivée d'un nouvel entraineur, Olivier Guillou et de nombreux nouveaux joueurs. L'équipe doit être compétitive, car cette année, ce ne sont pas 4 mais 6 équipes qui descendront en CFA. Malheureusement, le début de saison est très décevant, et au bout de 10 matchs, l'équipe est 18e au classement et Guillou est limogé. L'adjoint Alexandre Monier prend la relève, sans pouvoir redresser la situation. En février, Gastion Diamé prend les commandes de l'équipe, toujours relégable. Malgré une amélioration des résultats, le club est relégué en CFA à l'issue de la 37e journée. Cependant les relégations administratives successives de Sedan, Le Mans et Rouen décidées par la DNCG durant l'été 2013 impliquent que trois clubs relégués en CFA sont repêchés. Le Paris FC est le dernier d'entre eux et se maintient donc en National pour la saison 2013-2014. ( Source : Wikipédia)