Manuel Valls s'est exprimé devant l'Assemblée, mercredi après-midi.

Principales annonces : l'assouplissement de la réforme des rythmes scolaires, la réduction de moitié du nombre de régions d'ici 2017, la disparition des conseils départementaux à «l'horizon 2021», et la suppression des cotisations patronales au niveau du Smic dès janvier 2015.

Après la prise de parole des différents présidents de groupe, ce discours sera suivi d'un vote de confiance pour lequel le nouveau Premier ministre devra rassembler son camp et la majorité.

Les dix députés du Front de gauche ont annoncé qu'ils voteront contre la confiance, tout comme les membres de l'UDI et de l'UMP. Côté socialiste, Bruno Le Roux, chef de file du PS à l'Assemblée a prédit «une confiance quasi unanime» du groupe. Le groupe des radicaux a annoncé qu’il voterait pour. Les écologistes sont eux divisés : une courte majorité des dix-sept députés du groupe votera la confiance.

L'Assemblée a voté la confiance à une majorité de 306 voix contre 239, soit davantage que pour Jean-Marc Ayrault 302 en 2012 avec une vingtaine de députés PS de plus.

 


Le Premier ministre a commencé par livrer son analyse des élections municipales : «Par leur vote ou leur abstention historique, les Français ont dit leur déception, leurs doutes, leur mécontentement et parfois leur colère. Ils ont dit la peur de l’avenir, la feuille d’impôts trop lourde... Enfin, ils ont exprimé leur soif de justice.» Manuel Valls assure : «J’ai entendu. Ils se sont prononcés contre l’impuissance politique. Ce message très clair, le président de la République en a tiré les enseignements politiques.»

Manuel Valls a ensuite eu un mot pour son prédécesseur : «Je veux rendre hommage à Jean-Marc Ayrault. Il a agi avec droiture, sens de l’Etat. (...) Dans des circonstances bien différentes, il y a soixante ans, un homme nous a montré la voie, Pierre Mendès-France.»

Puis - comme la plupart de ceux qui l'ont précédé - Valls a promis de dire «la vérité aux Français. La réalité est là, il faut la regarder sans trembler.»


Sécurité

L'ex-ministre de l'Intérieur a embrayé sur un de ses thèmes préférés : la sécurité. «Notre société est traversée par la violence, a-t-il dit. Les atteintes aux personnes sont en progression continue depuis trente ans, les trafics de drogue, l’augmentation des cambriolages... Il y a enfin toutes ces incivilités qui pourrissent la vie des gens. Tout cela joue sur le moral de nos concitoyens, pas seulement depuis six mois, mais depuis des années. Voilà la vérité.»


Méthode

Manuel Valls a ensuite détaillé sa méthode de travail avec les députés et sénateurs : «Une démocratie forte, c’est un Parlement respecté, a-t-il insisté. L’exécutif détermine le cap et le Parlement vote la loi. Je connais les attentes de la majorité parlementaire, je les partage. Et je veux travailler avec elle sur la base d’un contrat équilibré. Je veux travailler avec les radicaux, les socialistes, mais aussi les écologistes. Je n’ai pas d’adversaire à gauche, et nous pouvons avancer ensemble sur beaucoup de sujets.»

Valls a aussi eu un mot pour l'opposition, très agitée pendant le discours : «Gouverner, c’est écouter l'ensemble de la représentation nationale et donc l’opposition. Je proposerai aux présidents des groupes UMP et UDI de me rencontrer dès la semaine prochaine.»

Pacte de responsabilité

«Il faut produire en France, créer des emplois durables en France : c’est le but du pacte de responsabilité, a lancé le Premier ministre au moment d'aborder le grand chantier de François Hollande. Entreprendre, créer, prendre des risques, c’est cette démarche positive que je vais encourager, elle fait du bien à notre pays. Nous agirons pour encourager les entreprises, améliorer le fonctionnement du marché du travail, simplifier les procédures. Chacun doit s’engager pour l’emploi : c’est une initiative novatrice dans notre pays. Il faut donner corps à ce pacte.» Le Premier ministre a indiqué que le vote qui suivrait son discours engagerait sa responsabilité sur ce pacte. «Comment envisager une déclaration de politique générale si elle ne se prononçait pas sur ce sujet.»

Cotisations patronales

Manuel Valls a ensuite annoncé 30 milliards d'euros de baisse du coût du travail : «Au niveau du Smic, les cotisations patronales à l’Urssaf seront entièrement supprimées au 1er janvier 2015. Voila le changement, une vraie révolution.» Il a expliqué que le barème des allégements existants entre le Smic et 1,6 fois le Smic seront modifiés et que pour les salaires jusqu’à 3,5 fois le Smic, les cotisations famille seront abaissées de 1,8 point au 1er janvier 2016. «Cela ne pénalisera en rien le financement de la politique familiale qui se verra affecter d’autres recettes pérennes», a-t-il précisé.

Fiscalité

Concernant les impôts, le Premier ministre s'en est remis à la «grande conférence sociale» : «C’est un pacte de solidarité également, qui doit améliorer le pouvoir d’achat des salariés les plus modestes. Le gouvernement proposera d’alléger la fiscalité pesant sur les ménages modestes, en particulier ceux qui sont entrés dans le champ de l’impôt sur le revenu ces dernières années alors même que leur situation ne s’était pas améliorée.»

Transition énergétique

«La croissance, c’est aussi l’économie verte», a enchaîné le Premier ministre, assurant que «la transition énergétique sera l’une de nos priorités». La loi sur la transition énergétique sera présentée avant l'été. Valls a confirmé que «l’engagement du président de la République de passer la part du nucléaire dans notre production d’électricité à 50% d’ici 2025 sera tenu».

Dette

Après avoir insisté sur le bilan de la droite sur l'endettement, le Premier ministre a annoncé que son gouvernement allait «poursuivre le redressement tout au long du quinquennat. Je vous propose un changement de rythme. L’effort doit être partagé par tous. L’Etat et ses agents en prendront la plus grande part, 19 milliards d’euros, l’Assurance maladie 10 milliards, les collectivités locales 10 milliards.»

Décentralisation

Le Premier ministre a ensuite fait plusieurs annonces en matière de décentralisation. D'abord de «réduire de moitié le nombre de régions dans l'Hexagone»  : «Les régions pourront proposer de fusionner, mais en l’absence de proposition, après les régionales et les départementales de 2015, le gouvernement proposera une carte, et elle sera établie pour le premier janvier 2017.»

Il a aussi annoncé vouloir supprimer les conseils départementaux (le nouveau nom des conseils généraux, NDLR) «à l’horizon 2021» ainsi qu'une réforme de la carte des intercommunalités «basée sur les bassins de vie» et «la suppression de la clause de compétence générale. Ce changement donnera lieu à un profond débat dans notre pays, qui associera nos élus et citoyens. Il faut en parler dès maintenant, il faudra le faire.»

 Rythmes scolaires

Si l’aménagement des rythmes scolaires est «une bonne réforme», Manuel Valls dit avoir «entendu les remarques de bonne foi des élus» et annoncé que «le cadre réglementaire sera assoupli».

Logement

Pour le Premier ministre, «la deuxième priorité, c'est le logement» : «Pour produire davantage de logements plus vite, moins cher, il faut simplifier. (...) Il faut en finir avec les freins qui empêchent la construction depuis des années.»

Le génie français

La fin du discours s'est faite plus lyrique : «La confiance est la clé de tout. Je veux dire aux Français qu’ils doivent se regarder avec lucidité et fierté aussi. [...] Notre pays a du génie. Surtout, notre pays a le plus bel atout qui soit : la République et ses principes de tolérance, de solidarité, de respect et de progrès.»

Puis sur une touche plus personnelle, le Premier ministre a rappelé qu'il était né à l'étranger [à Barcelone, en l'occurrence] et avait été naturalisé à vingt ans. «Peu de pays au monde permettent à des citoyens nés à l’étranger, qui ont appris les valeurs de la République, de prendre les plus hautes fonctions de l’Etat.»

Avant de conclure, solennel : «Je vous demande, le cœur battant, de m’accorder votre confiance, pour qu’ensemble, nous la rendions aux Français.»