Une halle du 19ème siècle, détruite, à Brienon sur Armançon. L'ancien marché couvert de la petite ville a commencé à être détruit, dans le cadre d'un vaste projet de réhabilitation du centre ville, mais de nombreux opposants au projets, riverains et commerçants, dénoncent la destruction d'un patrimoine culturel

 

Le maire de Brienon, Jean-Claude Carra, assume la démolition du bâtiment du 19ème siècle. Cela permettra, selon lui, une ouverture vers le centre-ville.

La Halle faisait obstacle, et sa démolition va permettre une rénovation urbaine : la première tranche est la démolition de la Halle, puis ce sont les abords de la Salle des Fêtes qui seront renovés, et enfin la salle des Fêtes de Brienon sera rénovée.

Les 4/5èmes de la bâtisse vont être détruits, et le 1/5ème restant sera une partie de la façade.

Le projet estimé à  450.000 € (dont 100.000 du conseil régional et 120.000 € du conseil général au titre du contrat de canton), s’inscrit donc  dans un programme plus vaste de réfection de la place du village. « La décision a été prise de façon éclairée et le permis déposé dans les règles, commente Thierry Le Ru, architecte du projet qui évoque une volonté de « refaire de la place un lieu de vie. »

Selon les commerçants et les riverains de la Halle, le projet semble prendre la tournure d'un "coup de force". Ils dénoncent le "scandale d'un patrimoine détruit"

«Après Fontainebleau, Brienon, combien d’autres à venir», s’inquiète Jean-François Cabestan sur la page Facebook, Chefs-d’œuvre en périls ou disparus, qui en liste déjà un certain nombre.

Michel Dusolle, architecte installé à Joigny, a décidé de mener le combat pour sauvegarder ce bâtiment, rénové sous sa direction, au début des années 2000, excepté la toiture et la charpente). Pour faire entendre sa voix, il a rédigé une pétition adressée à l’attention de Jean-Claude Carra, le maire de la commune, une pétition qui a recueilli plus de 700 signatures dont celles d'architectes réputés.

Selon Michel Dusolle, la nouvelle municipalité a «fait table rase des études précédentes et souhaite raser le bâtiment pour mener l’opération Cœur de village [aménagement de la place Emile-Drominy, ndlr]. Cela coûte plus cher de démolir que de rénover». Pour Jean-François Cabestan, maître de conférences à Paris-I et architecte du patrimoine qui a déjà à son actif plusieurs combats patrimoniaux, «cette décision ne tient pas compte de cette architecture du XIXe siècle, véritable urbanisme à l’italienne».

A la différence de Fontainebleau, «cet édifice est consensuel, il n’est pas en béton», précise-t-il. «A part le fait qu’il bouche la perspective sur le parking, il a toute sa place dans le bourg», indique Michel Dusolle. Pour lui, les souterrains de la bâtisse peuvent même contenir des vestiges archéologiques, comme probablement un aqueduc. Si on met un coup de bulldozer, «on risque de détruire tout cela», s’inquiète l’architecte.