Peut-on considérer des mots sur une carte de voeux comme des propositions retenues (parfois très vagues) ou comme des pistes de réflexion ...?

 

Rien de bien nouveau. Les voeux vont être déclinés dans tous les sens, par catégorie, et seront ainsi automatiquement renouvellés.

C'est l'occasion de dresser des bilans et de se projeter dans l'avenir.

À Auxerre, le maire et président de la Communauté des communes de l'auxerrois, ouvre le bal, mercredi matin, avec les voeux à la presse, une séquence toujours sympathique car en petit comité autour d'une table de travail. Le maire a coutume d'introduire la réunion par un discours qui revient sur les évolutions récentes, les contraintes et les projections sur l'avenir. Ensuite, il répond aux questions des journalistes. Un exercice auquel il est rompu et qu'il maîtrise assez bien.

Vendredi, soit deux jours plus tard, Guy Férez s'adressera aux forces vives d'Auxerre, économiques, sociales et associatives, conviées à Auxerrexpo. Une grand messe suivie d'un cocktail assez frugal, où les questions ne sont généralement pas de mise. D'autres cérémonies de voeux, plus spécifiques auront lieu ensuite jusqu'à la fin du mois, dès lors que l'on dispose d'un mois pour présenter ses voeux.

À Auxerre, les voeux 2015 ont un parfum particulier.

Élu par ses concitoyens pour un troisième mandat, le maire socialiste Guy Férez devenu légionnaire en 2014, n'a toujours pas levé le voile sur son plan de mandat et la manière dont il allait le décliner. Il avait fait retarder l'examen et le vote du budget 2014 jusqu'au lendemain des élections municipales, arguant qu'il ne souhaitait pas engager la ville en imposant des choix budgétaires dont il ne serait pas le maître d'oeuvre.

Idem en cette année 2015, puisque les orientations budgétaires pour 2015 et a fortiori l'examen et le vote du budget, n'ont pas encore eu lieu. Il faudra attendre la fin du mois de mars voire le mois d'avril, ce qui a le don d'énerver les membres de l'opposition municipale qui y voient un subterfuge pour gagner du temps et de l'argent (time is money) dans un contexte économique et budgétaire très contraint.

Échaudé par le projet d'aménagement de la place de l'Arquebuse, conçu et financé par le privé, le maire d'Auxerre qui avait peut-être eu le tort de mettre la charrue avant les boeufs, avait retiré un projet contestable et contesté d'autant plus qu'aucune consultation digne de ce nom n'avait été sérieusement menée avec les instances intermédiaires. Guy Férez voyant monter les oppositions virulentes et déterminées au projet, eut la sagesse et l'intelligence de le retirer, tout simplement, en actant l'échec. Pas question de diviser les Auxerrois, au contraire ...

La dernière séance du conseil municipal au mois de décembre, n'a pas vraiment levé le voile sur la vision d'avenir pour Auxerre.

Certes, la politique menée en matière d'urbanisme, marque de fabrique de l'ère Férez, et de réhabilitation des quartiers, Sainte-Geneviève et les Rosoirs va se poursuivre de manière presque inespérée.

Ces quartiers vont bénéficier d'une manne de l'État, Auxerre faisant partie des communes éligibles. Une trentaine de millions d'aide de l'État devraient ainsi tomber dans les caisses de la ville pour mener à bien ces opérations qui s'inscrivent dans la suite des grands chantiers des Brichères et du quartier rive droite.

 

Finances plombées

Certes, les programmes d'amélioration de la voirie et l'aménagement des quais rive droite de l'Yonne devraient figurer au programme comme d'autres types de réalisations au quotidien. Mais pour le reste, on ne sait rien et on n'a pas de visibilité à long terme, d'autant que les finances communales sont plombées par la baisse des dotations de l'État (600 000 euros), les dépenses supplémentaires liées à la mise en oeuvre de la réforme des nouveaux rythmes scolaires (650 000 euros) et la prise en charge totale du conservatoire de musique à rayonnement départemental d'Auxerre. Jusque-là dirigé conjointement par la municipalité et le conseil général dans le cadre d'un établissement public de coopération culturelle (EPCC), l'établissement  se retrouve sous la seule responsabilité de la Ville d'Auxerre. Le coût dépasse le million d'euros. Jusque-là, le conseil général injectait 2 millions d'euros par an dans la structure. La Ville, de son côté, déboursait 1,2 million d'euros.

Ainsi retréci, le bas de laine de la ville dont la population (35 097) a diminué de 5,70% au dernier recensement (2007-2012) - trésorerie, capacité d'auto-financement ... - est devenu une chaussette trouée dont la reprise s'impose. Il aura bien fallu quelques mois supplémentaires pour amener les services, les uns et les autres, à effectuer les coupes claires nécessaires dans les différents budgets afférents à l'administration de la cité. Avant de procéder aux arbitrages toujours douloureux. Le choix c'est le coût du renoncement.

Outre les réductions de dépenses de fonctionnement dont beaucoup d'associations mesurent déjà pleinement les effets, sans doute ne faut-il pas s'attendre à la réalisation de nombreux nouveaux projets, dont nombre figurant au plan de mandat de la campagne électorale pour les municipales, seront invariablement reportés, voire remis au fond des tiroirs en attendant d'hypothétiques jours meilleurs. Soeur Anne ne voit toujours pas poindre la reprise de la croissance.

Dans ces conditions, que peut-on attendre des voeux du maire Guy Férez aux Auxerrois et pour Auxerre ?

L'exercice, cette fois, semble d'autant plus compliqué, que le premier magistrat de la cité, devrait s'attacher à ne pas dévoiler les orientations budgétaires avant qu'il n'en soit débattu en conseil municipal dans deux mois et demi.

Depuis sa  réélection au mois de mars 2014, le maire a annoncé sans tapage, qu'il procéderait à une vaste consultation des Auxerroises et des Auxerrois, pour connaître leurs désirs et leurs attentes pour Auxerre.

Cette consultation a eu lieu au mois de décembre par téléphone sur un échantillon de 12 000 citoyens.  Les résultats ne sont pas connus et sont vraisemblablement en voie de traitement.

Qu'en feront le maire et les conseillers municipaux, pour qui cela devrait constituer une aide à la décision ?

Guy Férez évoquera-t-il, mercredi matin, devant les représentants de la presse, les priorités qui se dégageront le cas échéant ?

Pour construire l'avenir de la ville, le politique doit innover, prouver, mobiliser dans le mouvement. Avec un souci d'excellence. Vaste programme.

Le maire socialiste d'Auxerre est en tout cas attendu au tournant par son opposant en chef, le député UMP Guillaume Larrivé, chef de l'opposition municipale et ses colistiers. Ce dernier a programmé ses voeux, le jeudi 15 janvier à 19 heures, salle Vaulabelle à Auxerre. Où nul doute, il donnera la réplique.

 

Pierre-Jules GAYE

 

 

 

 

LES VOEUX ORIGINAUX DU NOUVEAU SÉNATEUR DE L'YONNE JEAN-BAPTISTE LEMOYNE

 

Cela annonce-t-il, de manière subliminale, la construction des vestiaires au RC Auxerrois tant attendus sans jamais réclamer... Le député Guillaume Larrivé a déjà signé un chèque de 15 000 euros prélevés sur sa réserve parlementaire