Beaucoup de supporters et fanas de l'AJA s'emploient tous azimut à fournir moultes explications à la piètre qualité du jeu et aux résultats décevants à domicile sur cette pelouse sacrée du stade Abbé-Deschamps. Et dans une moindre mesure sur terrains adverses puisque l'AJA y est plus performante, sans toutefois fournir le jeu espéré par d'aucuns.

Il y a évidemment dans chaque supporter un entraîneur voire un président qui sommeille. C'est ce qui fait qu'on aime ce sport, sa glorieuse incertitude et ses péripéties sur le terrain où rien n'est jamais joué ni acquis, car ... "tout va très vite en foot", expression consacrée devenue horripilante tant elle fait partie des "éléments de langages" com dans les bouches des joueurs cadrés par les coachs avant de sortir des vestiaires, messages imprimés dans les têtes voire dans les poches. Gare à celui qui outrepassera le message délivré aux gogos de journalistes qui ne sont évidemment pas dupes.

Revenons au sujet. Qu'est-ce qui ne gaze pas ?

On peut répondre et c'est facile, que les joueurs ne sont pas bons ce qui est sans doute en partie vrai, que le coach n'est pas à la hauteur de l'espérance instillée ou encore que l'équipe dirigeante n'est pas capable d'insufler la confiance et l'esprit de conquête nécessaire, indispensable mais pas suffisant.

Tout cela n'est sans doute pas tout à fait faux.

Ce qui n'est pas pertinent, finalement, ce sont les états d'âme et les considérations générales beaucoup trop générales. Jugements péremptoires qui masquent le plus souvent la frusration et la déception ou encore analyses qui a force de vouloir démontrer ne démontrent rien du tout.

Alors soyons concrets, pragmatiques, réalistes.

Les joueurs ne savent pas faire une passe dès qu'ils pénètrent dans le camp adverse. Ils deviennent tout à coup comme infirmes, hésitants, paniqués, sans méthode, et sans solution. Certes ils savent faire tourner le ballon dans leur camp surtout lorsqu'ils jouent en retrait. Mais au-delà, c'est la cata. Pas d'idées, pas de solutions pour le porteur souvent esseulé sans solution. D'où le déchet amplifié par une technique approximative, une technique aveugle.

Alors, les ballons balancés devant, dans l'espoir de récupérer les seconds ballons sont la règle, celle du manque d'idée, de vision, d'envie de jouer, ensemble, de feinter l'adversaire en trouvant des solutions intelligentes pour le contourner, le transpercer, le rouler dans la farine avec gourmandise.
 

La passe est un art

La passe précise dans les pieds est la règle numéro trois de l'apprenti footballeur, au Liverpool de Bill Shankley que plus personne ne connaît puisque la jeune génération Ajaïste ne connaît pas Basile Boli.

La règle numéro deux et un, quelles sont-elles, allez-vous demander ?

La deux, c'est être capable de recevoir le ballon en le contrôlant dans un périmètre restreint, à moins de 50 cm du corps. À l'arrêt certes mais surtout en mouvement.

Quant à la règle numéro un, dudit Shankley, c'est de savoir où le joueur va donner le ballon avant qu'il ne l'ai reçu et contrôlé.

Voilà, les fondements du fameux "passing game" du grand Liverpool, les Reds, les Scousers de la grande époque. C'est tout simple, finalement.... et ce n'est pas le journaliste qui le dit, c'est un grand technicien qui a fait ses preuves par la qualité du jeu de ses équipes dans la durée, et son palmarès incomparable avec Ian Paisley sur les stades d'Europe et d'ailleurs.

Afin de ne pas encombrer les esprits, nous ne vous livrerons pas les règles 4 et 5. Ce sont les 5 règles du foot à Liverpool appliquées à toutes les équipes.

Les Auxerrois qui n'hésitent pas à affirmer leur humilité de circonstance devant la presse, doivent donc apprendre à faire une passe dans les pieds.

Sachant qu'une passe n'est pas qu'une passe. lle est le vecteur d'une intention, d'un projet, qui se prépare avant d'avoir reçu le ballon. La technique est au service du projet et non du contrôle pour le contrôle sans vision ni intention.

Une mauvaise passe est la pire des choses. C'est un drame pour l'équipe en mouvement mais aussi un manque de respect du partenaire et l'expression d'un manque de solidarité. La passe c'est le collectif par excellence.

 

Pierre-Jules GAYE

 


 


  • « Le football, ce n'est pas une question de vie ou de mort. C'est bien plus important que cela. »
  • « Dans un club de football, il y a une Sainte Trinité : les joueurs, l'entraîneur et les supporters. Les présidents n'en font pas partie. Ils sont juste là pour signer les chèques. »
  • « Le football est un sport simple, rendu compliqué par les gens qui n'y connaissent rien. »
  • « La pression, c'est travailler à la mine. La pression, c'est être au chômage. La pression, c'est d'essayer d'éviter la relégation pour 50 shillings par semaine. Cela n'a rien à voir avec la Coupe d'Europe, le championnat ou la finale de la Cup. Ça, c'est la récompense. » Bill Shankley