Il est poursuivi pour modification sans autorisation de l’État de l’aspect d’un site classé, camping dans un site classé, et organisation malgré l’interdiction d’un rassemblement festif dans un espace non aménagé.

 

Avec Mediapart et Patrick Artinian

A Vézelay, «la fête ne doit pas être réservée aux messes des scouts» (villageois)

Le village est situé non loin de Vézelay et de sa basilique classée au patrimoine de l’Unesco, à quelques pas du site où Richard Cœur de Lion a rejoint Philippe Auguste en partance pour la troisième croisade.

Lui et son association avaient pourtant pris soin de choisir un terrain isolé au milieu des bois, éloigné de plusieurs kilomètres de la colline historique et touristique.

Mais le préfet de l'Yonne a opposé un niet sans appel et fait évacuer la zone manu militari, suscitant l’incompréhension de la population, ulcérée par la démesure des moyens répressifs. Depuis, une dynamique de solidarité s’est créée.

 

Xénia Marcuse et Nicolas Deslis, 44 ans, menuisier. « Ces festivals créaient aussi un lien entre les générations et les anciens du village se réjouissaient de cette fête. Cette interdiction, incompréhensible, a généré beaucoup de frustration. Il paraissait évident pour tout le monde que ça allait bien se passer, il y avait une dynamique positive. »


Isabelle Georgelin, 55 ans, viticultrice et maire d’Asquins. « La population a pris fait et cause pour les festivaliers, et l’événement a même contribué à réveiller une vieille tendance anticléricale dans certains des villages autour de Vézelay, où l’on ne comprend pas pourquoi on laisse régulièrement déferler des scouts d’Europe par centaines et l’on empêche les jeunes de faire leur festival. Il faudrait quand même veiller à ce que tout ne soit pas interdit parce que l’on est “site classé Unesco“, il ne se passera plus rien. Il ne se passe déjà pas grand-chose. »

 

Odette Beaupin, 88 ans, du hameau Les Chaumots à Asquins. « J’ai bien essayé de donner quelques coups de canne mais l’hélicoptère était trop haut. »


Tina et Robert Falle, 50 et 52 ans, tiennent le bar, restaurant, tabac, journaux à Asquins. « Quand le vendredi soir, la fête a été interdite, les festivaliers ont reflué vers le camping municipal pour y passer la nuit à bord de leurs véhicules. On a fermé le bar parce que l’on n’avait plus rien à vendre et on est allé rejoindre les festivaliers pour les aider à écouler leurs bières et leurs sandwiches sur le camping et leur témoigner notre soutien. Beaucoup de gens d’Asquins ont fait comme nous, ce qui a contribué à resserrer les liens dans le village. »

 

Thierry Veyssière, 54 ans, masseur-kinésithérapeute à l’hôpital d’Avallon et 1er adjoint à la mairie d’Asquins. C’est dans sa grange que sont entreposés tous les éléments des décors construits et peints par les festivaliers. « Dans les années 1990, on a organisé plusieurs festivals dont un concert sur le parvis derrière la basilique de Vézelay, où l'on a fait venir un groupe de musique de renommée nationale et une parade avec un char qui avait défilé dans les rues avec fanfare et cirque. Ça n’avait posé aucun problème. » Pour lui, il faut laisser les élus décider sans que l’État ne s'en mêle


Camille Delcasso, 25 ans, musicien à Paris et membre de l’association organisatrice. « Le festival n’a pas eu le temps de commencer qu’ils sont arrivés pour faire tout arrêter et évacuer le monde. Il y avait des travellers, des alternatifs, des gens qui venaient avec des piercings et des dreadlocks et qui se mélangeaient avec la population locale. Franchement, à Asquins, il n’y a rien et les gens étaient très contents que l’on organise ce festival. Vu que la moitié de l’équipe était du village, tout le monde a mis la main à la pâte et nous soutenait. Ça sert à quoi de brider ce genre de choses, je ne vois pas en quoi c’est un danger pour la société. »

 

Maximilien Veyssière comparaîtra devant le tribunal d'Auxerre pour :

  • Travaux sur un site classé par l’Unesco sans en aviser l'administration (en fait deux trous de 2 m par 1,5 m sur 30 cm de profondeur dans les champs, qui devaient recueillir les excréments des toilettes sèches avant d’être rebouché après la fête, procédé généralement considéré comme plutôt écologiste).
  • Camping sur un site classé protégé par le patrimoine mondial de l’Unesco sans autorisation préfectorale.
  • Organisation d’un événement musical avec diffusion de musique amplifiée malgré une interdiction préfectorale.


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EN SAVOIR PLUS : ASQUINS VEUT SORTIR DE L'OPÉRATION GRAND SITE // VIDEO

 

INTERVIEW DE LA MAIRE D'ASQUINS ISABELLE GEORGELIN

 

 

Isabelle Georgelin, madame le maire d'Asquins, petite commune située au pied de la colline éternelle de Vézelay, explique pourquoi la commune veut sortir de l'opération grand site.
Le premier magistrat de la commune où vécut Maurice Clavel, revient sur les événements du mois de septembre, la fête qui fut interdite, au dernier moment, par un arrêté" préfectoral au prétexte de nuisance environnementale. Ruinant les efforts consentis pendant un mois de travail acharné.

 

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