Philippe Serré, conseiller départemental UMP de Sens, ancien maire et avocat, ne votera pas la subvention d'équilibre 2015 de 254 000 euros à l'amicale d'entraide des conseillers généraux de l'Yonne,  (DR)

 

Ils sont 24 anciens conseillers généraux de l'Yonne à toucher entre 3 000 et 21 000 euros par an de "retraite complémentaire", avec une moyenne s'établissant à 10 600 euros annuels, nets d'impôt. Contre une cotisation de 29 euros par an. Un système pratiqué dans de nombreux départements. Deux mandats et être âgés de 55 ans sont les conditions pour percevoir la dite "retraite complémentaire".

La fonction d'élu, historiquement, était une fonction honorifique. Ces derniers étaient aux frais réels. C'est-à-dire qu'ils étaient remboursés des frais occasionnés et dûment justifiés par l'exercice de leur activité.

De 1975 à 1992, dans l'Yonne, les élus du conseil général recevaient des indemnités. Jusqu'en 1992 et l'introduction du statut de l'élu, une "retraite complémentaire" des élus du conseil général de l'Yonne était financée via l'Amicale d'entraide créée par eux. La loi de 1992 a intégré l'ancien système tel quel jusqu'à extinction des droits. C'est bien là la confusion.

Les cotisations à l'amicale d'entraide des conseillers généraux de l'Yonne représentaient 870 euros en 2013. Tandis que la subvention d'équilibre adoptée par le conseil général de l'Yonne représentait la somme de 295 000 euros, une somme variable qui a chiffré jusqu'à 440 000 euros. Chaque année, au moment du vote du budget, les conseillers généraux votent la subvention appelée d'équilibre.

Des chambres régionales des comptes ont rendu des avis affirmant qu'on ne pouvait pas maintenir des systèmes où les cotisations sont réduites à des sommes symboliques (870 euros pour un budget de 295 870 euros dans l'Yonne en 2013). Pour ces chambres régionales des comptes, il ne faut pas que les fonds publics servent les intérêts particuliers des membres de l'association dans le mesure où ils se distribuent entre eux le montant de la subvention publique.

 

Un poison pour la vie démocratique

La notion même de subvention est destinée à contribuer à l'objet social de l'association à but non lucratif. En outre, dans l'esprit, une subvention d'équilibre est une subvention allouée afin d'apporter un complément, à la marge, aux fins d'équilibrer les comptes.

Un autre aspect du problème réside dans le fait que la "retraite compléméntaire" est nette d'impôt, ce qui contrevient au principe d'égalité fiscale pour ne pas dire d'équité. Cette retraite complémentaire qui est plus exactement une rente, comme dans l'ancien régime, servie aux membres de la cour, est exonérée d'impôt. Or tout revenu devrait y être soumis.

Le conseil départemental de l'Yonne, lors du débat portant sur les orientations budgétaires, la semaine dernière, a botté en touche, reportant l'examen du dossier à la session budgétaire des 28 et 29 avril.

Nicolas Soret (PS) et Christophe Bonnefond (UMP), notamment, ont demandé des explications afin que toute la lumière soit apportée sur ce dossier. Le président André Villiers a indiqué pour sa part qu'il attendait les conclusions d'un cabinet d'avocat, et que les pièces du dossier seraient communiquées lors de la session budgétaire.

Philippe Serré, ancien maire de Sens, conseiller départemental UMP et avocat, soutient que le législateur doit s'emparer du dossier qui empoisonne la vie démocratique, au plus vite, dès lors que plusieurs départements voire conseils régionaux sont concernés, l'affaire n'étant pas strictement icaunaise.

Philippe Serré estime d'autre part, que si une nouvelle subvention d'équilibre était votée, elle est susceptible d'être attaquée devant le tribunal administratif car elle poserait un problème de droit public sur l'usage de ladite subvention ainsi que sur le non respect du principe d'équité fiscale.

C'est pourquoi il annonce qu'il ne votera pas la subvention d'équilibre prévue dans le projet de budget 2015, d'un montant de 254 000 euros. L'élu de Sens demandera quu'il soit sursis à la décision en attendant que le législateur se soit prononcé et remis de l'ordre.

 

Pierre-Jules GAYE