Les acteurs icaunais sont absents dans les instances à Dijon où tout se noue. Et les politiques icaunais n'impulsent pas, divisés et peu collaboratifs. Il n'y a plus de rassembleur, les cloisons sont étanches.

 

L'Europe, l'État et les régions sont étroitement associés dans les politiques économiques déclinées qui font l'objet de mesures incitatives avec des financements importants se chiffrant en milliards d'euros. C'est à ce niveau que se jouent les politiques économiques publiques pour autant que les territoires y souscrivent sous forme de projets qui entrent dans le cadre défini par les trois instances. L'effet de levier est surpuissant.

 

R&D

 

Sans entrer dans les détails, pour faire simple, on peut dire que l'objectif des politiques économiques publiques engagées, est de favoriser le développement et l'innovation.

En Bourgogne, 80% des PMI/PME sont souvent des entreprises sous-traitantes qui n'ont pas les moyens de financer un service recherche et développement.

D'un mot, l'Europe, l'État et la région visent à favoriser les projets collaboratifs permettant notamment de pallier les insuffisances. Bref, aujourd'hui, en 2015, plus personne ne peut travailler seul dans son coin. Il faut apprendre à travailler en équipe et à coopérer pour dynamiser l'économie et offrir de nouveaux débouchés.

Or l'Yonne est le seul département de Bourgogne à ne pas avoir de plateforme collaborative. Il n'y a donc aucune politique économique de territoire accrochée à la manne Europe-État-région. Ce sont donc les trois autres départements bourguignons qui profitent de l'enveloppe globale annuelle.

Des tentatives ont émergé, ces dernières années, notamment dans le nord de l'Yonne avec la plasturgie puis la mécanique mais elles ont vite avorté, faute de volonté politique et de volonté de coopération.

Aujourd'hui, un projet a pris corps, Defison, le développement économique par les filières du son (le vibratoire, l'ondulatoire cfr Joseph Fourier). Une association promeut le projet qui est transversal et intéresserait tous les pans de l'économie car son et ultra-sons sont partout ( traitement des eaux usées, imagerie, usinage de pièces etc) et génèrent des applications nouvelles de plus en plus étonnantes, moins coûteuses qui s'inscrivent de surcroît dans le développement durable.

Mais ce projet  porté par la CCI et la Maison de l'Entreprise, résolument (le président Pérez a écrit à mille entrepreneurs pour qu'ils adhèrent à l'association qui a besoin de 200 adhérents pour être labellisée par la préfecture de région), ne semble pas faire l'unanimité, en tout cas ne soulève pas l'enthousiasme. La Loire-Atlantique qui en a eu vent, par dieu sait quelles ondes, réfléchit à ce concept qui n'existe nulle part ailleurs.

 

L'Yonne écartelée, divisée et hésitante

 

Côté politique, c'est plus que mou. L'Yonne est écartelée et divisée, au sein même de la majorité, jusqu'au sein même de l'UMP. Ces phrases du sénateur UMP Henri de Raincourt, ancien président du conseil départemental de l'Yonne, publiées sur son compte Facebook, caractérisent parfaitement l'ambiance.

"Le nouveau Conseil Départemental de l'Yonne vient de rater son départ.Voter une augmentation des impôts après l'avoir fait sur les droits de mutation est une faute économique, sociale et politique majeure.
Seuls 24 élus sur 42 ont validé cette dérive. Les électeurs vont avoir le sentiment d'avoir été trompés lors des élections de mars dernier. Si encore c'était pour financer un projet de développement. Sur ce point c'est la continuité : le vide.

Qu'on ne nous fasse pas croire que c'est pour financer le numérique. L'Yonne est un des mauvais élèves de France." (sic). André Villiers président UDI du nouveau conseil départemental désormais paritaire appréciera ainsi que ses 23 partisans.

Côté collectivités et communautés de communes, communauté d'agglomération et PETR récemment créé dans l'Yonne (pôle d'équilibre territorial et rural) qui englobe plusieurs communautés de communes formant un bassin de 150 000 habitants, on ne voit rien venir de précis, sinon les problèmes récurrents qui reviennent à la surface, telle la gestion des déchets et les centres d'enfouissement dont personne ne veut sauf chez le voisin (la communauté de communes de l'agglomération migennoise (CCAM) veut quitter le syndicat mixte d'étude pour le traitement et la valorisation des déchets ménagers et assimilés du Centre-Yonne estimant qu'il a échoué dans sa mission de trouver un lieu d'enfouissement), ou encore l'implantation d'une aire de grand passage qui fait défaut depuis des années en auxerrois, ce qui contrevient à la loi.

Dernièrement, la communauté d'agglomération de l'Auxerrois a validé le projet de pôle environnemental dans l'Auxerrois qui se veut avant-gardiste. Avec l'implantation d'un incubateur à la sortie d'Auxerre route de Lyon.

Une structure vouée à faire germer toute initiative économique liée aux activités vertes, qu'elle émane de professionnels ou d'étudiants.

Mais la structure est vide, il faudra la remplir. La remplira-t-on ? N'est-ce pas mettre la charrue avant les boeufs ? Pôléthic, à Saint-Sauveur, pôle de développement durable ne parvient pas à trouver son envol.

Alors d'études en études souvent sur le même sujet, ce qui constitue objectivement un procédé dilatoire, tout le monde attend. Comme le projet sur l'eau dans la plaine du Saulce : une nouvelle étude initiée par la nouvelle équipe de la communauté d'agglomération va être commandée, puisque la denrière a fait flop à Champs-sur-Yonne et remonté les agriculteurs qui en ont marre d'entendre des propos insensés de technocrates qui dessinent des ronds et des carrés pour dire ce qu'on doit mettre dedans sans tenir compte de la réalité humaine et économique. Allez, de la luzerne, c'est bon ça pour piéger les intrans, non ?

 

Férez en position de stratège

 

Comment s'étonner que le président du nouveau pôle d'équilibre territorial et rural, Guy Férez, maire socialiste d'Auxerre et président de la communauté d'agglomération, attend beaucoup d'une étude commandée à une officine spécialisée, pour savoir ce qu'il faut faire en matière de développement économique ...? Car la compétence principale du fameux PETR c'est le développement économique dans le bassin d'emploi élargi.

Tout le monde rame. Tout le monde se dit plein de bonne volonté mais rien n'avance vraiment. Et quand on peut torpiller le voisin, on ne se prive pas.

Cette politique, ces méthodes qui n'en sont d'ailleurs pas, les citoyens n'en veulent plus et n'en peuvent plus de regarder ce spectacle affligeant. Y compris celui des études qui s'empilent les unes sur les autres et coûtent une fortune aux contribuables. Sans jamais vraiment savoir si la dernière est la bonne.

AUXERRE TV a interviewé Jean-Marc Denis, qui est chargé de mission innovation pour l'UIMM (union des industries et métiers de la métallurgie) en Bourgogne où il est chargé d'appliquer la politique nationale. Elle tient en deux mots : innovation et collaboration-réseau et dispose de moyens conséquents, deux fonds, le FII (innovation et invention) de 20 millions d'euros et l'ESSOR PMI, facilitateur de projets et d'emprunts.

Jean-Marc Denis sillonne la Bourgogne où 80 projets sont initiés. À Dijon, dans les diverses instances où il est invité, comme beaucoup d'autres, il est quasiment, à chaque fois, le seul Icaunais présent.

On peut légitimement se demander si l'Yonne, sa vraie vocation, n'est pas, justement, de ne rien faire ? Surtout ne rien entreprendre. Ensemble. Et de continuer à cultiver son pré carré.

 

Pierre-Jules GAYE

 

Jean-Marc Denis, chargé de mission innovation pour l'UIMM (union des industries et métiers de la métallurgie) en Bourgogne (DR)