TRIBUNE
Le FN est une négation brutale de l’esprit critique
le mardi 08 décembre 2015, 20:34 - TRIBUNE - Lien permanent
Tribune écrite par Cécile Alduy, professeure de littérature à l’Université Stanford, auteure de Marine Le Pen prise aux mots. Décryptage du nouveau discours frontiste (Seuil, 2015)
Quelques semaines à peine après les attentats qui ont semé la mort dans Paris, la France révèle au monde un tout autre visage que celui, fier et endeuillé, qui avait suscité compassion et admiration. Non plus la France tolérante, patrie de l’idéal « liberté, égalité, fraternité » que Barack Obama célébrait, mais une France qui puise dans ses peurs la justification du repli, de la xénophobie et de l’autoritarisme assumé. Double deuil, de nos morts et de nos valeurs. Les triangulaires et désistements républicains du second tour pourront bien amoindrir les gains électoraux du Front national en termes de sièges et de présidences de régions.
Qu’importe, presque, le détail des scores définitifs : quand le Front national atteint 30,6 % des voix au premier tour au niveau national et que les Français placent en tête du podium Marine Le Pen et sa hantise de « l’immigration bactérienne », Sophie Montel en Bourgogne Franche-Comté, qui défendait les propos de Jean-Marie Le Pen sur « l’évidente inégalité des races » en 1996, ou Marion Maréchal-Le Pen en PACA, qui juge dans Présent que « les musulmans ne peuvent avoir exactement le même rang que la religion catholique », il y a d’ores et déjà un grand perdant. Ces élections signent la défaite de la pensée. Défaite de la pensée d’abord car les attentats ont plongé le pays dans le règne du sentiment et du viscéral. L’impensable nous asservit à sa logique, bloque la réflexion, nous confine dans les impensés.
Plus de fragilité envers le politique
Ce traumatisme, loin de susciter un sursaut démocratique, a fragilisé une confiance déjà abîmée envers les autres et envers le politique. Sauf chez les électeurs frontistes sur motivés par ces mêmes événements, car préparés à y lire la réalisation des prophéties de « guerres interethniques » régulièrement annoncées par le Front national. Car le Front national, parti volontiers anti-intellectuel qui valorise le « bon sens du peuple » et se nourrit de préjugés, est à la fois le parti qui réfléchit le plus au poids des mots et celui qui distille le prêt-à-penser le plus rigide et le moins propice à la pensée comme activité critique.
D’un côté il coopte en les détournant certaines valeurs républicaines porteuses, de l’autre, il propose depuis quarante ans un même roman national figé qui vend du mythe plutôt que l’analyse. Refus de penser l’autre dans sa complexité et dans son devenir, refus de penser l’histoire de France comme autre chose qu’une fresque glorieuse, refus de penser l’individu au-delà du cercle étroit des traditions héritées et des liens du sang et de la parenté, injonctions à croire aveuglément aux autorités établies, amalgames… Son discours est une négation brutale de ce pour quoi la France est justement admirée de par le monde : l’esprit critique, la pensée rationnelle, la recherche historique. Or les médias n’offrent plus un espace de lecture possible de cette imposture.
Friands de petites phrases, si possible « chocs », d’images plus que d’analyses, ils laminent le discours, le saucissonnent en citations et détruisent ainsi la possibilité pour le public d’en faire lui-même une lecture critique. Comment cerner les valeurs réellement portées par une Marine Le Pen qui dénonce, le 28 novembre, des terroristes qui veulent « diviser les Français, les opposer les uns aux autres », si ses mots, qui reprennent presque verbatim ceux de François Hollande (« Que veulent les terroristes ? Nous diviser, nous opposer »), ne sont pas resitué dans la logique souterraine de son discours entier ? Discours de vengeance, quand celui du président insistait sur la fraternité. Défaite de la pensée donc, car pensées défaites, non pas déconstruites ou dépliées, mais morcelées, copiées collées et tronçonnées en cubes cathodiques consommables mais indigestes pour l’esprit.
La faillite de la pensée n’est en outre guère l’apanage du Front national. En face, la défaite est politique et sémantique avant d’être électorale. Droite et gauche de gouvernement souffrent d’une erreur d’analyse du marché politique : chacun essaie de cerner la demande des électeurs et prend le Front national comme étalon de leurs aspirations.
D’où une escalade à droite sur les thématiques identitaires et migratoires depuis la présidence Sarkozy, sur la demande sécuritaire et autoritaire depuis le gouvernement Valls. Cette stratégie ne peut que renforcer le Front national, crédibilisé par ses imitateurs, et brouiller l’image des autres partis, devenus illisibles à force de se renier. La dédiabolisation est autant l’œuvre de Marine Le Pen s’emparant des mots de la République que de ceux qui normalisent son discours en répétant ses clichés, du « clash de civilisation » à la symbolique ambiguë de la déchéance de nationalité.
Or il est urgent de reconstruire une offre politique alternative, cohérente et indépendante du logiciel frontiste. De reprendre le combat culturel, de réfléchir plutôt que refléter le monde FN, d’élaborer un programme clair dans ses valeurs et ses actions, d’actualiser plutôt que de sacraliser une « République » devenue totem. C’est-à-dire de se remettre à penser.
Commentaires
Ah, si autant d'énergie avait été dépensée depuis l'élection de François Hollande pour combattre le chômage, faire baisser les impôts, augmenter les salaires et les retraites, je ne doute pas que cela aurait eu un résultat positif !
Je me remets soudain à penser, c'est bizarre car j'en avais un peu perdu l'habitude laissant mon esprit vagabonder sur des sujets futiles. Je repense à François Mitterrand et à sa fille cachée entretenue par nos soins pendant des années, à sa francisque, a son ami Bousquet, je repense à Jacques Chirac et ses frais de bouche, ses emplois fictifs, ses voyages en avion payés par ????, je repense aux TIBERI et à leurs faux électeurs, aux BALKANI et leurs déboires avec le fisc, leur condamnation dans des affaires d'abus de biens sociaux, je repense à la fédération socialiste du nord et ses déboires avec la justice, je repense à l'affaire GUERINI à Marseille, je repense à Nicolas SARKOZY avec l'affaire mémé schampoing, à l'affaire BYGMALION, à ce ministre du budget qui faisait la chasse aux fraudeurs et qui avait un compte caché en Suisse, à ce ministre qui ne payait pas ses impôts car il avait horreur de l'administration, bref il vaut mieux arrêter de penser car je ne sais pas jusqu'où cela me mènerait.
Si , je pense à une chose qui aurait de la gueule : Manuel VALLS allant entre les 2 tours soutenir les candidats LR dans leurs meetings.
De tout cela la démocratie ne sort pas victorieuse et ils n'ont toujours rien compris.
C'est peut être à eux qu'il faut dire : REPENSER
WAOUH ! Trop fort ce Sale Gosse !
Je remballe tous mes stylos et je
rentre dans ma niche
Mon côté intellectuel de gauche est, je l'avoue, pleinement satisfait de cette brillante tribune et à tête déposée, comme l'aurait dit Louis XVI, ce côté y adhère complètement. Mais voila, d'un autre côté, oui j'ai plusieurs facettes car je suis hélas volumineux, et c'est d'ailleurs pour ça que j'espère en un changement de régime. D'un autre côté donc, dans le genre "sale gosse", une image se forme, celle où une bande de bourgeois nantis et contents d'eux, après être venus s'encanailler dans un bouge sordide, se fait "tabasser" dans la rue par une bande de loubards. Sous les yeux goguenards de quelques passants qui passent, les voila soudain, eux qui sentent encore les effluves de leurs turpitudes, sinon de leurs vomissures, qui s'offusquent et se drapent dans leur dignité qu'ils venaient pourtant précédemment d'oublier pour leur plus grand plaisir. Oui mon Jacques, les bourgeois, c'est comme les cochons, plus ça devient vieux, plus ça devient bêtes.
Ces nouveaux bourgeois, même pas aristocratiques Monseigneur, sont ceux de la caste "politico-médiatique" qui à force de rester dans "l'entre-soi", dans ce que le Raymond appelait le "microcosme", ont oublié tout sens de la mesure, en jouant avec les vertus tels des pédophiles, en se croyant être une élite au dessus du peuple, d'un peuple qui faute de pouvoir le dissoudre, on en contourne les décisions pourtant souveraines. Voir ces gens là se prendre une bonne raclée, amuse surement le passant qui passe, mais cela en fait-il pour autant un complice des loubards ? Oui mesdames et messieurs, vous qui par ici passez, ne nous trompons pas, il ne s'agit pas de prêter main-forte aux loubards, peut-être même faudra t'il appeler à une certaine modération, du genre : "pas la tête, pas la tête, comme elle est vide elle risque d'exploser".
Moi je vous invite à tendre une main secourable à ces bourgeois étendus dans le caniveau. Après leur avoir fait remarquer qu'il s'étaient eux-mêmes mis dans cette galère, de les inviter à un aggiornamento ... allegro ma non troppo. Pousser des cris d'orfraie avec eux serait se rendre complice de leur hybris, de leur démesure, signe avant-coureur d'une décadence certaine. Mais que faire ? me direz-vous. Sans nul doute il nous faut nettoyer les "écuries d'Augias", mais voila moi je ne suis pas Hercule, juste un sale gosse à la manière de Diogène.