Le Front républicain que l'on croyait mort, a encore fonctionné à merveille pour barrer la route au Front national, et au-delà des espérances de ses partisans. Et détracteurs, à commencer par Nicolas Sarkozy, le Le Pen light, resté bouche bée KO debout.

Monsieur ni ni (ni retrait ni fusion) a perdu sur toute la ligne de sa stratégie, du début à la fin. Le rempart devant le FN ce n'est pas lui, celui qu'il prétendait incarner. La droite a gagné des régions (7) mais elle a perdu, il suffit de regarder les chiffres. Ses scores ont été globalement aussi faibles qu'aux régionales de 2010, quand la droite exerçait le pouvoir national.

À la montée du FN et son score historique (6,8 millions d'électeurs) atteint à ce deuxième tour des élections régionales, correspond un effondrement des partis traditionnels, l'UMPS, qui n'ont dû leur salut qu'à une mobilisation hors du commun. C'est grâce à la participation en forte hausse et aux retraits des candidats de gauche, que le Front national n’a remporté aucune région.

Ainsi paradoxalement, apparaît par défaut, la victoire des électeurs de droite et de gauche, qui conforte la thèse de victimisation lepéniste sur « l’UMPS » qui verrouille le système tant dénoncé et à juste titre.

La gauche a perdu et beaucoup perdu. Des régions, mais aussi des sièges dans les conseils régionaux où elle ne siégera plus jamais pendant 6 ans. Et barrer la route de l'exercice du pouvoir au FN est devenu l'ultime argument pour mobiliser et rassembler au-delà d'un parti moribond, aussi moribond que les partis anti-système, écolos, front de gauche, rayés de la carte dès le premier tour.

Le citoyen à force de voter contre, sait-il pour qui il vote et pour quoi ? Que peut-il espérer dans ces conditions ?

Qu'on ne s'y trompe pas. Il n'y a pas de victoire, d'ailleurs personne ne triomphait sur les plateaux de télévision même si certains ont réussi à se quereller quand même dans ces circonstances finalement empreintes de gravité.

Xavier Bertand évoque une rupture en affirmant que plus jamais il ne ferait de la politique comme avant. On attend de voir. Et les autres aussi, les nouveaux et les anciens.

Il va falloir balayer devant sa porte et nettoyer les écuries d'Augias. Rapidement.

Ensuite réinventer la politique et la manière de faire de la politique. Privilégier la transparence, le débat public, l'honnêteté, supprimer les privilèges et prébendes ou passe-droits, autrement dit se vouer totalement au service de l'intérêt général en gérant les budgets comme ils compteraient leurs sous, qui ne sont pas les leurs mais les nôtres. L'argent public.

Si le score du Front national est au niveau où il est dans l'Yonne (37,63%), au-dessus de tout le monde en France, c'est peut-être aussi à cause de cela et parce que plus qu'ailleurs, il faut faire cesser la gabegie, les dépenses inutiles, le gaspillage terrifant parfois.

C'est un sacré chantier qui attend tous nos élus. Seront-ils capables de se retrousser les manches. Ont-ils enfin compris le message du peuple de France. Vont-ils descendre de leur arbre et empoigner les réalités à-bras-le-corps ? Vont-ils enfin coopérer, travailler ensemble et laisser au placard tous les ingrédients de la politique politicienne qui paralysent comme un poison la vie collective ?

Vont-tils se serrer les coudes et oeuvrer pour faire reculer le chômage et la pauvreté qui gagnent nos campagnes mais aussi nos villes ?

Pour qui sonne le glas, à un peu plus d'un an de l'élection présidentielle ?

Dans un contexte d'une France en état d'urgence, où l'on entend le bruit des bottes, alors que se multiplient les fouilles, perquisitions administratives et la surveillance. La droitisation sur le thème sécuritaire et anti-immigrés est en marche au grand galop. La droite de Sarkozy y est pour beaucoup et va redoubler dans ce sens pour siphoner le FN, ce qui n'a jamais marché jusqu'ici, et Hollande va prolonger l'état d'urgence pour siphoner Sarkozy avant la présidentielle, menaçant les libertés publiques en banalisant une situation explosive sur le plan social et économique car la reprise est un leurre.

La France est en sursis.

 

Pierre-Jules GAYE