VIDEO INTÉGRALE DE LA CONFÉRENCE

 



 



 

 

Humanité. Tendresse. Par l'humour.

À priori un sociologue c'est pas drôle, moins drôle qu'un ethnologue par exemple, qui lui peut faire rire. Vrai que dans l'Yonne on est gâté avec Pascal Dibie l'homme de Chichery-la-Ville. On peut se fendre la gueule avec Laporte  le pote Éponien ou La Porte son livre initiatique. Tout en s'enrichissant.

Alors allions-nous rire ou sourire en allant écouter François de Singly au théâtre, sur le thème de la rupture, de la séparation et du divorce ... tout ce qui, a priori, tire vers le bas et conduit chez le pharmacien pour les anti-dépresseurs, à l'isolement car on souffre et on est honteux car en échec et en plus, on ne comprend pas ce qui nous arrive.

La salle du théâtre était non pas comble, mais très bien remplie, composée aux deux tiers par un public féminin assez jeune. Surprenant. Finalement non, lorsqu'on a appris par la voix du scientifique que, statistiquement, ce sont les femmes qui demandent le divorce, pas les hommes.

La conférence sur le mode conversation (comme dans les couples lorsqu'il n'y en a pas) fut un bon choix car cela a permis d'ouvrir le champ sur des territoires en souffrance qui font souffrir les humains.

Humble, timide (?) se prenant les pieds dans le tapis plus ou moins volontairement, ce qui était malgré lui une manière de se mettre au niveau des uns et des autres (mais aussi peut-être une forme de manipulation voire d'orgueil masqué), François de Singly y est allé doucement, en douceur, à tâtons ... Avec quelque chose de Fabrice Lucchini dans le phrasé et l'intonation chevrotante.

 

Un personnage attachant

 

Après tout s'il était en terre inconnue pour un Parisien, il savait tout de même en honnête homme qu'il est, qu'il foulait la terre de Paul-Bert, de Joseph Fourier, de Bienvenu-Martin, sans évoquer Émile Combes (séparation des églises et de l'État), non plus que l'extraordinaire Charles Surugue ou Colette, experte en animaux domestiques cfr la Chatte.

À coup d'anecdotes témoignées ou de témoignages anecdotés comme on voudra, l'homme de Singly a fait surface livrant un personnage attachant sur la scène, un baume pour toutes et tous. Car le public dans la salle, intelligent, était venu chercher des fiches d'explication, des éléments de compréhension, des mots et idées qui aident à vivre, au jour le jour, au ras du sol parfois, quand on n'en peut plus. Du moins est-ce ce que nous avons cru comprendre au travers des questions soulevées par la salle.

Alors qu'avons-nous appris ou plutôt réussi à retenir ?

L'universitaire catégorise et classe. Parfois on a le sentiment que c'est le summum de l'intelligence. Cela pourrait être l'inverse en certaines circonstances.

C'est la dimension qui pose et cartésiannise. Allons-y : il y aurait trois formes de causes de divorces, sachant qu'en principe les femmes ne divorcent pas (les hommes encore moins). Première cause, l'homme odieux (pas besoin de détails), deuxième cause la rupture sous forme de recherche du passé leurre (ai-je raté ma vie au point que j'aurais pu la réussir avec un amour d'antan dont je peux reprendre le fil) ..., troisième cause, le développement personnel.

 

Point d'interrogation  ?

 

Vous ne comprenez pas ? C'est la nana qui épouse un mec super à tout point de vue, à 24 ans et qui est regardée toujours de la même façon par le mec en question, à 34 ans. Or elle, a évolué et n'est plus la même. Donc elle cherche à poursuivre son chemin. Sans lui.

Tout cela paraît assez sec voire dur. Or ce ne fut point. C'est là que tout se décanta car le conférencier ou plutôt interlocuteur (il est manifestement obsédé par sa femme et s'attend à ce qu'elle le quitte... il faut qu'il fasse attention car il pourrait être surpris un jour,  comme chacun d'entre nous), enveloppa littéralement l'assistance par son humanité, son humour décapant parfois, mais d'une tendresse jamais démentie pour que l'on se trompe sur le bonhomme.

Pas un somnifère mais un vrai remontant. Avec des pistes de réflexion vraies. Car François de Singly, ne s'est pas dérobé. C'est l'homme profond qui a parlé, délivrant de manière subliminale quelques messages, au grand dam de son alter ego sur scène, Héloïse Lhérété, la rédactrice en chef du magazine Sciences Humaines, qui se vit délivrer une réponse sèche et sans bavure sur la lâcheté des hommes : "Non". Héloïse red chef qui a remarquablement dirigé le débat. Pas facile avec un tel bonhomme qui parfois, impose sa parole aux dépens de l'autre. Au prétexte d'oublier ce qu'il va dire ou a à dire.

 

Le Nous est féminin

 

Extraits choisis au hasard

 

- L'homme et la femme n'ont pas la même vision. Pour l'homme la vie de famille est une chose parmi d'autres. La femme demande à être validée sur l'ensemble et tout le temps.

- On divorce de plus en plus dans les premières années du mariage. Et on reste le plus souvent bon copains, ce qui défie la compréhension de certains. Aux États-Unis, en vogue, le selfie de lui et elle devant le palais de justice et la bulle d'exultation : on est divorcé ! Avant de fêter l'anniversaire du divorce. Chaque année. Avec les ex.

- Animal domestique, lien permanent, qui rassemble la famille ou plutôt évite qu'elle s'atomise.

- Coup de foudre, philtre : ce n'est pas notre faute... et pire, on est dépossédé par la passion qui rend dépendant, voire aliène. Ce n'est pas de l'amour. L'amour est une construction lente.

- Mon "je" c'est mon monde... si mon monde n'est validé par personne d'autre que moi, je sombre dans la folie... le remède : prendre un conjoint.

À lire la réédition du livre du philosophe juif Martin Buber, "Le Je et le Tu".

Toute vie doit être une véritable rencontre.

De l'amour et de son mystère, qui appartiennent à chaque être unique, rien n'aura été dévoilé. En toute pudeur.

 

Pierre-Jules GAYE

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Prochaine conférence au théâtre : l'adolescence avec un spécialiste renommé

 

Je et tu circonstanciel : à gauche le conférencier, à droite la rédactrice en chef (DR)