François Hollande joue sa peau. Le projet de réforme de la Constitution dut-il avorter ou ne pas passer, et c'en serait fini.

Dans son discours devant le congrès à Versailles le 16 novembre, au lendemain des attentats meurtriers à Paris, le chef de l'État avait tout fixé, dans l'ordre de la surrenchère sécuritaire anti-terroriste certes, mais politique en priorité.

L'objectif présenté grâce à l'aubaine, consistait à couper l'herbe sous le pied de la droite et de l'extrême droite dans la perspective de l'élection présidentielle de 2017, et faisant d'une pierre deux coups, pour la "gauche" de se réapproprier les valeurs symboliques de la République, drapeau, Marseillaise, liberté, égalité et fraternité, en tête de gondole.

Alors, après, la mise en musique fut un vrai capharnaüm. Personne n'y comprend rien, éminents juristes en tête. Quant aux politiques, après un oui béat de bénis oui-oui, ils ont humé le vent, à l'image de notre excellent député LR Guillaume Larrivé. Il a voté oui au projet de réforme constitutionnelle et à la déchéance de nationalité. Comme les deux autres députés de l'Yonne Marie-Louise Fort (LR) et Jean-Yves Caullet (PS).

L'Assemblée a adopté dans la douleur, le projet de réforme constitutionnelle à une majorité de plus des deux tiers, requise pour modifier la Constitution.

Seulement voilà : le projet doit être examiné et voté par le Sénat en mars. Ce n'est pas fait d'autant que les sénateurs souhaitent réécrire le texte ou plutôt les articles en question, le 1 et le 2, particulièrement.

C'est seulement après, si le Sénat donne le feu vert, que surviendra l'épreuve ultime et décisive dans le cadre du congrès réuni à Versailles rassemblant députés et sénateurs pour un vote.

Si on vous dit que tout cela c'est du vent, inopérant (les terroristes s'en tapent le coquillard) et inutile (la loi prévoit toutes le situations pour contrer), vous vous direz, à quoi bon alors toute cette poudre aux yeux ? Et vous aurez raison.

Le premier échec, flagrant, de François Hollande est d'avoir divisé au lieu de rassembler. Où est l'unité nationale ? Tous les partis sont explosés.

Le deuxième échec est d'avoir touché aux principes républicains et de s'être assis dessus.

C'est plus grave.

Un homme a donné la mesure juste et en une phrase a tout dit. Emmanuel Macron pourtant décrié comme homme de droite libéral vassal du grand capital, a exprimé sa conviction non sans courage.

"On ne traite pas le mal en l'expulsant de la communauté nationale..." en se référant à la déchéance de nationalité.

 

Pierre-Jules GAYE