Pascal Henriat, adjoint aux finances a présenté les ressorts du budget 2016 (DR)

 

S'il était candidat tête de liste et s'il réussissait à prendre sa revanche en 2020 à la mairie d'Auxerre (malgré le vote des voix des musulmans), Guillaume Larrivé a démontré, jeudi soir, qu'il avait manifestement besoin d'un bon financier. Le centriste MoDem Pascal Henriat, actuel adjoint aux finances du maire socialiste Guy Férez, pourrait être celui-là, moyennant un bon transfert au mercato.

Mais soyons sérieux, ce n'est que de la politique fiction, inspirée par la séance du conseil municipal d'Auxerre, de jeudi soir, dont certains attendaient des étincelles en-dehors du combat de coqs.

De la bouche même du leader de l'opposition, le député et porte-parole LR Guillaume Larrivé, l'adjoint aux finances Pascal Henriat a été carré et ses slides bien présentés. Il est vrai que l'homme, qui a du vécu près de JPS son mentor, se révèle au fil des mois dans ses diverses fonctions. C'est qu'il lui est apparu au cadre bancaire de l'Écureuil, naturellement, le devoir de transmission.

L'augmentation des impôts (8%) la première depuis 2010 à Auxerre, est passée comme une lettre à la poste. Au prix d'un reniement de la promesse électorale, nécessité faisant loi.

 

Vendre Auxerre à Paris et en Île-de-France

 

Le groupe de l'opposition a voté contre sans vraiment proposer une alternative crédible. Certes, le leader - en l'absence de Patrick Tuphé - tiens ces deux là ne sont jamais au même endroit au même moment -  Guillaume Larrivé, poussé par un Guy Férez qui a du recul et de la bouteille, a affirmé que lui, n'aurait pas augmenté les impôts, reprochant à Férez sa promesse électorale numéro un. Le reniement. Et la facture "présentée par Hollande" que le maire assume en augmentant les impôts pour couvrir les 1,7 millions d'euros de recettes manquantes.

Qu'aurait-il fait pour trouver les 1,7 millions d'euros manquants en section fonctionnement ? Il aurait, a-t-il dit, gelé la politique de rénovation urbaine, marquant une pause. Et puis il dit qu'il aurait mis en oeuvre une action structurante qui eût justifié un emprunt au long cours.
Guillaume Larrivé a  ensuite proposé de vendre Auxerre pôle d'enseignement supérieur auprès de la conférence des présidents d'Université de Paris-Île-de-France et des grandes écoles.

Les écologistes par la voix de l'adjointe Maud Navarre ont dit oui pour cette année mais proposent des pistes pour ne plus les augmenter.

L'adjoint au commerce Didier Michel, SÉ (il a précisé qu'il n'était ni socialiste ni ailleurs), apprécie l'effort maintenu sur les investissements.

Auparvant, divers dossiers ont été examinés et adoptés.

 

Laïcité, une charte controversée

 

Ainsi, une charte locale de la laïcité bien que controversée, a été adoptée à la majorité.

Le groupe de l'opposition a voté contre car selon Guuillaume Larrivé son leader, elle introduit la possibilité de subventionner un lieu cultuel s'il représente un "intérêt local public", confirmant une jurisprudence.

En ligne de mire le projet de construction d'un lieu de prière, digne de ce nom, rive droite, par l'association Averroès qui a acquis un terrain vendu par la ville. Le groupe d'opposition dénonce le "communautarisme" (lettre à l'appui). Le député Guillaume Larrivé a en effet cru devoir lire publiquement une phrase de la lettre que lui a adressée le président de l'association en question. Cette phrase suggère que les Musulmans d'Auxerre ont voté contre lui aux élections municipales.

 

Vaste consultation sur l'avenir

de la place des Cordeliers

 

Enfin en tout début de séance, le maire a produit deux communications, la première annonçant le lancement, au mois de septembre, d'une vaste concertation sur le devenir de la place des Cordeliers, que Jean-Pierre Bosquet, non sans pertinence, souhaite élargir au vrai centre d'Auxerre selon les normes urbanistiques actuelles, à savoir les rives de l'Yonne.

Cette concertation le maire veut qu'elle s'adresse à tous les Auxerrois ( il n'a pas digéré l'échec de l'aménagament de la place de l'Arquebuse, projet qu'il a choisi de retirer pour tenir compte de l'opposition de la population ). Place donc à la concertation tous azimut ce qu'il n'avait pas fait pour le projet Arquebuse. Les conseils de quartiers seront sollicités et consultés. Des groupes de travail thématiques (parkings, commerce, animations, urbanisme, développement durable, déplacements...), seront constitués élargis aux citoyens, idem pour un groupe de suivi et un comité de pilotage des élus et des fonctionnaires. Bref la totale. Pour faire remonter les projets et les idées.
Le maire souhaite aussi engager la presse institutionnelle ( Auxerre magazine et la revue de la Communauté d'agglomération) mais aussi la presse locale, en tant qu'actrice.

Le tempo pourrait être le suivant : septembre 2016 - automne 2017, vaste concertation. Automne 2017 - automne 2018, élaboration du projet mené par les services de la Ville. Fin 2018, validation du projet retenu et proposé en conseil municipal.
Le chef de l'opposition Guillaume Larrivé a donné acte à Guy Férez de la consultation, tout en élargissant la place des Cordeliers à celle de la place du Général-Leclerc qui lui était chère dans son programme électoral. Mais il lui a demandé quelle était l'enveloppe prévue pour ce projet qui avait besoin d'être cadré, en termes d'autorisations de programmes et de crédits de paiement envisagés à l'horizon 2019.
 
Guy Férez a répondu que ces éléments budgétaires dépendaient de la nature du projet qui sera retenu.
 
 
Un moment d'humanité
 
 
Ce conseil municipal qui fleurait le printemps, fut difficile. Pour toutes et tous.
 
Ces élus, à quelque bord qu'ils appartiennent, ont bien du mérite et du courage.
Ils semblent tous impuissants face à la crise de la société, la crise économique, la réduction des moyens, à commencer par ceux qui aparaissent comme les plus forts ou les mieux placés. C'est une ère nouvelle qui se profile.
Tracer une ligne, un chemin, trouver des solutions, semble relever de la quadrature du cercle.
II n'y a pas de solution miracle, non plus que de baguette magique. Il faut faire au mieux. Un pas à la fois. Et avancer.
 
Une note d'espoir vint conclure en forme de couronnement une bien longue séance où d'aucuns eurent l'impression d'avoir perdu leur temps en palabres inutiles, ou hors sujet.
 
Michèle Bourhris, conseillère municipale d'opposition, suppléante du député Guillaume Larrivé, tint à féliciter le maire Guy Férez pour la création d'une classe d'autistes, à la prochaine rentrée, dans le quartier Saint-Siméon. Ce ne sera pas suffisant pour prendre en compte cette réalité certes, sans évoquer celle plus cruelle encore des autistes adultes, livrés aux hôpitaux psychiatriques et aux produites chimiques, par défaut, car là n'est pas leur place.
 
Cette minute d'humanité a illuminé cette séance de printemps du conseil municipal d'Auxerre.
 
 
 
P-J. G.
 
 
 


 
 
 
 
 
Contrat de ville, emploi et charte de laïcité, débat
 



 
 
 
De gauche à droite, Michèle Bourhis, Guillaume Larrivé et Malika Ounès, élus du groupe de l'opposition (DR)