L'Agence régionale de santé a alerté les professionnels de santé et les collectivités territoriales sur le désert médical de l'Yonne.

Le département se situe sous la moyenne nationale (77 médecins pour 100 000 habitants) et sous la moyenne régionale (66 médecins pour 100 000 habitants) avec seulement 58 médecins pour 100 000 habitants.

Un nombre en chute libre depuis 2007 : -20 %. 

Ces statistiques sont calculées en fonction de l'APL : l'Accessibilité Potentielle Localisée, une densité médicale "améliorée" tenant compte de l’offre et de la demande des communes environnantes, du niveau d’activité des médecins en exercice, des besoins de soins des populations, du temps d’accès à un médecin généraliste.

En plus de cette nouvelle mise en lumière, l'ARS a listé une série de mesures pour inciter "les médecins libéraux à exercer dans les territoires manquant de professionnels". Parmi elles : 

  • la formation et l’accueil des étudiants en médecine : à partir du 1er novembre 2017, la possibilité de développer les stages d’internat en médecine de ville et une nouvelle organisation plus générale du troisième cycle des études médicales,
  • les apprentis vont être choyés avec une maison des internes, installée à Avallon avec l’appui de l’ARS courant 2018 et à Joigny courant 2017, 
  • l'amplification des aides à l’installation de nouveaux médecins (des conventions par l’Assurance maladie accordées aux professionnels qui s’installent sur les zones éligibles, des aides du Pacte Territoire Santé, et des aides à l’installation proposées par les collectivités territoriales),
  • la mise en place de la télémédecine qui concernera 50 maisons de santé dans la région,
  • et plus largement, des "projets médicaux territoriaux", développés dans le cadre de groupements hospitaliers de territoire.

 


Ces départements qui deviennent des déserts médicaux : Rouge: baisse de plus de 20% / Orange: baisse de 10 à 20% / Jaune: baisse de 0 à 10% / Gris: stagnation / Vert clair: hausse de 0 à 5% / Vert foncé: hausse de 5 à 10%

 

Désertification médicale

Les médecins libéraux de Bourgogne-Franche-Comté réagissent vivement aux propositions de l'APVF *


Le DR Blondet, Président de l’URPS Médecin Libéral en Bourgogne Franche-Comté (DR)

 

Le 6 octobre, l’Association des Petites Villes de France (APVF *), a présenté ses propo sitions pour lutter contre la désertification médicale, véritable défi d’une démographie médicale en crise.

Le Dr Eric Blondet, Président de l’URPS Médecin Libéral en Bourgogne Franche-Comté réagit : « Même si nous partageons en grande partie le diagnostic produit au sujet de la désertification médicale, nous regrettons une nouvelle fois une approche dogmatique laissant de côté les professionnels de santé, pourtant confrontés quotidiennement à ces réalités. Écoutez ceux qui restent le premier lien de proximité concernant la santé : les médecins libéraux.»

En effet, les propositions reprennent une ligne politique déjà menée depuis plusieurs années avec les résultats que l’on connaît ; le délaissement de territoires entiers n’est pas le fait des médecins, mais de l’État lui-même et des collectivités territoriales : regroupement des gendarmeries, fermeture des bureaux de poste, écoles, entre autres services publics essentiels, insuffisance voire indigence de la couverture de certains territoires par les moyens de communication modernes (internet et couverture 3 ou 4G).

Le regroupement des ressources humaines n’est pas la solution la plus efficace pour maintenir un accès aux soins dans des territoires caractérisés par une population disséminée et vieillissante, alors que les distances et délais de rendez-vous restent les principaux freins.

Le développement de l’ambulatoire suppose également de maintenir une offre de soins de proximité, réactive et disponible. Cela permet une optimisation des durées de séjour à l’hôpital ou en cli - nique, le développement des techniques de récupération rapide après chirurgie, de retour rapide ou voire de maintien au domicile de patients en situation de plus en plus complexe.

Le médecin libéral est garant de cette proximité et un maillon indispensable à la réussite de ces évolutions du système de santé ; il est de fait le plus à même de définir les modalités organisationnelles de son exercice au regard des besoins de ses patients.

La proposition de régulation de l’installation des médecins est considérée par l’URPS comme une atteinte à la liberté d’installation et ne saurait répondre de façon responsable aux enjeux démographiques médicaux à l’heure où :

- un quart des médecins diplômés renoncent à pratiquer leur art,

- moins de 10% des médecins thésés s’installent,

- les périodes de remplacement avant installation s’allongent.

Enfin le développement de la télémédecine est indispensable mais repose sur une offre de services de communication moderne, qui serait à même de lever l’isolement relationnel dont souffrent nombre de professionnels de santé dans les territoires, et qui malheureusement aujourd’hui fait défaut.

« Nous rappelons notre volonté de travailler à construire une offre de soins responsable et pérenne pour l’ensemble de la population de nos territoires. Relever les enjeux démographiques de la désertification médicale passe par un travail sur l’attractivité de notre métier et l’amélioration de nos conditions d’exercice . Les élus de l’URPS Médecins Libéraux de Bourgogne Franche-Comté sont à la disposition des membres de l’APVF pour relever ensemble ces défis.» conclut le Dr Blondet.

*APVF : Association des Petites Villes de France