À gauche Guy Paris et Guy Férez sur l'estrade devant le public salle Vaulabelle comble. Le lancement d'une concertation très planifiée pour un projet qui se distingue par son flou le plus total (DR)

 

 

Du cousu main ... mais y aura-t-il des axes forts, structurants à la sortie, proposés aux Auxerrois pour la place des Cordeliers ?

Non pas trois variantes de scénarios très proches comme pour l'aménagement des quais. LA référence. C'est la nature du projet plus que la méthode, d'ailleurs contestée, qui a justifié le succès populaire de la réalisation de l'ouvrage sur la rive gauche des bords de l'Yonne. Les politiques ayant la tentation de vouloir reproduire un schéma de concertation qui a fonctionné à merveille, au bout du compte, auraient tort de tomber dans l'ornière et trébucher sur le même schéma convenu.

C'est le contexte qui décidera. Et peut-être l'intelligence collective.

Guy Férez le maire d'Auxerre a été echaudé par l'échec du projet d'aménagement de la place de l'Arquebuse. Sous-traité totalement à un opérateur privé, le maire a eu la sagesse de le retirer à  temps, compte tenu des fortes oppositions dans la population. Ce projet a pu séduire mais le bétonnage de ce grand espace vert autour du marché couvert souterrain, comprenant une grande surface au moment où Monoprix se modernisait en ville, et de nombreux logements, étouffait un des rares poumons du coeur de la cité médiévale.

 

Le serpent de mer qui fait flop

 

L'aménagement de la place des Cordeliers est un serpent de mer flop qui revient sur la table depuis les années 70, depuis la destruction du Marché couvert historique décidée par Jean-Pierre Soisson et son équipe, au prétexte que l'édifice menaçait ruine et aurait nécessité des travaux de restauration très coûteux. Depuis, la polémique ne s'est jamais vraiment éteinte d'autant que le nouveau marché couvert enfoui place de l'Arquebuse n'a jamais vraiment convaincu, d'aucuns considérant que ce fut une erreur de l'installer à cet endroit.

Dès le début de son troisième mandat, le maire a tracé la ligne en conseil municipal, du vaste chantier de réflexion qui prendra un mandat, de l'aménagement de la place des Cordeliers dans un contexte douloureux d'une forme d'abandon du centre ville dont d'aucuns considèrent qu'il dépérit : fermeture des commerces, peu d'animations, manque de parkings, évolution des attentes et besoins des consommateurs, gestion trop bureaucratique et on en passe.

Un mandat pour réfléchir, concerter et décider, cela pouvait paraître une manière d'envoyer en touche et de glorifier de manière démesurée, la concertation, l'écoute des citoyens Auxerrois et l'attente de leurs expressions. "Dites-nous ce que vous voulez...si vous le savez. Autrement dit, réfléchissez, montrez-nous que vous avez de la matière grise. Et portons ensemble un projet qui suscite l'adhésion".

 

Vestiges et kiosque à musique avec gradins

 

Certains pouvaient rétorquer que ce sont les citoyens en question qui ont élu les édiles pour réfléchir et traiter ces questions, le citoyen de base n'ayant pas forcément la compétence non plus que le temps pour s'intéresser de près à ce type de projet. Cela s'appelle la démocratie représentative. Elle consiste à déléguer et à faire confiance aux élus du peuple.

En somme un vrai enjeu de démocratie.

Le débat et les échanges ont été dans l'ensemble pacifiques et de bonne tenue, l'autre soir à Vaulabelle.

Guy Férez a expliqué qu'il avait une feuille blanche devant lui et aucun a priori.

Après un historique de la fameuse place, les Auxerrois ont pu voir grâce à un video-projecteur, les différents projets et travaux qui existent dans d'autres villes.

Plusieurs sujets on été abordés, y compris celui du parking souterrain - l'aménagement de la place des Cordeliers étant irrémédiablement corrélé à la question des parkings qui manquent au coeur de la cite. À en croire le maire un parking souterrain aurait sans doute peu de chances de voir le jour compte tenu des vestiges du couvent et du cimetière près de la Tour, qui structurent un sous-sol, riche sur le plan historique. Quant on voit la paralysie du chantier d'aménagement de la zone d'activité d'Appoigny, qui a fait l'objet de plusieurs campagnes de fouilles fructueuses, on peut imaginer des travaux indéfinis place des Cordeliers où les archéologues pourraient s'en donner à coeur joie.

Lors de ce débat il y a eu des interventions de commerçants,  de citoyens qui ont prôné  plutôt une place sans véhicules et d'autres avec véhicules afin entre autres de faciliter la circulation des personnes âgées et des jeunes mamans pour qui s'est fort compliqué aujourd'hui.

De vieilles propositions ont été lancées tels que remettre le marché place des Cordeliers, et réaménager un grand parking place de l'Arquebuse. Ou encore de créer un parking aérien à l'emplacement des bâtiments que cherche à céder les conseil départemental rue de l'Étang St-Vigie.

Une commerçante intervint pour dire qu'un projet d'aménagement de la place des Cordeliers ne pouvait se considérer qu'au travers une réflexion globale sur les développement d'Auxerre, qu'il fallait prendre en compte.

 

Un aveu

 

Guy Férez évoqua donc l'avenir de la cité au travers de trois chantiers de reconquête des friches urbaines qui sont ou seront l'aménagement des terrains jouxtant le rond point de Paris, l'aménagement du port de plaisance rive droite et celui des Montardoins en passant par les silos du Batardeau, vieux dossier.

Kiosque à musique, gradins, pourraient transformer en surface la place des Cordeliers en lieu d'animations et de spectacles, traduisant une autre attente des Auxerrois.

Et quid du financement ? Public-privé ? privé ? Cela dépendra de la nature du projet voire des projets liés. Et peut-être de l'évolution de la législation qui pourrait permette aux villes d'affecter les recettes de parkings à des opérateurs privés en compensation d'investissements sur des projets.

Quelque part, Guy Férez s'est trahi, en suggérant davantage dans l'interview à AUXERRE TV : le maire a indiqué que la ville avait financé les quais et qu'elle était en mesure de faire la même chose avec la place des Cordeliers. Ce qui décrypté, voudrait signifier que l'enveloppe pourrait être de l'ordre de 5 millions d'euros. Soit deux millions de plus que la rénovation des vestiaires du Rugby Club Auxerrois. 

Autrement dit, il ne faut pas s'attendre - dans l'état actuel de la réflexion - à un fort projet structurant mais à un aménagement bien conçu prenant en compte le "minéral et le végétal" cher aux écolos.

Qu'en pensent les élus de l'opposition municipale sagement assis au premier rang de Vaulabelle autour de leur chef de file Guillaume Larrivé ? Tous demeurés étrangement silencieux tout au long de la réunion publique.

La concertation en 2017, des ateliers thématiques, suivis d'une mise en forme par les services de "l'urbanisme dynamique" de la ville et d'un débat en conseil municipal. D'ici 2020, année électorale municipale. On a le temps de voir venir, et bien venir.

 

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