Ainsi donc ce ne sont ni les juges ni les médias qui auront tranché.

C'est le peuple souverain. Le jugement du peuple qu'appelait de ses voeux François Fillon empêtré dans les affaires.

Le verdict est sans appel. Le peuple l'a éliminé.

Il n'y a pas eu de vote caché. Affaibli dès le début par les affaires, méprisant à l'égard de la justice et des citoyens, le candidat du parti Les Républicains qui a battu Sarkozy puis Juppé à plate couture, s'est entêté au delà de la raison et de la décence, allez savoir pourquoi.

Et cela n'a rien à voir avec le courage ou la stature d'un homme d'État. Le courage, la stature, la dignité, c'eût été de passer le relais dès le début à Alain Juppé qui, à un moment donné, le moment opportun, était prêt à assumer.

François Fillon pour qui la victoire était promise en janvier, était au centre et à la tête d'un appareil politique LR qui s'est laissé enfermer dans une stratégie de laisser-faire délétère qui était vouée à l'échec. Lâcheté ? Tous sauf exception, ont baissé les bras, courbé l'échine, Guillaume Larrivé y compris, comme un godillot, qui aujourd'hui, avec un sale air de mauvais perdant, flingue Macron. Parce qu'il est plus jeune que lui et devrait être élu à la présidence de la République ? À qui profite le crime de cette autodestruction ? Attendons de voir ce qui va se passer chez les dépossédés de l'alternance.

La droite républicaine ne pouvait pas perdre. Or elle a perdu sèchement. Pour la première fois de son histoire elle ne sera pas présente au second tour de l'élection présidentielle qui a aussi acté la décomposition d'une gauche divisée et en miettes de longue date. Un désastre historique.

Ce premier tour consacre aussi un tassement du FN qui, s'il est parvenu de peu au second tour, apparaît affaibli en regard de son ambition de vouloir gouverner. Cela ne semble pas être pour demain. À aucun moment de la campagne Marine Le Pen n'aura réussi à regagner les voix perdues en cours de route, un FN largement concurrencé sur ses points dits forts par d'autres candidats.

Reste le dynamiteur Emmanuel Macron qui aura réussi à parler à l'oreille des Français et peut-être aussi à leurs coeurs. Un jeune homme de 39 ans va probablement diriger la France même si rien n'est joué. Comme autrefois John Kennedy ou plus proche, Tony Blair. En tout cas, le second tour fera forcément l'histoire en installant à l’Elysée le plus jeune président de la Ve République ou la première femme présidente. Une faible participation, alors que de nombreux électeurs ne se reconnaîtraient  dans aucun des deux candidats, favoriserait la candidate du FN.

Cela fait longtemps que les Français en ont marre des partis et des politiques partisanes et politiciennes corrompues. Cette fois, ils ont trouvé l'ouverture à la faveur de la candidature de Macron qui se veut transpartisan. Et bingo ça a marché. Ce n'est pas rien.

La perspective d'un président centriste dans un cadre électoral de scrutin majoritaire à deux tours qui favorise le bipartisme et élimine les différences, peut paraître contradictoire et pour le moins paradoxal.

Macron veut rassembler, renouveler le personnel politique et la vie politique. Certains n'ont pas encore tout bien compris.

Ça viendra peut-être avec le temps. Il faut l'espérer.

 

Pierre-Jules GAYE