C'est quand même assez extraordinaire ces mouvements préfectoraux que la République banalise du haut de sa splendeur. Il faudrait peut-être expliquer les motivations, et dire pourquoi tel ou tel s'en va là ou là. Et quel en est le sens. Depuis 2008, cinq préfets ont défilé dans le plus beau bureau préfectoral de France qui surplombe l'Yonne dans l'ancien évêché.

Jean-Christophe Moraud, que l'on aime bien, et d'autant plus qu'il est mal aimé par la plupart des élus dans l'Yonne du fait d'une forme de brutalité prêtée et de sa réputation de  donneur de leçon, devait être nommé préfet des Charentes Maritimes. Au dernier moment, l'affaire a capoté.

Plus largement, personne n'ignorait que le président du département André Villiers, souhaitait, de longue date, le départ du préfet. Les deux s'en sont mis plein les yeux ne se faisant aucun cadeau, dès le début de leur idylle. Ce qui ne les empêchait pas de se respecter.

Les relations entre les deux hommes n'étaient pas conflictuelles. Simplement, elles n'existaient pas. Deux mondes les séparaient. L'univers de l'État, l'univers de la ruralité et de la vraie vie.

Plusieurs dossiers ont opposé les deux hommes sur le fond.

- La vision de la loi NOTRe et son application.

- Le couvre-feu à Sens dans le quartier des Champlaisants, le seul et unique couvre-feu en France.

- Le dossier Yonne Équipement et la suspicion de budget départemental insincère, qui a profondément blessé André Villiers, le paysan de Pierre-Perthuis.

- La fermeture du collège Bienvenu-Martin à Auxerre, seul collège en zone ZEP, au motif principal de rationalisation de la gestion des effectifs des collèges où existent des places disponibles.

Jean-Christophe Moraud à en croire nos confrères du journal local estime que sa nomination dans le Vaucluse, en Avignon, est une belle promotion. Surprenant. Pourquoi ce besoin de commenter ? Chacun peut se faire son opinion. Et qu'est-ce qu'un belle promotion, dites-nous ?

Finalement, c'est un aveu. Il s'est fait virer et le supporte mal. Il espérait les Charentes-Maritimes. Il a eu le Vaucluse. Conclusion : au ministère de l'Intérieur, on ne savait pas où l'envoyer. Il y a des préfets qui posent question et font problème parfois.

Or Jean-Christophe Moraud mérite mieux que cette hypothèse.

Ce Breton du bout du monde en Finistère, Brestois, est certes un combattant, un bagarreur mais il est et fut avant tout un défenseur de l'État et de la République dans l'Yonne.

Certes il a sa manière de présenter les choses qui ne plaisait pas forcément à tout le monde. Mais il était présent, fidèle au poste. Il a fait avancer les regroupements communaux et intercommunaux. Il a initié des comportements coopératifs dans un département où chacun joue pour soi. C'est un homme capable d'une grande qualité d'écoute et un analyste-historien hors pair.

Il s'en va, ainsi va la vie, et puisse-t-il danser sur le pont d'Avignon où il va retrouver l'ancien directeur de la Banque de France dans l'Yonne, Raoult. Pour de nouvelles aventures.

Celles et ceux qui espéraient mieux, pourraient être déçus.

Le nouveau préfet de l'Yonne, Fabrice Latron, est un militaire hyper formé à l'anti-terrorisme. Dernier fait d'armes : il a déployé une armada impressionnante de militaires, à l'automne dernier, pour assiéger une église à Paris.

C'était une fausse alerte, fondée sur une rumeur. C'est un autre député, le LR Guillaume Larrivé, qui va être content !


Pierre-Jules GAYE