L'entrée unique du camp de Jaulges à 14 km de Saint-Florentin, qui couvre 42 hectares en surface et en sous-sols des galeries techniques (et non des souterrains) où étaient entreposés munitions et explosifs. Le camp appartient à l'État. Ici, un projet d'implantation d'une entreprise champignonnière couve depuis deux ans

 

  

Sylvain Chevron, chef du Pôle prévention des exclusions et d'insertion sociale à la préfecture de l'Yonne répond aux questions d'Auxerre TV

 

 

 

L’Yonne possède trois centres d’accueil et d’orientation (C.A.O) pour les migrants.

L’un à VILLEBLEVIN d’une capacité de 55 places, un autre à AUXERRE à la résidence Jean Mermoz de 50 places et à JAULGES où actuellement résident provisoirement environ 130 migrants, d’origine Africaine (Soudan, Erythrée) et Afghane.

La construction de ce site militaire d’environ 42 hectares date des années 1930.

En octobre 2016, quatre bâtiments ont été réhabilités, rénovés  et aménagés pour que l’accueil dans l’urgence des migrants soit digne dans cet emplacement.

Ces personnes qui ont du quitter leur pays pour diverses raisons (misère, guerre) sont hébergées dans des conditions correctes, afin de leur permettre d’effectuer les démarches de demande d’asile.

À JAULGES, sous l’égide de la Croix Rouge, l’organisme de gestion et grâce à l’action de bénévoles des cours d’alphabétisation sont prodigués.

Le jeudi 23 novembre 2017 par l’ intermédiaire de deux intervenants départementaux de la Sécurité routière une sensibilisation a été organisée sur les dangers de la circulation routière ( gilet fluorescent, vélo avec l’équipement adéquate et légal…).

Cette intervention  pour Alain Lagarenne, maire de la commune de JAULGES, est primordiale, car il s’ inquiète des problèmes de sécurité lors des déplacements des résidants qui empruntent les routes à pied en solo ou en groupe et à vélo.

Les automobilistes roulent assez vite sur ces chaussées et les migrants ne sont pas toujours disciplinés, attentifs et vigilants par rapport aux dangers auxquels ils peuvent être confrontés.

Ce site relativement enclavé en bordure de la forêt d’Othe n’est pas des plus chaleureux et propice pour accueillir des migrants. Mais néanmoins ceux-ci n’ont aucune interdiction d’aller et venir par le portail d’ entrée qui est grand ouvert.

«  C’est un espace de liberté, mais ce qui gêne particulièrement les habitants de ce lieu c’est d’être isolés de tout. Mais on fait le maximum de ce que l’on peut avec les moyens que l’on a à notre disposition. Suivant les besoins, des navettes pas forcément régulières et des navettes grâce au concours des travailleurs sociaux, sont organisées quand ils doivent se rendre à SAINT FLORENTIN, JAULGES … pour faire des démarches administratives. » souligne François Barraud de la Croix Rouge.

«  Dans cette enceinte il n’y a pas de terrain de sport mais il y a des espaces  qui permettent d’aménager des terrains de jeux pour pratiquer des activités sportives ( football , volley…). Les installations sportives de la commune de JAULGES (terrains de pétanque, foot et city stade) sont aussi à leur disposition renchérit le Maire de JAULGES.

Comme le précise Sylvain Chevron , représentant du Préfet, « tout est perfectible dans l’absolu, mais il a fallu faire vite et bien face à ce drame humanitaire de mise à l’abri avec accompagnement social, administratif et sanitaire ».


Le cas particulier des mineurs étrangers seuls

 

Dans le Monde du 1er décembre 2017, le secrétaire général de  l'Assemblée des Départements de France (ADF),  Pierre Manzoni, déclare concernant les 25.000 mineurs étrangers arrivés seuls en France en 2017 : "ce sujet est devenu prioritaire pour tous les départements. Au-delà  de l'effort financier qui avoisine désormais le milliard d'euros (sur 7.5 milliards de dépenses sociales) nos services sont embolisés".
"Sentant l'indignation monter, le Premier ministre Édouard Philippe, a promis une réforme pour le printemps 2018 et a commandé pour mi-décembre des propositions à un groupe de travail, mais pas d'associations."  

Il a précisé le 24 novembre 2017, que l'Etat "assumera l'accueil de ces jeunes " jusqu'à ce que la minorité soit confirmée" et rappelait que "132 millions d'euros" déjà prévus sous François Hollande, ont été ajoutés au budget 2018.
Le Conseil d'Etat a légitimé l'existence des Caomie (centre d’accueil et d’orientation pour mineurs isolés étrangers) le 8 novembre, pour les mineurs étrangers, ouverts en urgence par l'État lors du démantèlement de la "jungle" de Calais.

Mais comme l'écrit Maryline Baumard journaliste au Monde , en conclusion, "pendant que se dessinent des politiques plus dissuasives, les mineurs étrangers, eux, quittent leur famille de plus en plus jeunes pour multiplier leurs chances d'entrer dans les canons européens de l'accueil." 

(pour info en 2015 la Suède a accueilli 35.369 mineurs isolés en 2015 soit 20% des 160.000 demandeurs d'asile arrivés cette année-là avant qu'elle ne ferme ses frontières en  janvier 2016).

Quant aux étrangers majeurs présents sans papiers en France souhaitant  effectuer une demande d'asile, personne ne sait leur nombre réel...

 

José MACHADO

 

 

INSTANTANÉS

 

 

Des jeunes migrants quittent le camp pour aller faire leurs emplettes à Pontigny, Saint-Florentin, à vélo, à pied ou en navette si d'aventure il y en a une. Aucun ne parle français. Un parle anglais

 

On se croise dans les couloirs

 

La cuisine où les migrants préparent leur repas

 

 

La  salle de vie équipée d'une télévision

 

Des chambres de quatre pour la plupart

 

 Le camp est vaste et les allées nombreuses

 

 La salle est vide la journée car les migrants sont en promenade ou font leurs emplettes

 

Les vélos un moyen de transport

 

 

François Barraud sur le pont

 

Alain Lagarenne connait bien son affaire : maire de Jaulges, il fut directeur du camp militaire dans les années 90. Il couvrait 42 hectares en surface ainsi que des galeries techniques souterraines. Seuls les veilleurs résidaient au camp de munitions et explosifs où travaillaient plus de 350 personnes

 

François Barraud Croix-Rouge de l'Yonne gestionnaire du camp militaire qui appartient à l'État

 

 

À SUIVRE MARDI ET MERCREDI DEUX NOUVELLES VIDEOS // Le camp autrefois et son origine, un cas de tuberculose, les déplacements, le coût annuel du fonctionnement du camp 1,186 000 euros, les produits frais qui alimentent le camp, deux caméras bidons qui ne fonctionnent plus HS

 

 

 

Point de vue

Tout est perfectible certes

 

L'enquête de Buzzfeld   a légitimement interpellé dans un contexte difficile et problématique où les fake news, les approximations et les faits réels entrent parfois en collision et sont sources de formes de désinformation.

Cette enquête est essentiellement fondée sur deux témoignages de migrants en fuite, officiellement, n'ayant pas voulu rejoindre le pays où ils ont débarqué en Europe (clause Dublin). Ce qu'ils décrivent est leur vécu, leur ressenti et leur appréciation.

Comme l'a expliqué l'auteur de l'enquête, Théo Englebert, au-delà des conditions matérielles de vie et de l'isolement ressenti au camp de Jaulges en pleine nature, ces deux migrants se sentent trahis.

De Calais à Paris puis à Jaulges en centre d'accueil et d'orientation, ils se sont retrouvés à Appoigny avec une feuille de route visée par la préfecture, direction pays de débarquement. Alors qu'ils avaient compris qu'en venant au camp de Jaulges, ils obtiendraient le droit d'asile au terme des procédures administratives. Ils se sont donc enfuis et sont officiellement, aux yeux de l'administration, des migrants en fuite.

Le fond est là. Pour le reste, c'est affaire d'appréciation. Objectivement, après avoir pu visiter les installations et filmer, les conditions de vie au camp paraissent tout à fait normales et correctes. Au-delà, on observe que la République fait son travail en instillant les valeurs nécessaires et utiles au vivre ensemble dans la concorde, telle l'égalité homme-femme. Et en développant des cours d'alphabétisation et des séances de sécurité routière.

L'engagement bénévole fort d'hommes et de femmes citoyens responsables, à l'image des représentants de la Croix-Rouge et de la commune de Jaulges, constitue dans le département de l'Yonne un atout non négligeable.

Certes tout est perfectible.

 

P-J. G.