On vous invite et on vous presse de lire le projet de plan dont nous vous donnons le lien en ligne. Il vous reste ensuite à télécharger les diverses parties. Puis d'en prendre connaissance.

Une chose est claire : comme il est incompréhensible, il ne risque pas d'entraîner des mobilisations de foules.  On y trouve des concepts multiples dans un langage abscon de technocrates ainsi que des néologismes qui par définition échappent à l'entendement chacun pouvant les définir comme il le pressent.

Alors il vous reste la possibilité, si vous êtes motivé et concerné, de vous adresser à des médecins par exemple ou à d'autres polytechniciens ou technocrates pour déchiffrage et décryptage.

Nous l'avons fait et nous n'en savons pas davantage car eux non plus ne comprennent pas. Or ce projet de plan vient d'être soumis à la consultation publique prévue par le décret n°2016-1023 du 26 juillet 2016, à un certain nombre de partenaires de l'Agence Régionale de Santé, dirigée par M. Pribille, un polytechnicien qui reporte directement à la ministre de la Santé.

Cela dit, on a enquêté et voici ce que nous pouvons dire des répercussions du projet de plan, s'il reste en l'état, dans l'Yonne notamment.

Ce n'est qu'un exemple, un angle de vue, et peut-être même un bout de la lorgnette. Mais nous ne résistons pas à en faire part à nos internautes qui sont aussi des citoyens.

Pour rappel, les centres hospitaliers d'Auxerre,d'Avallon,de Clamecy, du Tonnerrois et la Maison Départementale de Retraite de l'Yonne font partie du GCS sud de l'Yonne et haut Nivernais, créé en 2008. Des services de soins proches de chez vous.

Qu’est-ce qu’un GCS ?   C’est le cadre légal privilégié de la coopération hospitalière destiné à faciliter la recomposition de l’offre de soins, à améliorer ou à développer l'activité de ses membres, à préserver ou restaurer l’équilibre financier de chaque établissement. Il est censé permettre de développer des projets communs, de gérer des équipements communs et de réaliser des interventions communes de personnels.
 
 
 
Capture d'écran sur le site officiel

 

 

Le schéma régional des urgences prévoit des restructurations importantes qui concernent surtout l'Yonne. Il est posé comme principe que les SAU qui n'effectuent pas 11 500  passages seront convertis en centre de consultation (fermeture des urgences la nuit)

Il ressort de ce PRS que trois services des urgences du GCS devraient être rayés de la carte, autrement dit fermés à terme : Tonnerre, Clamecy et la Polyclinique Ste Marguerite d'Auxerre. Seuls Auxerre et Avallon (la collectivité investit dans un héliport aux normes) seraient maintenus.

 

L'Yonne enfant pauvre

 

Les Smur de proximité risquent de devenir des antennes dépendant d'un centre, d'un autre centre hospitalier, et les personnels médecins compris seraient appelés à travailler dans tous les hôpitaux du groupement interhospitalier.

Les 5 structures urgentistes actuelles totalisent 72 000 urgences adultes par an. Il faudra les ventiler ... mais les humains sont enracinés à des territoires et ne sont pas amovibles comme des pions.

Le choix de cette restructuration est dû au manque cruel de médecins urgentistes et à l'application des 39 heures payées, sans temps additionnel.

À titre d'exemple, il en a coûté 3,7 millions par an de faire appel aux médecins intérimaires qui sont payés 1 500 euros la journée. Il manque au total 30 médecins dont 15 urgentistes, sur un effectif de 170 à l'hôpital d'Auxerre. Il manque des médecins spécialistes en gastro entérologie, en pneumologie, en neurologie (plus personne) en oncologie, sans évoquer les soins palliatifs pourtant un vrai sujet de société qui devient aigü.

Il manquait 9 millions dans les caisses l'année dernière, et 3 millions l'année d'avant. Pour pallier ces déficits, des économies doivent être réalisées. Elles le seront sur les personnels médicaux. C'est la spirale : en sous-effectifs, la qualité des soins baissera. Or c'est exactement le contraire qu'affiche rechercher le PRS. Question : pourquoi le CH d'Auxerre ne parvient-il pas à recruter des médecins ? Ceux qui ont accès à la plateforme des internes à Dijon trouveront des élements de réponses, car les commentaires ne manquent pas.

Pour information, le taux de médecins généralistes dans l'Yonne est de 12,5 pour 10 000 habitants. En Bourgogne Franche-Comté il est de 14,6%.

Le taux de médecins spécialistes dans l'Yonne est de 10,1 % pour 10 000 habitants. Il est de 14,9 en Bourgogne Franche-Comté. Même la Nièvre est mieux lotie que l'Yonne dans ce domaine puisque le taux de médecins spécialistes est de 11,4 %.

Il est difficile de se positionner face à ce PRS. Chacun se défend, son territoire, son service, ses intérêts. Difficile de faire front et de nouer des solidarités de territoire, plus larges.

Le PRS ne va pas au bout de la démarche en précisant des actions concrètes. De quoi ont peur leurs concepteurs ? Si les actions sont bonnes et justifiées, il n'y a pas à avoir peur.

L'État annonce la baisse de la limitation de vitesse à 80 km/heure sur les routes secondaires. Au moins c'est clair.

En attendant, quid du principe d'égalité des citoyens devant les secours ...?

 

Pierre-Jules GAYE

 

 

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LE PROJET RÉGIONAL DE SANTÉ 2018-2022 ICI

 

3 mois pour formuler un avis

Le PRS est soumis pour avis à la Conférence régionale de la santé et de l’autonomie (CRSA), aux Conseils départementaux de la citoyenneté et de l’autonomie (CDCA), à la Préfète de région, aux collectivités territoriales et au Conseil de surveillance de l’agence entre le 5 février et le 6 mai 2018.

Un avis rendu par une collectivité territoriale est une délibération et non un simple avis du maire ou du président de la collectivité. 

En parallèle, les huit Conseils territoriaux de santé (CTS) sont également sollicités entre le 5 février et le 20 mars 2018 pour donner un avis complémentaire au regard des spécificités de leurs territoires.

Le délai pour rendre l’avis est donc de trois mois. A défaut d’avis émis dans ce délai, l’avis est réputé rendu.

Le PRS sera arrêté par le directeur général de l’ARS et publié courant juin 2018 après examen de ces différents avis.

Vous pouvez télécharger les différents documents composant le PRS 2 ainsi qu'un diaporama de présentation du PRS2 dans sa version proposé pour la consultation réglementaire.