ECONOMIE
L'aéroport bridé d'Auxerre-Branches qui n'y coupe pas
le mercredi 18 avril 2018, 10:43 - ECONOMIE - Lien permanent
La direction de la sécurité de l'aviation civile a imposé des restrictions supplémentaires à Branches interdisant les avions qui à pleine charge, ont besoin de plus de 1 200 (des 1 600 mètres de la piste entièrement refaite voilà deux ans 1, 6 millions). Cela oblige les avions de business affaires à se poser à Orléans ou Troyes et remet en question les efforts des collectivités territoriales propriétaires (agglomération, conseil départemental et région) pour développer un tourisme d'affaires et l'économie d'un département rural. Le 27 avril, une table ronde aura lieu à la préfecture rassemblant toutes les parties prenantes pour tenter de démêler une situation compliquée. Des parties de forêt sont à supprimer dans le "nouveau" plan de servitude aéronautique qui devaient déjà l'être en 1979 ... On tourne en rond
Vu comme ça, les arbres ne semblent pas poser de problème pour atterrir ou décoller (DR)
L'avion du patron de la Brioche Dorée dont l'usine est à Bassou se pose depuis plus d'un mois à Orléans. Il ne peut plus se poser à Auxerre-Branches. Idem pour nombre d'autres chefs d'entreprise à l'image de Berner. Et les joueurs de l'AJA sont obligés désormais de se déplacer en car.
Il paraît loin le temps où la reine mère d'Angleterre atterrissait dans un gros avion à Branches. Et où s'envolaient à Amsterdam, Milan ou Madrid les charters de supporters à bord de Boeings 737, lors des aventures européennes de l'AJA ! Pourtant le début des années 1990 n'est pas si loin, lorsque François Mitterrand atterrissait sur le plateau au milieu des bois de Branches pour rencontrer Helmuth Kohl à Vézelay, après avoir monopolisé une cabine téléphonique publique pendant trois quarts d'heure. Et récemment Nicolas Sarkozy dans un avion du GLAM, un Falcon 900. Sans parler de James Zhou l'actionnaire principal de l'AJA en approche directe de Shangaï.
Deux faits expliquent ces restrictions supplémentaires. D'abord des infractions à la règlementation (*) d'avions décollant et atterrissant la nuit. Autrefois c'était possible d'autant que l'aéroport est équipé d'éclairages automatiques que déclenchent les pilotes lorsqu'ils arrivent nuitamment.
Ensuite, les restrictions supplémentaires, très récentes, empêche les avions ayant besoin, à charge maximum, de plus de 1 200 m de piste, de décoller, ce qui exclut un certain type d'aéronefs.
La raison en serait le non respect du plan de servitude (plan de servitude aéronautique) qui prévoit de couper des arbres et d'en étêter, en bordure de la piste de part et d'autre ainsi qu'aux extrémités de la piste. En effet la réglementation évolue ainsi que les normes de sécurité.
Dans cette hypothèse, pourquoi la direction de la sécurité de l'aviation civile n'a-t-elle pas pris ces mesures plus tôt ...?
En effet le plan de servitude en question date de 1979. Il a été approuvé mais n'a jamais été appliqué, même s'il reste opposable aux tiers. Ce plan est d'ailleurs devenu obsolète en 2007, lorsque la réglementation a changé qui requiert semble-t-il, un nouveau plan. Lequel implique une enquête publique qui n'a pas été réalisée.
Revoilà le plan de déforestation
Il est remarquable d'observer que les nouvelles dispositions du futur nouveau plan de servitude prévoit la suppression de parties de forêts qui étaient déjà prévues dans le plan de servitude de 1979. Démonstration flagrante que le premier plan n'a pas été appliqué. Pourquoi ?
Autrefois des tolérances laxistes existaient et certaines étaient devenues la règle ou plus exactement l'usage. Couper des arbres rebutaient les riverains nombreux, propriétaires, dont certains ont un rapport sacré à leur bout de terre, un rapport souvent irrationnel fondé sur le droit de propriété. Lorsqu'il s'est agi de vouloir réunir les propriétaires à Charbuy ce fut le tollé général, répété. Il y avait le feu. On en resta là, même si le maire Gérard Delille, aujourd'hui président du syndicat des collectivités propriétaire de l'aérodrome, a oeuvré discrètement et longtemps, auprès de propriétaires pour faire avancer les choses et les idées.
Le préfet Christophe Moraud, un Breton du Finistère (donc forcément sympathique) ancien troisième ligne de rugby, a pris, lui, le dossier à bras-le-corps et a enjoint d'abattre les arbres visés par le plan.
Pendant une période, sachant le dossier sensible, il a guetté, tous les matins, la constitution d'une ZAD (zone armée de défense) annoncée sur Charbuy, Branches et Appoigny. Et puis un jour, du jour au lendemain, il n'a plus été question d'abattre ni de couper quoique ce soit. Le préfet Moraud n'a plus voulu en entendre parler. Mystère ?
Espace protégé
Non. Il se trouve que l'aérodrome est situé, pour partie, dans l'espace patrimonial Natura 2 000 protégé par l'Europe, qui protège de nombreuses espèces dont des rares, y compris les grenouilles vertes qui ont du mal à se reproduire en raison de la pollution par le plomb de l'eau au niveau du ru de la Biche (**) du fait du déversement intempestif de résidus notamment du goudron, de chantiers d'entrepreneurs du bâtiment, pendant des années.
Le ministère de l'Intérieur saisi par l'Europe a fait passer le message utile. On ne touche pas à Natura 2 000.
Cependant, en parfaite infraction avec le plan de servitude de 1979, l'ONF (office national des forêts) que préside Jean-Yves Caullet maire d'Avallon, a planté dans la zone de servitude des chênes rouges en abondance, à forte croissance pouvant monter jusqu'à 25 mètres de haut. De même, à l'époque assez récente où le gestionnaire était la CCIY, des clôtures ont été dressées en infraction en bordure de piste pour protéger des terrains de l'envahissement des sangliers qui prolifèrent dans l'Yonne et saccagent les cultures. Elles auraient été règlementaires si elles avaient été frangibles.
Que l'on sache, aucun représentant de l'Europe n'est prévu à la table ronde de concertation, le 27 avril à la préfecture d'Auxerre. C'est normal car ce type de terrain d'aviation local ne relève pas de la compétence de l'EASA (Europe).
Alors, bis repetita, les mêmes causes produisant les mêmes effets ... ?
Chacun devra balayer devant sa porte y compris la DSAC (direction de la sécurité de l'aviation civile) qui est capable de "s'adapter" à nombre de situations particulières, comme par exemple à Nice ou à Pointe-à-Pitre où les arbres sont à moins de 89 mètres ce qui n'empêche pas les gros avions de se poser toutes les cinq minutes, en toute illégalité.
À Auxerre-Branches, les arbres se situent à 165 mètres de l'axe de la piste.
Pierre-Jules GAYE
________________________
(*) La note de la direction sécurité de l'aviation civile Nord-Est, département surveillance et régulation mentionne que des : " Mesures de renforcement des restrictions à Auxerre-Branches ont été publiées afin de simplifier la compréhension des Notam". (de l'humour au second degré pour ceux qui ne distingueraient pas le jour de la nuit)
(**) Landes et tourbière du bois de la Biche (zone spéciale de conservation)
_______________
En savoir plus
Le 3 mai 2006, l'avion des footballeurs Marseillais se pose à Branches (DR)
_______________________
Puisque vous êtes là .... nous avons une faveur à vous demander. Les lecteurs d'Auxerre Tv sont de plus en plus nombreux, mais nous n'avons pas de revenus publicitaires ni subventions. Et contrairement à certains éditeurs nous n'avons pas créé une formule d'abonnement parce que nous voulons conserver notre formule aussi ouverte que possible. Vous pouvez donc vous rendre compte pourquoi nous avons besoin de vous demander votre aide. L'indépendance d'Auxerre TV et sa part de journalisme d'investigation prend beaucoup de temps, d'argent et de dur labeur pour produire les articles illustrés. Nous le faisons parce que nous croyons que notre ligne éditoriale importe et est peut-être importante pour vous aussi.
Si chacun, qui lit nos reportages et les apprécie, aide à les financer, notre avenir sera beaucoup plus sécurisé. Pour aussi peu que 5 euros, vous pouvez promouvoir Auxerre TV et cela ne prend qu'une minute. Apportez une contribution - Le staff d'Auxerre TV
__________________________
Commentaires
Si dans l'Auxerrois, c'est l'imbroglio dans tous les gros dossiers, le Maire d'AUXERRE, n'a qu'une part de responsabilité dans celui de l'aéroport et bien malin l'élu qui comprendra en totalité la gestion, le financement et la règlementation de celui-ci. Madame la Maire de Branches, n'est pas coupable lorsqu'on préserve comme on peut la nature, et que des dérogations le permet.
Orléans, Auxerre par l' autoroute, c'est rapide et pas si loin quant on vient de Chine!
Cet imbroglio à un nom connu, il s'appelle " le mille feuilles administratif" et les élus en joue habilement quant il faut botter en touche. Ceci dit d'autres projets sont dans l'imbroglio que souvent WEB TV , tente de nous expliquer.
Pami les plus connus, la déviation d'Augy via le contournement sud, d'Auxerre.
L'électrivfication de Laroche-Auxerre, ou dans l'indifférence des élus des millions d'euros risquent d'être perdus alors que la Région les a inscits pour le déparrtement au plan état région 2015-2020.
Les 27 km du tronçon véloroute" tour de Bourgogne", redémarré à Champs/Yonne en 2018, après plus de 10 ans sans "pédalier" à faire du surplace, mais dans l'opacité totale sur le tracé, modifié sans consultation puplique..
Mais restons zen, à la fin des réunions les petits fours font tourner l'économie locale.
Il ressort de tout ceci que la cle du probleme se trouve dans le retablissement de l'ILS.
QuestionsPourquoi le syndicat ne retablit-il pas le systeme? Les collectivites ont-elles interet a cette installation? En ont elles les moyens?
L'idee que le "tourisme d'affaires" puisse servir au developpement de l'Auxerrois semble audacieuse.
Reste la question de la creation d'un aeroport international. Mais alors la question depasse l'interet local et il y a de la concurrence.
Je crois que FEREZ aurait pu chanter "SA PLANE POUR MOI"
Président,
vous utilisez des termes impropres, permettez-moi de vous apprendre que l'on ne parle pas d'entrée et de sortie de piste mais de trouée d'envol et de trouée d'approche.
Quelques imprécisions: la piste mesure 1650 mètres et non 1600.
Vous siégez au syndicat, vous prenez la parole concernant l'aérodrome mais visiblement vous avez de grosses lacunes en réglementation aéronautique.
Une relecture de ce qu'est réellement un plan de servitudes aéronautiques (son élaboration, son approbation et son application) pourrait vous être fort utile.
L’exposé de Mr Férez explique en grande partie le problème de cet aérodrome…
Méconnaissance totale du monde aéronautique de la part de la totalité des élus locaux.
Le plan de servitude aéronautique de 1979 est toujours en vigueur, opposable aux tiers, mais non applicable car non conforme à la réglementation qui a été modifiée en 2007.
Un nouveau plan a été étudié mais malheureusement basé sur une approche ILS (ILS démantelé depuis plusieurs années). Ce plan n’est qu’une étude avortée.
Fort intéressant d’apprendre que Madame Clouzeau, maire de Branches et l’ONF vont assister à cette réunion !
Espérons que la DSAC leur signifiera leur infraction pour avoir planté des chênes rouges, sur la commune de Branches, dans la zone des servitudes aéronautiques.
Quant aux durcissements des restrictions, ce n’est qu’une « punition déguisée » au gestionnaire, peu scrupuleux, de l’aérodrome (la société EDEIS) pour avoir enfreint délibérément la réglementation.
On cherche l'accusé... À qui, à quoi sert cette infrastructure, concrètement combien d'investissement pour qui ? Combien paye l'aja, Berner ? Peut-on en savoir un peu plus mise à part les dix notables passagers sur le réel besoin d'un aérodrome au regard du coût réel par habitant ? Les retombées économiques sont ou seront lesquelles ? Alors oui si l'investissement est nécessaire pour un vrai développement " rural " mais alors qui en a la charge de cette approche...
Yonne ? pauvre département..des projets qui datent ...et qui ne se concrétisent pas.......quelle belle vitrine pour les investisseurs ( parc Appoigny)?