Si la finale de la Coupe du Monde de football atteint les sommets de jeu et d'émotions partagées du tournoi de tennis de Wimbledon, alors, des milliards de téléspectateurs vont vivre un grand moment de sport et d'exploits humains.

26-24 dans le cinquième set après plus de six heures de jeu d'un niveau exceptionnel, a envoyé le Sud Africain Anderson en finale. La grande classe cet homme, humble et peu disant juste après son match contre l'Américain Isner un géant de 2,08 m, tout aussi élégant et discret. Un combat de titans entre deux hommes qui se connaissent et se respectent. Voilà qui change des effluves réactionnelles surjouées et des débordements d'autres sportifs meurtris par le sort contraire et surtout par leur insuffisance et suffisance.

Le bol d'air frais a soufflé en rafales lorsque Raphaël Nadal et Novak Djokovic les frères ennemis, ont pris la suite sur la pelouse sacrée de ce grand tournoi du grand chelem. Un match en deux actes dans le temple sacré à couvert, d'un bout à l'autre. Djokovic a confirmé son retour au plus haut niveau dans les prolongations d'un cinquième set dont on s'est demandé s'il n'allait pas tutoyer les jeux au-delà de vingt. Un match d'un niveau jamais égalé semble-t-il et des échanges d'une qualité et d'une longueur infinies.

Quel duel, quels champions. Le Rod Laver de légende a apprécié.

La finale Anderson-Djokovic aura lieu juste avant la finale France-Croatie par un beau dimanche après-midi français.

Indécises, palpitantes, quelle sera la trame, de quels ingrédients seront-elles composées ?

Nul ne peut le dire.

Si la défense dicte ses lois à la guerre (Clausewitz), la bataille sera prometteuse. En effet, n'aura-t-on vu la France attaquer vraiment qu'une fois dans ce Mondial. Après avoir été menée par l'Argentine, avec bonheur. Et puis, comme le soulignait l'ami Joêl le jour de la Saint Joël, les Croates laissent des espaces.

Puisse la grâce d'un week end de feu et de joies, inonder les coeurs et les esprits. Même si la victoire, cette imposture comme la défaite (Kipling), ne changera pas la société et ne réduira pas - aussi belle soit-elle - les inégalités et injustices de ce bas monde planétaire. Vallée de larmes.

Elle distillerait juste une once de rêve, momentané. Une beauté furtive.

 

Pierre-Jules GAYE