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SOCIETE

Champignelles est-elle condamnée à perdre à l'avenir

Cela fait plusieurs années que l'École vétérinaire de Champignelles, antenne de Maison Alfort, est menacée de fermeture. Le couperet annoncé en juin, est tombé juridiquement, lors du conseil d'administration à Maison-Alfort, ce jeudi après-midi. Une décision qui est lourde de conséquences selon la théorie des dominos : le CFA (centre de formation des apprentis) antenne de Venoy La Brosse pourrait suivre dans le cadre de la réforme de l'apprentissage

 

Mise à jour

16h30 : Le conseil d'administration de Maison Alfort a acté la fermeture de l'antenne vétérinaire de Champignelles à compter du mois de septembre 2020, sauf si repreneur

 

 

 

 

L'annexe de l'école vétérinaire de Maison Alfort à Champignelles en Puisaye risque de fermer définitivement. Elle existe depuis quarante ans et a toujours bien fonctionné. Elle compte 10 emplois salariés, une directrice et accueille, chaque année, pendant 28 semaines ,de 200 à 400 étudiants. De futurs vétérinaires qui descendent de Paris pour asseoir leurs compétences théoriques dans la réalité pratique du monde agricole. Une salle d'autopsie permet la recherche et une ferme d'exploitaiton développe des produits du terroir, en activité annexe d'ouverture.

Le conseil d'administration de l'École Vétérinaire de Maison Alfort où la puissance publique du ministère de l'Agriculture est largement représentée, devrait sauf surprise de taille, confirmer, ce jeudi après-midi, la fermeture annoncée au mois de juin, contre toute attente.

Alors que le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll avait indiqué qu'il n'y avait aucune raison de fermer l'antenne de Champignelles, son successeur Stéphane Travers avait, suite à un rapport de la direction générale de l'enseignement agricole, proposé la fermeture  de Champignelles en transférant l'activité à Goussainville dans l'Eure en Normandie, autre antenne de Maison Alfort. On voit mal Didier Guillaume le nouveau ministre faire machine arrière, à peine installé au gouvernement.

Seul l'aspect comptable semblerait motiver la relocalisation de l'antenne de Champignelles en Normandie, dont le déficit annuel structurel serait de l'ordre de 300 000 à 400 000 euros, dans le cadre d'une décision éminemment politique, non liée à l'administration ou à l'économie.

Car la décision a été prise en juin lors d'un conseil d'administration. Il reste à confirmer cette décision et à établir les modalités d'application.

Selon nos sources, la fermeture proprement dite n'interviendrait que dans deux ou trois ans et le patrimoine reviendrait à la collectivité.

C'est la Région Bourgogne qui a financé les derniers investissements en bâtiment. On peut se demander si la région a envisagé de couvrir au moins en partie le déficit structurel, l'État pouvant combler la différence. Il semblerait que non.

Un constat purement comptable déterminerait donc une politique de déménagement du territoire avec des conséquences sans doute non mesurées de manière précise.

 

 Un comité de pilotage divisé

 

Si l'antenne de Champignelles est déménagée, d'autres départs et fermetures pourraient suivre. Et d'abord le centre de formation des apprentis qui va souffrir. Ils sont au nombre d'une centaine, dans les diverses branches de l'activité agricole. En effet il est légitime de s'interroger sur les conséquences de la loi réformant l'apprentissage. Les régions n'auront plus la main qui assuraient des subventions d'équilibre. Ce sont les professions qui décideraient et gèreraient, bref, des entreprises dont la vocation n'est pas d'assurer des subventions d'équilibre pour le bien commun.

Quels impacts sur le village de 1 200 habitants et alentour ?  Au moment où l'on prétend vouloir maintenir les activités en milieu rural. Discours schizophrénique dont la synthèse est hasardeuse et survient rarement.

Mais direz-vous qu'ont fait les acteurs locaux élus du territoire ?

Ils subissent comme tout le monde.

Animés des meilleures intentions combatives, le secrétaire d'État ancien sénateur y compris, ils ont constitué un comité de pilotage. Mais se sont divisés d'entrée sur l'appréciation stratégique à adopter.

André Villiers et Guillaume Larrivé optant pour une stratégie politique dès lors qu'il s'agissait d'une décision éminemment politique tandis que Jean-Baptiste Lemoyne, Dominique Vérien et Jean-Philippe Saulnier-Arrighi optaient pour une stratégie réaliste et constructive. À savoir acter la décision prise et préparer l'avenir en formulant des propositions alternatives de reconversion en remettant les choses à plat.

Des prises de bec ont eu lieu notamment entre André Villiers le plus féroce et inflexible et Jean-Baptiste Lemoyne qui rétorqua qu'il n'avait pas de leçon à recevoir d'un ancien président du conseil départemental qui a voulu fermer unilatéralement le collège Bienvenu-Martin classé en Zep et a fermé IDEA, le laboratoire vétérinaire du Département. En clôture des Entretiens de Champignelles un pugilat verbal a montré les divergences profondes entre politiques locaux. Et il y a quelques jours au conseil régional de BFC à propos de l'avenir de Champignelles, les saillies verbales de J-P. Saulner-Arrighi le matin, semblent avoir eu le plus mauvais des effets d'autant que l'élu poyaudin était absent, l'après-midi, au moment de la délibération.

 

Les mairies derniers bastions républicains

 

Il reste que le comité de pilotage aura peut-être pesé en coulisses, mais rien n'est moins sûr. Car rien n'a transpiré au plus haut niveau qui puisse laisser accroire à une issue favorable pour Champignelles. La prose du député Larrivé qui a commis un livre assassin sur le président de la République n'a pas du arranger l'affaire. Une faute politique.

Cela montre aussi l'impuissance des élus et la faible capacité financière et d'ingénérie des collectivités pour trouver des solutions dans ce département rural touché de plein fouet par les mutations sociétales et économiques.

Force est de constater, au-delà cet épisode, le déclin amorcé en Puisaye en 2005 avec le départ d'un curé dans le sud du pays. Une série de services publics ont suivi comme une gendarmerie. Aujourd'hui l'antenne vétérinaire de Champignelles est menacée de fermeture. Demain le CFA ? Et après demain un ou deux des trois sites du collège de Puisaye ? Et puis quoi encore ? Et pourquoi pas, quitte à anticiper prévoir le futur centre administratif de la Communauté de communes de Puisaye-Forterre dans les bâtiments de Champignelles, en outre beaucoup plus central, plutôt qu'investir 2,5 millions et plus à St-Fargeau ? Cela éviterait une augmentation de la pression fiscale inévitable et rendrait plus digérable la construction d'une piscine couverte à Toucy.

Hervé Le Bras, géographe, fidèle des Entretiens d'Auxerre vient d'établir une carte des gilets jaunes. Elle ne correspond ni aux poches FN non plus qu'à la France périphérique décrite en 2008 par Guily. Cette carte est celle des zones rurales défavorisées en voie d'abandon avec des populations qui s'efforcent de survivre.

Les mairies sont devenues les derniers bastions républicains, qui s'échinent à sauvegarder l'essentiel en se substituant au service public par la multiplication des services d'accueil. Ultime stade d'une dégringolade.

 

Pierre-Jules GAYE

 

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Un domaine de 37 hectares

 

Quatre principes sont à la base du centre d’application de Champignelles, un domaine de 37 ha associé à une exploitation agricole de 86 ha à Champignelles.

Hélène Benoit-Valiergue la directrice les résume ainsi : « Il s’agit d’assoir l’enseignement sur l’intégration au milieu rural en étant dans la réalité de l’activité agricole. L’interactivité, au coeur de notre pédagogie qu’on pourrait dire à l’anglo-saxone, permet de motiver les élèves. Outre la vision d’une exploitation comme un système d’élevage à long terme, nous travaillons sur le bien-être animal et sa domestication. »

Des troupeaux de bovins et ovins, une maison de l'étudiant et un centre de formation constituent un lieu rare. Chacun peut suivre une formation très personnalisée, par petits groupes.

Le centre compte huit emplois à temps partiel (en plus des cinq fonctionnaires) ce qui porte à 13 l'effectif. Il forme près de 400 étudiants en moyenne et analyse jusqu’à 200 grands animaux dans sa salle d’autopsie par an.

 

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Le communiqué du conseil d'administration de l'École vétérinaire de Maison Alfort

 

 

##       16h30 La délibération de l'ENVA

Le conseil d’administration de l’EnvA décide qu’à compter de la rentrée universitaire de septembre 2020, les activités jusqu’alors développées sur le site de Champignelles, le seront à partir du site de Maisons-Alfort.

En conséquence, l’EnvA se dessaisira du domaine et de sa gestion.

Le conseil d’administration recommande qu’un accompagnement personnalisé soit mis en place dès à présent pour chaque agent impacté.

Il a ajouté un voeu :

Le CA souhaite que le site soit repris par un ou des acteurs publics avec ses composantes à savoir, l’hébergement, les salles d’enseignement, l’autopsie, et que ce ou ces repreneurs permettent à l’école de pouvoir continuer à utiliser le site et ses installations, et y développer ses activités avec le réseau de la région.

Concernant les agents impactés, il demande que l’accompagnement personnalisé porte notamment sur l’aide à leur reclassement et à leur mobilité, au-delà de l’arrêté de restructuration, et sur les formations nécessaires à leur reconversion.

Commentaires

1. Le vendredi 23 novembre 2018, 22:34 par joss

Le site de Champignelles a été toujours maintenu malgré un coût absolument conséquent par JP Soisson qui a toujours voulu qu'on ne touche pas à celui-ci,étant sa "rente" territoriale électorale. M De Raincourt ,avec la droite du CG , M Drouhin ou M Morisset en proue, a fait de même au niveau du Conseil général, suivi par ses successeurs pour maintenir cette école vétérinaire en même qu'elle assurait la survie du CFA (qui a toujours peiné à recruter des apprentis ,aujourd'hui environ 60 à 70) pour faire en sorte que la Puisaye reste leur "chasse gardée" électorale.La région a même subventionné depuis des dizaines d'années ce CFA à hauteur de 100000 euros par an(ce qu'elle ne peut plus faire en 2019,excusez du peu en laissant environ un déficit de 50000 E au LEGTA La Brosse chaque année ,à charge pour lui de l'intégrer dans son budget,le privant donc d'investissements nécessaires.Ce site a toujours été un VRAI gouffre financier et il est plus que temps de le fermer! Le CFA , avec sa dizaine de formateurs,va être "rapatrié "au LEGTA La Brosse ou au CFFPA compte tenu des nouveaux textes macroniens sur l'apprentissage en 2019 mais surtout pour éviter cette gabegie depuis les années 80 sachant qu' il va désormais manquer des salles de classe sur le site de La Brosse à VENOY! Qui va régler ce nouveau problème? Une nouvelle fois,aucune anticipation n'a été faite par nos élus et les institutions vont encore une fois se trouver à court... Quelle triste gestion des deniers publics par ces élus icaunais toujours soucieux de défendre "leurs" territoires pour être réélus mais qui ont toujours fait ou font fi des déficits annuels plaçant le département dans les derniers français quant à sa dette,l'entraînant un jour,si rien ne change avec M Gendraud , à être mis en tutelle par l'Etat et géré par le Préfet.Honte à eux et à ceux qui ont soutenu ce stratagème!

2. Le vendredi 23 novembre 2018, 08:56 par BB

Je partage l'analyse de Jacques

3. Le jeudi 22 novembre 2018, 15:10 par Jacques Millereau

Voilà qui justifie les actions organisées par les gilets jaunes quand on lit pareille nouvelle. Une fois de plus, pour un motif économique, un territoire rural se voit privé d'un secteur d'activité, ce qui accentuera encore d'avantage le sentiment d'abandon.
La situation financière de l’école vétérinaire de Maisons Alfort sera améliorée au détriment de celle des habitants et de cela, le pouvoir s'en moque royalement.

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