Abbaye Saint-Germain, Auxerre (DR)

 



"Au terme de cette opération de fouilles diagnostic, on rend un rapport. Ce rapport sera analysé par le service régional de l'archéologie qui va déterminer s'il peut y avoir une fouille", explique Alexandre Burgevin.  En fonction des résultats de l'opération menée par l'INRAP, ce sera à l'aménageur de décider s'il compte poursuivre son projet de réaménagement de la place ST-Germain ou non. Des fouilles archéologiques plus avancées pourraient donc être réalisées, ce qui pourrait repousser le projet de réaménagement de la place Saint Germain d'Auxerre (DR)

Mise au jour du mur du couloir de circulation (M.M.)


 

 

Des ossements de sépultures laissent apparaître les fondations d'un cimetière médiéval.

Un sarcophage, du Vème ou VIIème siècle a été présenté à une délégation de la Ville d'Auxerre, mercredi.

A l'intérieur du sarcophage : un minimum de deux individus retrouvés.

Ce tableau s'achève par la découverte importante et primordiale d'un niveau de circulation attenant à une galerie ou encore appelée « Couloir de circulation ».

Les vestiges archéologiques attestent de plusieurs niveaux d'occupations avec des traces de bâtiments sur poteaux découverts dans l'un des sondages.

Le site archéologique place Saint-Germain a été l'objet de quatre sondages répartis en trois sondages sur la place du parking Saint-Germain et le quatrième dans l'enceinte du lycée côté entrée.
Or, dans le sondage n°2, on trouve un niveau de circulation constitué de pierres enfoncées dans le sol.

«  Potentiellement, ce niveau de circulation part d'un autre niveau extérieur puisqu'on le retrouve probablement au cœur du sondage n°1 » explique Alexandre Burgevin, le responsable des opérations de l'Inrap (Institut National de la Recherche Archéologique Préventive).
Toutefois, il est à constater que ce nouveau « niveau de circulation » a été perturbé par différents aménagements successifs.
Rappelons aussi que les éléments trouvés concernant le cimetière médiéval peuvent être mis en corrélation avec des fouilles archéologiques ayant eu lieu dans les années 90 dans ce même périmètre urbain.

« La découverte donc d'un cimetière ou d'un nouveau lieu de sépultures constitué d'ossements n'est pas véritablement une surprise » nous confie A. Burgevin.
Par ailleurs, le témoignage  d'un ancien chef de chantier dans le cadre de la restauration patrimoniale d'une maison qui appartient au Centre Hospitalier d'Auxerre, rue Cochois, amène à comprendre des liens de continuité quand à penser et émettre l'hypothèse que ce cimetière se trouvait ou en tout cas dans un positionnement proche de l'édifice de l'abbaye Saint-Germain.
«  Ce site archéologique est plus interessant que celui de la place des Cordeliers dans le sens où nous
avons des niveaux en place, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas été remaniés 
» explique A.Burgevin et de confirmer, « ce que nous trouvons est normal mais plus dense que prévu ».

Nous savons également, à la lumière des écrits ou textes approuvés par les historiens que Saint-Germain était à sa fondation par l'évêque d'Auxerre Germain, un simple oratoire au milieu du Vème siècle.
Ce monastère conduit son évolution au fil du Moyen-Âge des liens avec la société qui l'entoure.

Ce même bâtiment se transforme, s'adapte et se structure au gré d'autres évolutions et à partir des relations que la sphère religieuse entretient en permanence avec la société de son temps.
Enjeu de pouvoir temporel et spirituel, le monastère fait figure pour ses fidèles d'un intercésseur et qui confient leurs âmes à la prière du réseau monastique ou de ses moines.
Ce « niveau de circulation » serait à englober voire à intégrer à ce que la communauté archéologique nomme le terme de « Couloir de circulation ».
Soulignons que les cryptes de l'Abbaye Saint-Germain ont essentiellement subsisté sans trop de dommages, exception faite de la partie septentrionale.
Elles se composaient comme une galerie. Au centre de sa composition, renommée le « Saint des saints », « la confession » (ou conditorium), destinée à accueillir le corps du confesseur. C'est une petite basilique à trois nefs qui se développe d'est en ouest.

Du côté occidental, une assise soulevée de trois marches où était exposé le tombeau de Saint-Germain.
A l'extérieur du massif central qui enserre cette confession, une galerie, appelée par les archéologues « Couloir de circulation », permet de contourner toute la confession. Ce couloir dessert, dans sa branche sud, deux oratoires dédiés à Saint-Martin et Saint-Laurent.

La branche nord, desservait deux autres oratoires placés sous l'invocation de Saint-Benoît et de Saint-Etienne.

Ce niveau de circulation est le véritable enjeu de cette fouille de diagnostic dans la perspective d'apporter de nouveaux éclairages riches et intenses avec des ossements de sépultures, d'un cimetière très probablement médiéval,
un sarcophage avec deux individus retrouvés et dont la datation pourrait remonter au Vième ou VIIème siècle, selon les informations recueillies auprès du responsable des opérations archéologiques sur le site de Saint-Germain.

Enfin, osons penser, en conclusion, que les archéologues auront mis sur pied un nouvel épisode de séquence chronologique de ce vaste édifice, avec, et pourquoi pas, des avancées futures pour explorer, franchir et traverser ce « couloir de circulation », allant de la renaissance carolingienne jusqu'au haut moyen-âge, en évitant les affres de la grande terreur de la Révolution de 1789, pour enfin revenir à la source de Saint-Germain qui demeure un haut lieu de prestige du patrimoine culturel, spirituel et esthétique de la ville d'Auxerre.




Merouan MOKADDEM

 

 

 

 

 

 

 

DIX ANS DE RECHERCHE
CHRONOLOGIE DES FOUILLES À ST-GERMAIN
 
 
 
 
 
e projet d'installation d'un ascenseur dans la chaufferie de l'abbaye à la jonction entre le cloître et l'abbatiale est l'occasion de vérifier en 1986 la présence de structures et de niveaux archéologiquement en place alors que s'élabore le programme de recherche.

L'étude archéologique commence en avril 1987 par un sondage préliminaire au sud-est de la cour d'accès au musée afin d'évaluer l'importance des vestiges conservés de l'avant-nef.

1989-1991 marquent le véritable démarrage des fouilles avec trois campagnes de 4 et 5 mois de recherches dans l'avant-nef. La présence d'une conciergerie moderne au sud de la cour entravait la compréhension de l'intégralité de cet espace ecclésial.

Sa démolition obtenue en juin 1995 relance l'examen archéologique de ce secteur jusqu'en 1997.
Entre temps des campagnes de fouilles sont menées sur d'autres parties du site abbatial en fonction des opportunités : sondages au sud de l'abbatiale à la demande de l'architecte des Monuments historiques (1992), fouille du cloître où des réseaux d'assainissement devaient être posés et de la chapelle Saint-Pierre dans le
transept nord de l'église (1993), fouilles de la Confession (1994). En 1998 enfin sont examinées les substructions de la rotonde des cryptes.