Arnaud Montoux à une cérémonie de bénédiction du bourru en l'église Saint-Pierre à Auxerre

 

 

Arnaud Montoux est l'auteur d'un livre-thèse « Réordonner le cosmos ».

Docteur en théologie, sa thèse est articulée autour de l'œuvre de Jean Scot Érigène, œuvre théologique majeure du Moyen- Âge. Elle fait renaître de façon plastique la vie avec toutes ses facettes de ces soldats et ambassadeurs de l'Église qu'étaient les moines de Cluny, tout en donnant des clefs d'une lecture cosmogonique de l'iconographie clunisienne.

Arnaud Montoux est un cherchant et aucun aspect de la vie et de la réalité ne semblent le désintéresser. Il a été adopté d'emblée par les fidèles à Auxerre et bien au-delà. Sa jeunesse, son ouverture aux autres, sa connaissance des hommes et de la nature sont des atouts dans un monde univers complexe et difficile où chacun s'isole de plus en plus un peu par la force des choses et de cette vie qui leur est faite.

L'homme a dans le regard une forme de brèche ouverte et aimantée par le grand large.

Ce n'est pas un hasard si son refuge hivernal (de préférence), pour se ressourcer, est l'île d'Ouessant, île sauvage, peu peuplée, où le vent bat et rebat les flancs des côtes larguées en pleine mer océan au large de Brest le bout du Finistère, du latin finis terrae littéralement la fin de la terre, le bout de la terre, comme autrefois Gibraltar l'était pour les Grecs. Et la porte de l'enfer d'Hadès au fond du fameux rocher.

L’imaginaire et la réalité jouent à cache-cache : paysages majestueux, spectaculaires tempêtes hivernales, les hautes falaises ciselées par l’océan disant la puissance des éléments. "Ouessant, c’est choc de l’isolement et de la rencontre, de  l’enracinement et de l’ouverture au monde, de la soumission aux éléments et de l’indomptable esprit de liberté qui a forgé cette île de marins, mais surtout « île aux femmes ». Imaginaire et réalité que semble particulièrement apprécier l'Abbé Montoux.

Ouessant, le début du nouveau monde. Forcément.

 

La voie de la connaissance intime

 

Des forces et de l'inspiration qu'il a puisées au sein des nourritures de la poétesse Marie-Noêl et des éléments bruts de l'île d'Ouessant, le théologien et enseignant passeur, veut transmettre et partager.

C'est le sens profond de son implication et son engagement dans le livre qu'il publie sur Marie Noël la méconnue et mal connue donc mal éditée.

Ce n'est donc pas seulement un simple ouvrage savant de plus. Fut-il composé de contributions riches, très diverses et de regards particuliers dont celui de Mgr Hervé Giraud archevêque-évêque de Sens-Auxerre qui livre une pierre sensible intitulée "De sang et d'âme : le Christ de Marie-Noël". Marie Noël qui se dit "suiveuse du Christ" et n'aime pas Dieu avec qui elle s'ennuie mais lui demande de la regarder en passant.

Sur la poétesse, théologienne (?) suggère un contributeur, l'Auxerroise, la croyante, possédée la famille, par la foi, l'amour, le doute, mais aussi par le mal, la révolte et l'incompréhension.

C'est la raison pour laquelle il doit être lu et relu pour celui qui veut approcher et comprendre l'écrivain et la catholique dans un contexte janséniste qui caractérise l'Yonne au fil des siècles.

Ce livre est un outil d'ouverture et de cheminement vers la spiritualité par excellence, qu'elle soit chrétienne ou pas, laïque, symbolique ou autre.

C'est une voie de l'effort vers la connaissance, personnelle, qui sommes-nous ?, qu'est ce que la condition humaine ? où allons-nous et pourquoi ?, d'où venons-nous ?

Cette voie, et pourquoi pas cette voix, ces voix, pour celles et ceux qui croient l'entendre ou l'entendent en la produisant eux-mêmes, est universelle. Elle nous concerne tous, sans exception.

 

Pierre-Jules GAYE

 

 

 

 

« Vous voilà, mon Dieu. Vous me cherchiez ? Que me voulez-vous? Je n'ai rien à vous donner. »

Cette courte citation de Marie Noël, née à Auxerre en 1883 et décédée en 1967 dans cette même ville, dit tout de la quête spirituelle en clair-obscur d'une femme et écrivain de premier plan.

Plus de cinquante ans après sa mort, son oeuvre est redécouverte, tout à la fois poétique et méditative comme Les Chants de la Merci, Le Rosaire des joies, les Notes intimes, mais aussi ses correspondances comme celle avec l'abbé Mugnier.

Marquée tout au long de sa vie par une grande fragilité qui sera la terre fertile de son art et de son témoignage humain et chrétien, blessée par le deuil et le malheur, elle se révèle comme un poète « grand feu », dont les textes ne sauraient être enfermés dans l'univers confessionnel.

Dirigé par Arnaud Montoux, prêtre du diocèse d'Auxerre et enseignant à l'Institut catholique de Paris, cet ensemble de contributions permet de découvrir toute la mesure de l'oeuvre à travers une pluralité de regards alors que s'ouvre le procès en béatification de Marie Noël.

(4 ème de couverture aux éditions Salvator du livre Vous voilà mon Dieu, sous la direction d'Arnaud Montoux).

 

Quelques mots commentés

 

La rencontre du Mal

" Car j'étais, ô mon Dieu, malgré ces mains honnêtes

- Et vous le savez bien - sont ces deux mains en paix

J'étais, je suis - j'ai honte et je baisse la tête -

Le mal désespéré que je n'ai jamais fait"

Les travaux théologiques manquent aujourd'hui, pour dire la pertinence de cette conviction chrétienne du "péché originel".

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Mauriac écrit dans la NRF " Je suis romancier, je suis catholique, c'est là qu'est le conflit ". En créant des personnages, en ayant la main sur eux, le romancier ne manque-t-il pas à l'humilité qui sied au croyant ? Ne se prend-il pas pour Dieu ? " Péché d'orgueil donc et plus généralement crainte du péché. Julien Green écrira dans les années 40 : " Peut-on plonger dans le monde du péché comme le fait le romancier, et n'en pas recevoir quelque atteinte ?" Et Sartre en 1947 écrit un texte ravageur concluant que l'écrvain catholique est nécessairement idéologique. On doit lui dédaigner toute valeur littéraire.

Dans une note de 1936, Marie Noël se souvient de trois choses qu'elle avait demandé à Dieu à 15 ans (ce qui est assez extraordinaire en soir) : "Beaucoup souffrir (il me le donna), être poète, (il me le donna je l'ai à moitié perdu) être sainte...(Il me le donna je l'ai perdu)".

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Un texte de correspondances à l'Abbé Mugnier intitulé "Ténèbres"  La poète écrit : " Je ne détruirai pas mes Ténèbres,  dangereuses pour les croyants, elles pourront être bonnes à quelques autres ...". Marie Noël s'adresse au Christ (à ne pas confondre avec Dieu !) Elle doute de sa présence mais lui parle. Elle évoque un arrêt de sa foi.

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La paroissienne, la liturgie cathédrale, la cathédrale non pas celle de la grand place pour les grandes cérémonies, mais celle de tous les jours dans laquelle on entrait par le côté. La cathédrale son premier lieu ami.

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Le confort figé du doute installé